Un réseau de villes dans l’Antiquité tardive
À la suite des réformes administratives engagées par Dioclétien, l’ancien réseau de villes datant de l’époque augustéenne, partiellement fondé sur des statuts juridiques différents, change car ces statuts semblent nivelés, celui de capitale de province et de chef-lieu de conventus perd de son importance, et ce même si l’historiographie postule le plus souvent son maintien, faute d’alternatives. C’est cette thèse qui doit être soumise à une révision fondamentale. Est-ce que pendant la période examinée ici ces catégories juridiques étaient encore décisives ? Et si c’était le cas, pour qui le furent-elles ? Pour l’empereur, l’évêque de Rome, les Visigoths ou Byzance ? Et si ce n’était pas le cas, quels critères sont venus supplanter le statut juridique ou quels critères ont existé en dehors lui ? Au fil de la christianisation sont venues s’ajouter des villes investies d’une importance accrue en raison de mérites décisifs sur le plan de l’eschatologie, car leurs martyrs opéraient comme des saints patrons. Selon Prudence, Tarragone avait « tres coronae » mais Caesaraugusta était en mesure de présenter 18 martyrs (Perist. 6; 8).
Le citoyen en tant que membre de sa communauté
Le citoyen d’une ville de l’Antiquité tardive devait probablement et uniquement se concevoir comme chrétien et sentir une forte appartenance à sa communauté civique, contrairement au citoyen d’une ville romaine du début de l’époque impériale qui se concevait qui plus est comme membre d’un collège, d’une communauté culturelle, etc. : cette évolution soulève des questions d’une portée considérable. Dispose-t-on d’indices témoignant de la formation de réseaux de villes à caractère religieux ? Ceux-ci se sont-ils établis parallèlement aux réseaux traditionnels de nature juridique, venant même les remplacer sur le long terme ? Les villes entrent-elles en concurrence ou est-ce plutôt une solidarité horizontale qui a prédominé ? Existe-il en outre d’autres réseaux de villes ? Sur quelle base se sont-ils constitués?
Les réseaux commerciaux
Il faut également admettre qu’il existe des réseaux commerciaux dans lesquels la péninsule Ibérique est intégrée qui concerne non seulement l’espace méditerranéen occidental mais également au-delà : la présence d’amphores provenant de la partie orientale de la Méditerranée est encore attestée au VIIe siècle à Reccopolis. Quelle valeur peut-on accorder à ce constat ? L’analyse qui découle de ces problématiques doit renseigner sur le lien existant entre les villes dans les deux régions et sur la longue durée, dans des configurations politiques différentes.
Responsables: A. Leone, L. Brassous // Participantes: R. Ghaddhab, R. Olmo López