Le monument à auges

LE MONUMENT À AUGES (MACTAR, TUNISIE)

Le monument à auges de Mactar (on parle également de salle à auges) a été dégagé à l’occasion des fouilles menées par Gilbert Picard entre 1946 et 1955. Ce bâtiment, construit entre les IIIe et Ve s. est  situé dans la partie sud-ouest de la ville de Makthar. Son état de conservation est remarquable. Il s’inscrit dans une série d’édifices de ce type bien représentée en Afrique du Nord et qui semble caractéristique de l’Antiquité tardive. 

La fonctionnalité de ce bâtiment est la question la plus controversée. C.-G. Picard envisageait plusieurs options en relation avec les hypothèses fonctionnelles proposées pour d’autres pièces de structure similaire trouvées en Afrique du Nord : un vestiaire, en relation avec des Thermes proches ; un abreuvoir ou une mangeoire pour les animaux ; un espace de marché ; ou encore un espace de stockage (Picard 1957, 142-145). D’autres auteurs y voient d’autres usages : de l’écurie au lieu de collecte, en passant par le macellum ou l’établissement bancaire.

Le monument à auges de Mactar n’a pas fait, à ce jour, l’objet d’une étude archéologique détaillée. La qualité des vestiges en place et les exemples bien conservés (liste) permettent cependant d’en proposer une restitution. Le plan et l’organisation générale du bâtiment sont parfaitement connus. Les vestiges en place et les blocs épars permettent de garantir la reconstruction du corps de bâtiment principal, rare exemple de plan centré composé de quatre absides. La relation entretenue avec le couloir périphérique demeure, quant à elle, l’objet d’interrogations, ainsi que la hauteur totale et le système de couverture de l’édifice.

La principale caractéristique de ce nouvel édifice est que son abside nord présente un ensemble de niches ouvertes vers l’extérieur dans lesquelles se trouvent des cuves rectangulaires, appelées auges. Les niches de l’abside sud, accessibles uniquement par l’intérieur, portent les traces d’un système de fermeture et de tablettes qui permettent de restituer des rayonnages. Le sol de la salle était en mosaïque, posée sur des « suspensurae » de briques. La singularité du plan, la richesse ornementale remarquable, la qualité du décor architectonique et la disposition originale de l’entrée principale, inscrite dans une abside et couverte d’une voûte en cul de four, témoignent d’une architecture soignée. La restitution met en évidence un accès public aux auges par l’extérieur, la possibilité d’un échange (dont la nature nous échappe) dans ces auges au travers des baies, puis d’une dépose dans les niches scellées. Elle s’accorde bien avec l’hypothèse d’une identification en tant qu’édifice public servant de lieu de dépôt.

Notice BNF

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