La publication ATLAS

Un socle pour l’analyse historique des villes tardo-antiques

L’atlas numérique met à disposition un ensemble de données qui permet pour la première fois de décrire des villes de l’Antiquité tardive en se fondant sur les éléments constitutifs de leur urbanisme et de leur structure sociale. Ainsi crée-t-on une base solide et évolutive pour tenter de définir la ville de l’Antiquité tardive, rompant par là même avec l’habituelle, mais stérile, comparaison avec la ville classique de l’époque impériale. On considère par ailleurs la ville comme s’inscrivant dans une « microrégion », c’est-à-dire que l’on ne met pas, comme à l’accoutumée, l’accent sur la seule civitas, mais sur la ville et sur un espace vécu défini, dont l’ampleur doit être déterminé en fonction de chaque cas d’étude. Ainsi est-il possible d’appréhender le lien entre la ville et son territoire en termes de fonctionnalité, et de procéder à des analyses de réseaux d’origine différente.

© Proyecto Tolmo de Minateda (UA-UCLM)
© Proyecto Tolmo de Minateda (UA-UCLM)

La valorisation de dix « histoires urbaines » tardo-antiques apportera une contribution fondamentale à un nouveau récit de l’Antiquité tardive en Occident. Car si l’on voit dans la réunion et la révision des sources écrite et matérielle réalisées par ATLAS la possibilité d’écrire une histoire urbaine qui renonce délibérément à des périodisations traditionnelles fondées sur l’histoire politique (l’invasion des barbari, la conquête byzantine, la fin de l’Empire romain d’Occident, etc.), on obtient assurément un tout autre rythme formé sur la propre évolution de la cité. Il convient dans un premier temps de l’examiner afin de pouvoir ensuite voir dans quelle mesure les phases « formatrices » et « non formatrices » se distinguent dans l’histoire urbaine de part et d’autre du détroit de Gibraltar.

De toute évidence, comme en témoignent les études les plus récentes portant sur l’époque impériale, il y a une nette différence temporelle en ce qui concerne le « boom de la construction urbaine (urban boom) » (Hobson 2015) : tandis que dans les provinces hispaniques l’apogée de la construction de villes se situe entre le milieu du Ier siècle et le premier tiers du IIe siècle p.C., dans les provinces nord-africaines celui-ci a lieu aux époques antonine et sévère. Ce décalage, bien documenté pour le Haut-Empire, existe-t-il pour l’Antiquité tardive?

© Chemtou (C. Touirhi, INP)
© Chemtou (C. Touirhi, INP)

Enfin, la question se pose de savoir dans quelle mesure le postulat de la recherche actuelle, affirmant que la continuité a globalement dominé entre 300 et 800, peut être maintenu au regard de la documentation disponible. L’établissement du christianisme est-il vraiment le seul changement structurel que l’on peut observer au cours de l’année 500 ? Les études de cas peuvent donc apporter une contribution fondamentale aux questions de la recherche sur l’Antiquité tardive et le début du Moyen Âge qui font actuellement débat

Les études de cas réunies dans cette synthèse apporteront des données précises et significatives pour faire avancer les débats et les conclusions qui touchent actuellement la recherche sur l’Antiquité tardive et le Haut Moyen Âge. À cela s’ajoutera la visualisation des évolutions historiques sous forme de cartes, obtenues grâce à la base de données historiques et géoréférencées qui permettra cartographier les changements et les continuités observées dans les territoires étudiés.

Responsables: S. Panzram, L. Brassous // Participants: T. Amraoui, J. Arce, S. Gutiérrez Lloret, A. Leone, E. Rocca