Juste avant la fin de 2020, Sabine directrice d’Atlas et du centre RomanIslam, ainsi que notre postdoc Pieter ont eu l’opportunité de présenter lors du colloque de l’Africa Romana (16-18 décembre), une présentation fruit d’une collaboration entre le RomanIslam et ATLAS. À l’été, le postdoc RomanIslam et membre d’ATLAS Stefan Ardeleanu a proposé de faire équipe et de proposer une présentation pour la conférence Africa Romana sur la période Julio-claudienne. Même si le thème est un peu éloigné de notre chère Antiquité tardive, nous étions sûrs que nos travaux antérieurs sur la période Julio-Claudienne seraient utiles. Nous avons donc rédigé avec succès une proposition de communication pour étudier la diffusion du culte impérial en Afrique à l’époque julio-claudienne.
L’émergence du culte impérial en Afrique du Nord : matérialité, acteurs, contextes spatiaux
Dès le départ, il était clair que Sabine et Pieter feraient une présentation à Sbeïtla et que celle-ci serait faite en français. Nous devions donc préparer un article à présenter en décembre. Stefan Ardeleanu comme expert sur l’Afrique du Nord, il a pris la tête de l’écriture du texte, Sabine et Pieter ont ajouté leurs idées tout au long du processus. À la fin, nous avons eu un texte présentant les évidences archéologique, épigraphique et numismatique, intégrés dans quelques cartes. Le 15 décembre, notre voyage à Sbeïtla a commencé. Certes, nous l’avons rendu un peu plus difficile que nécessaire… Pour notre propre commodité, nous avons pris un vol arrivant en fin d’après-midi à Tunis. Cependant, on ne peut pas simplement marcher jusqu’à Sbeïtla, ni même prendre les transports publics. Heureusement, nos collègues de l’INP nous ont organisé un trajet jusqu’à Sbeïtla. Après un long trajet, nous sommes arrivés juste avant minuit à l’hôtel de Sbeïtla.
Après une bonne nuit et un petit-déjeuner délicieux, nous étions rafraîchis et enthousiastes à propos de la conférence. L’événement a eu lieu dans le même hôtel, ce qui a facilité les déplacements, comme vous le verrez. L’ouverture, elle-même, a pris toute la première partie de la matinée. Après la pause-café (avec encore de délicieuses sucreries tunisiennes !), nous pensions que la première présentation était prévue. Pas à l’Africa Romana ! Nous avons eu droit à la musique de joueur d’oud Mehrez Abidi, qui avait écrit de nouveaux morceaux combinant les styles de musique folklorique sarde et tunisienne. Après cet intermède musical ou peut-être le morceau de clôture de l’ouverture, les premières présentations ont commencé. Après les premières présentations, nous avions déjà une bonne idée de la richesse de la conférence en termes de recherches (épigraphiques !) et d’idées nouvelles. Même si le thème Julio-Claudien était chronologiquement éloigné du nôtre, plusieurs présentations nous ont donné de nouvelles idées sur le développement précoce des provinces et sa relation avec l’urbanisme dans l’Antiquité tardive.
Le long temps réservé pour le déjeuneur a offert à Sabine et Pieter l’opportunité de s’asseoir ensemble et d’essayer notre présentation. Comme nous ne voulions pas déranger les autres participants, nous sommes allés dans nos chambres adjacentes et nous avons réalisé que nous pouvions travailler depuis nos propres balcons avec une vue sur Sufetula, la Sbeïtla romaine.
Après être revenus à temps pour la présentation de notre membre d’ATLAS, Rubén, nous avons ensuite terminé notre présentation et sommes retournés à la salle de conférence. Toute la journée nous a donné amplement le temps de discuter avec de vieux amis et de nous en faire de nouveaux. Le dîner a ajouté un ton culinaire à d’autres occasions de discussions et d’entretiens. Le fait que des chercheurs de Tunisie, d’Algérie, d’Italie, de France, d’Espagne et d’Allemagne (des pays ont certainement été oubliés) se réunissent fait de l’Africa Romana un lieu intéressant pour échanger des idées en jetant un pont entre les différents discours, souvent délimités par des frontières nationales ou linguistiques. La frontière la plus évidente est linguistique ; à chaque réunion, nous devons d’abord déterminer quelle langue est commune aux membres. Sans surprise, le plus souvent, c’est le français qui est utilisé, d’où notre présentation en français. Cependant, nous avons parlé plus souvent espagnol que nous ne l’aurions pensé avant aller à Sbeïtla.
Le lendemain matin, nous étions tous excités et prêts à partir ! Nous avons pris un petit déjeuner matinal et sommes allés faire imprimer nos textes en français. Nous sommes allés voir l’hôte des étudiants sardes qui assistaient à la conférence dans la petite salle administrative. Comme si nous étions dans un sketch, nous avons dû dire ce que nous voulions à l’étudiant numéro un assis en face de la table avec l’imprimante. L’étudiant nous a ensuite envoyés à une autre table, quelques pas plus loin, mais aussi plus loin de l’imprimante. Après avoir énoncé notre objectif, nous avons été guidés vers l’imprimante. Avec les textes encore chauds de l’imprimante, nous sommes allés dans la sala piccola (nous avons compris que les débutants de l’Africa Romana ne vont pas dans la grande salle 😉 ). Juste après la pause-café, c’était notre tour de présenter. Heureusement, plusieurs personnes ont abordé le culte impérial dans leurs exposés, ce qui a donné lieu à une bonne discussion sur ce sujet à la fin de la session. Il est clair que notre présentation et nos idées ont touché une corde sensible. Nous sommes impatients de publier notre article dans les actes de la conférence.
Comme nous étions proches de Sufetula et qu’une visite n’était pas prévue, nous avons dû tenter notre chance. Avec un petit groupe, nous avons quitté tôt la pause déjeuner pour visiter le site. Sabine et Pieter, habitués à l’Hispania, ont été étonnés par la conservation de la ville. Tant de bâtiments ont encore des murs debout ou ont été reconstruits pour montrer la construction originale. Le forum de Sufetula avec son capitolium et sa fortification de l’Antiquité tardive sont tout simplement impressionnants. En nous promenant sur le site, nous avons commencé à chercher les différentes basiliques et églises dont nous connaissions l’existence. Savoir que ces bâtiments sont là et que certains d’entre eux ont des baptistères bien préservés est une chose, voir la qualité étonnante des baptistères en est une autre. Comme on pouvait s’y attendre, nous avons perdu la notion du temps et avons dû courir pour retourner à la conférence. Un gentil steward nous a permis de sauter une barrière afin de raccourcir notre chemin d’au moins une demi-heure.
La dernière journée de la conférence était le jour que nous attendions avec impatience : la visite d’Ammaedara. Comme vous le savez peut-être, il s’agit de l’une de nos villes d’étude de cas dans le projet ATLAS. De plus, cette étude de cas n’est pas facile à visiter ; la région proche de la frontière algérienne est connue pour être peu sûre. Néanmoins, les organisateurs de la conférence ont prévu une visite du site guidée par rien de moins que François Baratte et Mohamed ben Nejma, tous deux experts du site. L’aventure a commencé tôt le matin lorsque nous sommes montés dans le bus en direction de Haïdra. À un moment donné, nous avons réalisé qu’il y avait une petite patrouille de police devant notre cortège de voitures et le bus touristique. Sains et saufs, nous sommes arrivés à Ammaedara et avons vu que les gardes étaient tous détendus. Rien à craindre donc.
La visite a commencé avec le petit musée contenant certaines des belles pièces d’Ammaedara. François Baratte a commencé à expliquer l’histoire de la cité et ses fouilles archéologiques. Puis, la visite du site a commencé. Malheureusement, nous n’avions qu’une heure et demie pour visiter ce site formidable. Nous avons commencé avec le basilique I, où nous avons pu voir les dalles funéraires au sol (in situ). Et pas seulement quelques-unes, mais un très grand nombre. Vous pouvez imaginer les épigraphistes courant partout avec leur appareil photo en jouant avec les ombres et les lumières pour obtenir les meilleures photos. De là, nous nous sommes dirigés vers l’une des nombreuses curiosités de la ville : la forteresse byzantine. Les tours rondes debout ne sont pas du tout byzantines mais des ajouts modernes d’une autre époque de guerre, néanmoins, les tours debout restantes et les sections de mur sont de l’Antiquité tardive et impressionnantes. À l’intérieur de la citadelle, nous trouvons deux basiliques. Nous avons visité la basilique III. Il s’agit d’un bâtiment à deux étages adjacents au mur extérieur de la citadelle. Comme nous faisions un tour des points forts dans un temps limité, nous sommes allés au Monument des auges. Ce type de monument se trouve dans plusieurs villes africaines, mais aujourd’hui encore (malgré un livre récent sur le sujet) n’a pas été entièrement compris. Nous avons terminé par le bâtiment le plus célèbre de tous : l’arc de Septime Sévère. L’arc parle à beaucoup de personnes car il s’agit d’un arc du troisième siècle bien préservé, partiellement encapsulé par des murs pour créer dans l’Antiquité tardive, une tour.
Tout ébahis par la beauté d’Ammaedara, nous sommes retournés à l’hôtel, non sans un petit détour pour visiter quelques boutiques artisanales traditionnelles. Après cet intermède, nous sommes retournés à l’hôtel pour notre dernier déjeuner. Comme nous avions prévu de reprendre l’avion tôt le matin le lundi, nous avons dû partir pour Tunis dimanche après-midi.
Dans quelques mois, nous espérons que notre article sera publié en accès libre !