Comme on dit : Mieux vaut tard que jamais ! Notre récapitulation d’année habituelle arrive un peu en retard cette fois, mais nous avions simplement trop de choses à dire ! 2023 a été une année intense à ATLAS, au cours de laquelle nous avons non seulement poursuivi le travail sur notre WebSIG et participé à de multiples colloques et conférences, mais nous nous sommes aussi davantage concentrés sur nos autres objectifs : le compagnon et l’exposition itinérante.
L’année dernière, janvier a commencé avec la conférence en Xanten sur l’une de nos villes d`études de cas : Emerita. La conférence « Nuevas investigaciones sobre Emerita Augusta » rassemble les spécialistes sur la ville, incluant notre Sabine et Pieter, pour discuter les informations récentes sur la ville. Les résultats de cette conférence sera publié dans un catalogue appartenant á l`exposition planée en été à la fin de 2024. Surveillez le site web du musée pour l’annonce officielle de l’expo.
Comme vous le voyez, notre engagement dans l’étude de nos villes va au-delà du travail sur la base de données et le WebSIG (d’ailleurs, si vous ne l’avez pas encore fait, nous vous recommandons de jeter un coup d’œil à ce post sur la façon de l’utiliser). Un exemple de notre engagement dans le travail est Ada, qui a participé en avril à une nouvelle campagne de fouilles à Baelo Claudia, menée dans le cadre du projet CircE. En octobre, ce même projet a emmené Laurent et Ada dans une autre de nos villes : Séville. Ils y ont organisé l’atelier « ¡Qué desastre ! », consacré à l’analyse des phénomènes traumatiques dans l’Antiquité, un thème sur lequel Baelo Claudia a, comme toujours, beaucoup à contribuer.
Cette année a aussi vu la dernière réunion de travail d’ATLAS : Les Villes dans l’Antiquité Tardive au sud de la péninsule Ibérique et en Afrique du Nord : entre recherche et valorisation patrimoniale. En mai dernier, nos membres ont eu la joie de se rendre en Tunisie pour cette réunion. Nous avons eu deux jours de présentations et de discussions par les membres des groupes de recherche sur les sujets qui nous tiennent tant à cœur. Le premier jour de notre réunion a été organisé par l’INP à Tunis. Le deuxième jour, nous avons été invités par l’AVMPPC à venir à Uthina pour notre réunion. En plus de nos discussions, nous avons eu la chance de visiter quelques sites. Nous avons évidemment visité Carthago et Uthina, où nous nous sommes réunis, mais le programme prévoyait une journée culturelle supplémentaire pour visiter Thuburbo Maius et Testour !
Alors que le projet battait son plein en vue de la publication finale de l’ouvrage (nous y reviendrons plus tard), les étudiants assistants à Hambourg ont été de plus en plus impliqués dans l’élément cartographique de notre projet. Ils ont suivi le cours QGIS et ont appris beaucoup plus au fil du temps en créant des cartes pour le projet. Comme toujours, vous pouvez trouver certains des résultats sur notre page Maps-to-go.
L’année s’est terminée en décembre avec deux activités de sensibilisation. D’abord, nos directeurs ont participé dans la grande conférence d’ATEG : « ATEG VIII Les villes de l’Antiquité tardive en Gaule et dans les régions mitoyenne ». Cette conférence a lieu tous les deux ans et a été une excellente occasion pour nos directeurs de présenter les résultats préliminaires du projet ATLAS. Plus tard en décembre, notre post-doctorant Pieter s’est rendu à Rio de Janeiro dans le cadre d’un futur programme d’échange entre l’Universidade Federal do Rio de Janeiro et l’Université de Hambourg. Pieter a donné une conférence sur les études épigraphiques dans le cadre du projet ATLAS. En outre, il a donné le cours QGIS à un groupe d’étudiants engagés. Nous espérons répandre l’amour des analyses spatiales et de la cartographie.
Qu’est-ce que les plans pour l’année 2024 ? La plus grande partie est le bouclage de l’atelier à Madrid en les 20 et 21 mars. Cet atelier final du projet ATLAS sera la reunion finale de membres dans le cadre du projet. Toutefois, il ne s’agit pas d’adieux, mais d’un simple rendez-vous. Nous sommes certains que beaucoup de nos membres continueront à collaborer, et tandis que nous récolterons les fruits du projet, nous préparons déjà ATLAS 2.0, bien sûr.
Néanmoins, l’heure n’est pas aux adieux, nous travaillons à plein régime sur le projet. L’atelier doit être préparé. Comme nous l’avons déjà écrit, la date limite pour le compagnon nous a beaucoup occupés ces derniers mois. Une fois le délai respecté, le travail pour les autres commence. Tous les manuscrits doivent être vérifiés et corrigés (les guides de style sont là pour être ignorés 😉 ) avant d’être envoyés aux éditeurs de la Casa de Velázquez. En outre, nous préparons actuellement l’exposition ATLAS dont le coup d’envoi sera donné lors de l’atelier de Madrid. Par la suite, elle fera le tour de notre zone de recherche et de nos institutions. Gardez un œil sur notre blog pour savoir quand et où vous pourrez visiter l’exposition ATLAS près de vous !
L’équipe ATLAS vous souhaite un joyeux Noël et vous présente ses meilleurs vœux pour 2024 ! Nous prenons, et vous souhaitons, une pause bien méritée jusqu’au 7 janvier.
Nous l’avons encore fait, une année de plus, nous poursuivons notre longue tradition et cet automne est encore un automne riche de congrès d’un bout à l’autre de la planète. Et cette fois-ci, en plus, nous le combinons avec la préparation et la rédaction des différents chapitres de notre Companion. L’année a commencé fort, mais nous revenons avec nos batteries chargées !
La saison des réunions scientifiques a débuté en septembre avec la conférence « The Global and Local Economies of the Early Middle Ages » qui s’est tenue à Tübingen et à laquelle Sabine a participé avec une présentation intéressante sur les économies impériales et post-impériales dans le détroit de Gibraltar. Ce mois a également vu le début de l’atelier QGIS donné par Pieter pour l’Université fédérale de Rio de Janeiro, dont nous vous avons parlé sur nos réseaux sociaux. La dernière session a eu lieu au début d’octobre et les réactions ont été si positives que la prochaine est déjà en cours d’organisation. Pieter a également clôturé le mois de septembre avec sa participation à une conférence à Limoges, où il a présenté l’idée des petites villes monumentales comme de simples centres de représentation sans habitants.
Au début d’octobre, Laurent et Ada ont participé à un atelier intéressant à Séville sur les phénomènes traumatiques et les crises dans l’Antiquité. Leurs présentations étaient complémentaires, chacune analysant le concept de crise à partir de deux perspectives différentes, celle des sources écrites et celle de l’archéologie. Plus tard, Sabine a participé à la conférence « From Ctesiphon to Toledo : A Comparative View on Early Church Councils in East and West » à Vienne. Et, comme nous ne pouvions pas manquer notre traditionnel automne de congrès, à la fin du mois d’octobre a eu lieu le XIVe atelier Toletum, consacré cette fois à la diplomatie hispanique entre la République et Al-Andalus. Comme toujours, Sabine a pris la tête de l’organisation de l’atelier. ATLAS a été représenté à deux reprises par Isabelle Mossung, qui a présenté la tabula patronatus, et par notre post-doctorant Pieter, qui a présenté le développement du système urbain vu comme une forme de dialogue diplomatique.
Mais ne croyez pas que l’automne de congrès arrête là – il reste encore quelques mois avant l’arrivée d’hiver ! En novembre et en décembre, nous aurons donc quelques colloques et conférences auxquels nous nous réjouissons de participer. En novembre, Pieter présentera un article sur la latinisation de la péninsule ibérique. Plus tard dans le mois, Sabine présentera sa communication à Lillebonne dans le colloque Crises et résiliences urbaines. En décembre, Pieter participera à l’Université romaine des jeunes au Thermenmuseum de Heerlen (NL). Sabine et Laurent participeront au colloque ATEG VIII à Bordeaux pour présenter les travaux du projet ATLAS. Par la suite, si tout va bien, ATLAS clôturera l’année 2023 en beauté : Sabine et Pieter ont été invités à se rendre à Rio de Janeiro pour formaliser une collaboration entre les universités de Hambourg et de Rio de Janeiro. Croisons les doigts pour que les systèmes bureaucratiques fonctionnent comme une horloge et qu’ils puissent s’y rendre. Comme toujours, nous vous tiendrons informés plus en détail via nos médias sociaux, alors n’hésitez pas à nous suivre !
Parallèlement, ATLAS dans son ensemble continue de préparer à toute vitesse la publication finale sous la forme du Companion. Nos groupes de recherche ont repris leurs réunions régulières après l’été, pour mettre en commun les idées et établir les lignes de travail pour la rédaction des chapitres correspondants. Nous sommes impatients de voir le fruit de toutes ces années de travail !
Mener un projet de recherche dans et sur deux pays différents est à la fois un défi et une expérience stimulante. Ça nous aide à connaître l’histoire de deux lieux aux cultures différentes et à nous rapprocher de leurs particularités, ce qui enrichit sans doute notre parcours professionnel et personnel. En fait, comme vous avez pu lui constater au fil des ans, ATLAS nous permet de travailler non seulement dans deux pays différents, mais aussi avec un certain nombre d’institutions, d’équipes de recherche et de spécialistes différents.
Rechercher dans deux pays différents
Comme vous savez, une grande partie de notre recherche porte sur l’analyse d’héritage historique et archéologique, y compris des vestiges architecturaux et des infrastructures, ainsi que les éléments topographiques de la ville d’antiquité tardive. Pour cette raison, surtout lorsque nous avons besoin d’informations directes sur ces éléments, nous devons nous tourner vers les différentes administrations et institutions responsable du management et de la préservation ainsi que la diffusion de ce patrimoine. Et, bien sûr, chaque pays (et chaque région) a ses propres institutions et modes de fonctionnement. C’est pourquoi la connaissance des procédures de chacun d’entre eux est fondamentale dans un projet international comme le nôtre, car elle permet non seulement d’accélérer les procédures nécessaires, mais aussi d’établir des liens réciproques en renvoyant les connaissances générées aux institutions et à la société d’origine.
Dans notre cas particulier, en Tunisie, nous avons travaillé main dans la main avec l’Institut National du Patrimoine, l’organe principale responsable de veiller au patrimoine historique et archéologique du pays. En Espagne, d’autre part, le management est moins centralisé et dans chaque région et villes nous avons pris contact avec les institutions correspondantes. Certaines villes comptent même plus d’une organisation travaillant dans le domaine du patrimoine, comme Mérida, où convergent l’Instituto Arqueológico de Mérida, le Consorcio Ciudad Monumental de Mérida et le Museo Nacional de Arte Romano.
En plus, de nombreux sites archéologiques examinés dans le cadre de notre projet ont également fait l’objet de campagnes et d’études de la part de différentes équipes internationales. Le cas le plus évident est probablement ce de Carthage, où la campagne internationale « Save Carthage » lancée dans les années 1970 a entraîné l’arrivée de groupes de recherche de nombreux pays différents. Ces équipes ont non seulement effectué des fouilles archéologiques dans différentes parties de la ville antique, mais nombre d’entre elles ont également publié les résultats de leurs études. En conséquence, ces résultats sont collectés dans un grand nombre de monographies, chapitres et articles, souvent dispersés, que nous devons rassembler pour nos propres recherches. Un cas similaire peut être trouvé à Baelo Claudia. Ce site à Cadix est étroitement lié à la France et à la Casa de Velázquez, puisque le fondateur de l’École des hautes études hispaniques, Pierre Paris, y a initié les premières campagnes archéologiques. Mais depuis, de nombreuses autres équipes ont travaillé dans cette cité romaine côtière, comme l’Université de Cadix, l’Université de Séville et l’Université d’Aix-la-Chapelle.
C’est pourquoi, en plus de contacter les différentes institutions en charge du patrimoine, dans autre occasions, nous avons également contacté les équipes et les chercheurs qui ont mené les fouilles et les études sur les éléments pour lesquels nous avons besoin de données plus spécifiques. C’est le cas pour la magnifique église de Damous-el-Karita, récemment fouillée par l’équipe autrichienne de Heimo Dolenz, de l’épigraphie chrétienne de Carthage étudiée de manière exhaustive par Liliane Ennabli et Sihem Aloui, des multiples campagnes menées à Leptiminus par l’Université du Michigan, ou encore des fouilles de la zone archéologique de Morería dirigées par Miguel Alba.
La réalité archéologique
Une autre différence intéressante qui nous trouvons, par coïncidence, dans nos villes d’étude est la continuité de l’habitat. Carthagène, Cordoue, Mérida et Séville se sont développées sur les villes romaines d’origine, c’est-à-dire qu’il s’agit de centres urbains avec une continuité professionnelle séculaire. Cependant, nous n’avons qu’une connaissance très partielle des vestiges anciens, ce qui complique la recherche archéologique. En effet, les fouilles ne sont souvent effectuées que lorsque des travaux de construction ou de réparation sont en cours sur les bâtiments de la ville actuelle. Nous nous retrouvons donc avec de petites fenêtres de connaissances archéologiques au sein du tissu urbain, avec dans certains cas des vestiges préservés et visibles et dans d’autres simplement documentés et recouverts par les constructions contemporaines. D’un point de vue positif, les fouilles ont tendance à porter sur des zones relativement petites qui nous permettent de documenter des siècles d’évolution urbaine. Bien entendu, cela signifie que les vestiges archéologiques se trouvent souvent dans des stratigraphies complexes, sur plusieurs mètres, en raison de l’utilisation et de la réutilisation des structures précédentes.
Une partie d’équipe de ATLAS se promène dans la zone archéologique de Morería à Mérida.
Cela dit, on pourrait penser que les sites tunisiens de notre projet, qui ne sont pas surplombés par des villes contemporaines, sont plus faciles à analyser. En effet, nous disposons souvent d’une image plus complète du tissu urbain de ces villes anciennes. De plus, nous pouvons les visiter et avoir une bonne idée des bâtiments et des relations qu’ils entretiennent avec le reste des infrastructures urbaines.
Photographie du forum de Mactaris pendante notre visite en mars 2022
Cependant, ces sites présentent leurs propres défis. Tout d’abord, ils ne sont pas complètement abandonnés, car de nouvelles villes sont souvent situées à proximité du site en question. C’est le cas de Carthage, située entre Tunis et Sidi Bou Saïd, d’Ammaedara, située à l’est de l’actuelle Haïdra, ou de Lamta, à côté de l’ancienne Leptiminus. Mactaris est peut-être plus proche des cas espagnols de continuité de l’habitat, étant donné qu’elle est entourée par la ville moderne de Makthar. Toutefois, cette proximité avec les villes modernes n’est pas toujours favorable à la préservation des sites archéologiques. Dans un souci évident de minimisation des efforts et des ressources, il est très fréquent que les villages abandonnés soient utilisés comme carrières, ce qui entraîne la présence de nombreux matériaux anciens (spolia) dans les villes environnantes. Ainsi, par exemple, les informations épigraphiques provenant de ces sites sont très problématiques. En effet, un grand nombre d’inscriptions ont été préservées, mais leur contexte est rarement connu.
Un autre désavantage des sites inhabités est qu’ils sont plus exposés aux intempéries et au passage du temps. Ainsi, l’érosion affecte non seulement la conservation des bâtiments mais aussi la stratigraphie, en particulier les couches supérieures où se trouvent les vestiges des périodes les plus récentes (y compris notre chère Antiquité tardive !). A cela s’ajoute, tant sur les sites inhabités que dans les villes vivantes, la réalisation d’interventions sans méthodologie archéologique. Cependant, le problème des sites inhabités est que ce type d’intervention, qui date d’une époque où l’archéologie n’était pas encore une discipline développée, peut affecter une plus grande partie de la ville antique. Par exemple, à Baelo Claudia, notre seule étude de cas dépeuplée en Espagne, nous disposons de journaux de fouilles du début du 20e siècle qui expliquent les dizaines de camions de terre qui ont été enlevés pendant les campagnes du forum de la ville. La raison de cette extraction abondante de terre est l’intérêt de mettre en lumière les bâtiments monumentaux de la période romaine impériale précoce, au détriment d’autres périodes historiques. Mais cette pratique est heureusement tombée en désuétude et nous disposons aujourd’hui d’une grande quantité d’informations sur l’évolution urbaine de la fin de l’Antiquité, même dans les zones les plus monumentales de la ville.
Plan de l’occupation d’antiquité tardive au temple d’Isis de Baelo Claudia (Dardaine et al. 2008, fig. 27).
Malgré ces différences, ou peut-être à cause d’elles, notre travail est intéressant. Il est amusant et intellectuellement stimulant d’examiner l’impact des différences entre nos études de cas sur la représentation de l’Antiquité tardive. En outre, il s’agit certainement d’un exercice important pour un projet comme ATLAS, car il nous permet de mieux comprendre le développement des récits historiographiques sur notre période d’étude.
Comme nous avons annoncé quelques semaines avant, nous travaillons actuellement sur notre quatrième étude de cas en Tunisie, Leptiminus. Il s’agit d’une ville côtière située dans la région du Sahel, au sud du golfe d’Hammamet, qui couvrait une superficie d’environ 45 ha entre le IIe et le IVe siècle après J.-C. Il est certainement une étude de cas quelque peu différente de celles que nous avons analysées jusqu’à présent, car Leptiminus n’est pas connue pour la préservation de grands bâtiments publics, contrairement à de nombreuses villes romaines du Maghreb. Elle offre cependant la possibilité d’étudier de nombreux autres aspects intéressants qui ont souvent été négligés dans les villes nord-africaines dont les vestiges monumentaux ont été mieux conservés. En effet, grâce notamment au « Leptiminus Archaeological Project » dirigé par John Humphrey, Nejib Ben Lazreg, Hedi Slim, Lea Stirling, David Stone et David Mattingly, la ville a fait l’objet d’une analyse exhaustive à partir de multiples perspectives et en utilisant une grande variété de méthodologies. C’est pourquoi Leptiminus est aujourd’hui un exemple fantastique pour comprendre l’aspect économique d’une ville portuaire relativement modeste (ses activités de pêche et d’artisanat, principalement dédiées à la production de poteries), mais aussi l’occupation et l’évolution des zones suburbaines (où se trouvaient ces activités artisanales, mais aussi des espaces domestiques, des cimetières et des espaces religieux) ou encore ses relations avec son arrière-pays immédiat.
Plante avec les restes archéologiques de Leptiminus (Mattingly et al. 2001, fig. 4.03).
Nous avons eu la chance que David Stone visite le RomanIslam Center en novembre 2022, au moment même où nous participions à la conférence Shifting Cities. Cette rencontre fortuite nous a permis de discuter de Leptiminus avec un de ses experts. David est un archéologue qui travaille en Grèce et en Afrique du Nord et dont les recherches portent sur des questions actuelles concernant les villes, les empires et les paysages antiques. À Leptiminus, il a principalement travaillé sur les enquêtes de terrain, qui ont été présentées dans Leptiminus 3 (Journal of Roman Archaeology Supplementary Series 87, 2011). Ce livre examine la « biographie urbaine » de la ville à travers 1200 ans de règne punique, romain, vandale et byzantin. L’histoire de Leptiminus comprend une période de développement remarquable entre 100 et 300 après J.-C., au cours de laquelle des investissements dans l’agriculture, la pêche, la navigation et la fabrication de poteries ont été documentés. La ville a continué à importer et à exporter des produits jusqu’au VIIe siècle, tout en conservant une population importante. C’est dans la phase de l’Antiquité tardive que les changements lents mais perceptibles dans les régimes alimentaires, les occupations, les coutumes funéraires, les espaces physiques et d’autres aspects du mode de vie des habitants sont les plus visibles.
En plus d’être très utile pour discuter de cette étude de cas, David était impatient de rejoindre l’équipe ATLAS et depuis lors, il a été un membre actif des groupes Territoire et Économie, présentant même trois fois à Tunis ! Il contribuera au Companion en tant que co-auteur des chapitres des groupes, et fournira même un chapitre à auteur unique sur Leptiminus.
Dernière présentation de David lors de la dernière réunion ATLAS en Tunisie
En plus, David a eu la gentillesse de nous offrir les données nécessaires dans des formats utilisables. Cela signifie qu’au lieu de devoir parcourir les nombreuses publications de qualité pour trouver et localiser les vestiges archéologiques pour notre WebGIS, nous avons reçu des tableaux Excel contenant les numéros de sites, les coordonnées et les descriptions. Cela signifie que pour cette ville, nous pouvons enfin essayer le téléchargement en masse pour l’archéologie. Comme nous avons déjà mentionné pour l’épigraphie, nous avons utilisé cette approche pour télécharger des milliers entrées en une seule fois. La seule tâche restante est de conserver les données et de les adapter à notre format WebGIS. Une des tâches principales était d’associer les types de découvertes du projet Leptiminus aux types ATLAS. Ada a créé une liste avec la correspondance des types de découvertes du projet Leptiminus (en anglais) et ceux de notre WebSIG (en français), afin que les étudiants présents puissent effectuer cette tâche. Dans certains cas, la correspondance est assez simple : « cistern » est « citerne » ; cependant, elle peut parfois être un peu plus difficile, comme pour les « amphora burials » qui sont « Espace funeraire ». Encore un signe de multilinguisme dans notre projet !
Comme vous savez peut-être, nous utilisons une approche similaire pour travailler sur l’épigraphie, nous collectons les données à partir d’une multitude d’ensembles de données et nous les conservons pour notre base de données. Là encore, c’est en partie grâce au travail acharné de nos Hilfskräfte, qui sont peu à peu devenus des experts en épigraphie. Certes, le rôle de Leptiminus est très limité dans notre compréhension de la culture épigraphique de l’Antiquité tardive. Il n’existe qu’une poignée d’épigraphies datant de cette période. Néanmoins, il existe de beaux exemples d’inscriptions en mosaïque trouvées dans le cimetière chrétien .
Certaines des mosaïques chrétiennes se trouvent dans les catacombes près du cimetière oriental de la ville (Stevens et al. 2007, fig. 4).Fouilles d’un cimetière chrétien par René Cagnat et Henri Saladin (R. Cagnat et H. Saladin, Voyage en Tunisie, 1894).
Travailler à Leptiminus au cours des dernières semaines nous a permis d’acquérir de nouvelles connaissances. C’est la première fois que nous apprenons à connaître une ville portuaire du Sahel sur la côte méditerranéenne dans l’Antiquité tardive. De plus, la première fois que nous avons pu travailler avec le matériel archéologique d’une manière différente est une expérience intéressante. Elle soulève la question et l’option de partager les données archéologiques de manière plus efficace. Comme toujours, pour suivre notre travail, vous pouvez consulter notre WebGIS et suivre notre compte twitter !
Comme vous avez peut-être remarqué, nos blogs sont publiés en trois langues : espagnol, français et anglais. Tout cela est lié à la nature multilingue de notre projet. Vous vous demandez pourquoi nous avons choisi de rendre notre projet multilingue et ne pas le limiter à la langue « internationale » anglais. Les raisons les plus évidentes sont les origines du projet et le financement, qui provient de la France avec l’Agence nationale de la Recherche (ANR) et de l’Allemagne avec le Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG). Avec ça, nous avons déjà deuts langues avec une longue tradition de la recherche académique. L’Allemagne avais été une langue d’importance pour les « Altertumswissenschaft » (les sciences de l’antiquité) depuis le début de cette matière. Ce n’est pas sans raison que les spécialistes plaisantent sur le fait que chaque sujet a été publié par un Allemand du 19e siècle. En tant qu’une langue académique, l’allemand continue d’occuper une place d’importance. Même si l’allemand est d’une telle importance pour le domaine de l’Antiquité, nous utilisons l’espagnol pour notre communication. Cela a sa raison d’être dans une partie tout aussi fondamentale du projet : la valorisation et la diffusion des résultats du projet.
Faciliter la difussion
L’image de l’université dans sa tour d’ivoire est souvent une vérité dure et difficile à surmonter. Nous pouvons devenir tellement immergés dans notre sujet que nous perdons de vue ce qui intéresse le grand public et pourquoi nous le faisons au-delà de l’idée de l’art pour l’art. Comme les plupart des projets sont, comme le notre, financé par des fonds publics, la valorisation et la communication sont des éléments nécessaires. Nous sommes convaincus qu’il est une partie de notre travail de retourner et d’offre la connaissance générée à la société. C’est ici que l’espagnol entre le jeu. Depuis que nous recherchons le sud de l’Espagne et le nord de la Tunisie, nous avons choisi d’écrire notre blog en espagnol et en français, deux langues largement utilisées dans le monde académique de notre projet. Dans un monde idéal, nous aurions ajouté la langue arabe à notre site web, ce qui nous aurait permis d’atteindre un public plus large en Tunisie et dans l’ensemble du monde arabophone. En revanche, puisque aucun d’équipe principale a des connaissances adéquates de la langue arabe, cela signifie que nous ne savons pas le faire nous-mêmes. Nous avons choisi plutôt l’anglais comme langue « internationale », nous espérons ainsi toucher un plus grand nombre de personnes au-delà de notre domaine de recherche et intéresser les gens à l’histoire de la péninsule ibérique et du Maghreb. Dans les projets futurs, nous devrons peut-être envisager d’affecter une partie des fonds de diffusion à la traduction de nos textes en arabe afin de toucher un plus grand nombre de personnes.
WebGIS multilingue
Un autre élément de notre projet et le WebSIG. Le mois passé, nous avons écrit un blog expliqué le WebSIG et comment ça marche. Nous trouvons l’élément multilingue encore une fois. Mais ici, c’est un mélange de langues. Le WebSIG soi-même utilise le français, où s’écrit l’archéologie l’espagnol et l’épigraphie en anglais…
Exemples de fiches archéologiques et épigraphiques, où différentes langues sont utilisées.
Lors de notre réunion à La Rochelle au début du projet, nous avons discuté des possibilités de créer une base de données trilingue. Rapidement, nous avons réalisé que cela signifiait que nous aurions trois bases de données fonctionnant l’une à côté de l’autre. Chaque entrée devait donc être effectuée trois fois, une pour chaque langue. Comme il était prévu de terminer la phase de saisie de la base de données avant mars 2024, cette option n’était pas envisageable. Nous avons donc décidé d’utiliser le français, l’espagnol et l’anglais comme langues académiques du projet et de les utiliser dans la base de données. Vous pouvez constater que la plupart des entrées archéologiques sont en espagnol, car elles sont effectuées par Ada, tandis que l’épigraphie est saisie par Pieter en anglais. Tous deux ont opté pour ces langues car ce sont celles avec lesquelles ils sont le plus à l’aise. Nous vous demandons de faire preuve de compréhension si vous rencontrez de petites erreurs linguistiques, car ce sont les aléas de cette profession multilingue !
Réunions multilingues
Vous trouverez peut-être ce mélange de trois langues un peu lourdes et, une fois de plus, vous vous demanderez pourquoi nous n’utilisons pas simplement l’anglais. En fait, vous avez probablement déjà remarqué que nous n’utilisons pas non plus l’anglais dans les programmes de nos réunions annuelles. Mais ce n’est pas vraiment nécessaire, car la grande majorité des membres d’ATLAS ont un très bon niveau d’espagnol ou de français, ce qui nous permet d’échanger des idées sans problème.
Instantané d’une de nos discussions multilingues lors de la première réunion ATLAS à la Casa de Velázquez.
Donc nos discussions se passent souvent en deux langues au même temps ou l’un des locuteurs décide de s’exprimer dans la langue de l’autre. Naturellement, cela signifie que nous devons tous fournir un effort pour communiquer et écouter patiemment les autres, en particulier ceux qui sont encouragés à utiliser une langue qui n’est pas la leur. Mais même ceux qui ne se sentent pas encore en confiance pour s’exprimer dans ces langues ont souvent une connaissance étendue d’autres langues proches du français ou de l’espagnol, ce qui leur permet de comprendre ce qui est dit sans difficulté. C’est certainement un très bon moyen d’élargir nos connaissances linguistiques tout en favorisant un climat d’échange scientifique amical et tolérant avec tous les collègues, qui sont toujours prêts à faciliter les discussions dans n’importe quelle langue. Mais, en plus, en utilisant ces langues, nous facilitons aussi la compréhension des auditeurs tunisiens ou espagnols qui décident d’assister à nos réunions.
Jusqu’à présent, il s’agissait des réunions officielles de l’atelier, mais ce qui se passe dans les réunions plus informelles est encore plus intéressant. On y parle une multitude de langues. Et oui, l’anglais fait partie de ces langues. Comme nous avons déjà dit, la connaissance passive, c’est-à-dire la compréhension de ce qui est dit, est souvent plus élevée que la connaissance active, ce qui donne lieu à d’amusants triangles de communication. L’un d’entre eux est célèbre : trois membres alternent entre le français, l’allemand et même le néerlandais !
Pieter, Marc et Sabine sont quelques-uns des membres qui combinent jusqu’à trois langues au cours de leurs conversations.
Est-ce que ça marche ?
Nous sommes convaincus que le système multilingue de communication travaille parfaitement bien. Jusqu’à présent, tous de nos réunions ont donné lieu à des discussions productives entre collègues. Quand nous nous heurtons aux limites de nos connaissances linguistiques, nous pouvons toujours compter sur une langue intermédiaire. De plus, lorsque nous écrivons, nous pouvons recourir aux dictionnaires traditionnels ou utiliser les équivalents numériques pour faciliter notre communication multilingue.
Les dictionnaires sont un outil clé dans notre projet.
Le projet est aussi un projet de sciences humains, donc la promotion d’une richesse linguistique est une valeur qui nous tient au cœur. Mais dans tout cas, vous pouvez le juger par vous-même en assistant à nos réunions scientifiques ou en lisant notre prochaine publication bilingue (fr-es) « ATLAS companion to urbanism in Late Antiquity ».
Comme vous avez vu dans plusieurs de nos blogs, nous travaillons avec un WebGIS. Ce qui est encore mieux ce que l’accès de ce WebGIS est libre. Vous pouvez voir notre travail en temps réelle ! Collecter les informations, les rédiger et les adapter au format WebGIS demande du temps et, en plus, ce n’est pas la seule partie de notre travail. Mais nous souhaitons tout de même vous expliquer aujourd’hui ce qu’est le WebGIS, comment nous travaillons avec ça et comment ça travaille, car il présente plusieurs caractéristiques et particularités qui méritent d’être présentées plus en détail dans un article spécifique.
Introduction du WebGIS D’abord, le WebGIS soi-même. Le WebGIS a créé par Frédéric Pouget à l’Université de La Rochelle. Il est un bon exemple d’utiliser les structures existées de l’université dans le projet. Le développement du WebGIS était une partie du cours enseigné par Frédéric, dans lequel des étudiants a construit la base de date comme partie de leurs devoirs. De cette manière, nous obtenons notre base de données et les étudiants acquièrent l’expérience nécessaire à la création d’une telle base de données et voient leur travail en action. Plutôt que de faire un devoir juste pour le plaisir de faire un devoir.
Notre base de données est hébergée par le Huma-Num du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Cette initiative du gouvernement français doit être saluée. Contrairement à l’approche standard, qui consiste à mettre hors ligne les ensembles de données après la fin d’un projet en raison d’un manque de financement, Huma-Num continue d’héberger la base de données. Ainsi, les chercheurs peuvent toujours consulter et utiliser la base de données bien après la fin de notre projet.
L’une des grandes nouveautés de notre projet est la combinaison de sources archéologiques et épigraphiques dans un seul WebGIS. La plupart du temps, ces sources se trouvent dans des bases de données distinctes, s’ils se trouvent du tout dans des bases de données en libre accès. En combinant ces deux sources, nous souhaitons mieux comprendre la ville (disposition, utilisation, etc.) et sa structure sociale. Les deux domaines sont très différents et nous, Ada et Pieter, travaillons ensemble pour tirer le meilleur parti de nos données.
Étude archéologique dans un WebGIS
Comme nous avons indicé au début, collecter, synthétiser et écrire l’information dans une manière qui est adéquat pour le WebGIS est une tâche longue. C’est particulièrement vrai dans le cas des vestiges archéologiques, car nous disposons rarement d’autres bases de données auxquelles nous pouvons accéder et à partir desquelles nous pouvons extraire l’information. C’est précisément l’une des grandes contributions de notre projet que de rassembler une énorme quantité d’informations, mises à jour et contextualisées, sur les phénomènes urbains dans l’Antiquité tardive.
Donc, au niveau archéologique, la recherche commence avec ce que nous appelons le style « old school », avec une recherche exhaustive des publications les plus significatives de la ville analysée à ce moment-là. Cela nous permet de nous faire une idée de l’état de la question aujourd’hui et de disposer d’une bibliographie la plus complète et la plus récente possible. Cette tâche semble simple, mais l’un des principaux défis consiste en fait à rassembler les informations disponibles, car elles sont souvent dispersées dans des publications diverses et variées, de sorte qu’il n’est pas toujours facile de mettre la main sur toute la bibliographie. Heureusement, nous pouvons toujours compter sur nos collègues qui collaborent au projet pour nous donner un coup de main dans cette tâche.
Exemple de dossier d’un vestige archéologique de Carthage. A droite, on peut voir le plan de la ville avec une superposition du plan archéologique de la ville.
Une fois que nous disposons une bibliographie aussi complète et récente que possible, il est temps de la lire et de l’analyser attentivement afin d’obtenir des données spécifiques intéressantes pour notre projet. Nous voulons savoir quels bâtiments, infrastructures et éléments topographiques font le paysage urbain de nos cités d’études durant les cinq siècles de l’Antiquité tardive. L’analyse se fait vestige par vestige, de manière à pouvoir synthétiser et rédiger en parallèle les informations adaptées au format WebSIG. Ces informations sont dans un premier temps rassemblé dans un fichier Excel afin de faciliter l’exportation vers la base de données. Cependant, nous n’avons pas encore pu exporter toutes ces informations en bloc, les éléments sont donc saisis manuellement pour le moment. Nous souhaitons d’être capable d’appliquer une system similaire à celui utilisé dans la partie épigraphique pour les prochaines études de cas.
Enfin, une fois que les informations nécessaires sur le vestige en question ont été synthétisées et rédigées (description du vestige, état de conservation et discussion chronologique), nous recherchons l’appareil graphique pour compléter le dossier. Des photographies, des plans, des coupes ou des reconstitutions sont également inclus dans les dossiers de vestiges archéologiques, non seulement pour faciliter la compréhension des vestiges archéologiques, mais aussi parce que cette documentation graphique sert également de point de départ à nos collègues chargés de la modélisation et de la reconstitution en 3D pour l’exposition itinérante ATLAS.
Étude épigraphique dans un WebGIS
La part épigraphique de notre projet utilise une approche complètement différente. Grâce aux bases de date existantes (p. e. Trismegistos, EDH, EDCS, HEpOnl et LatinNow), l’étude individuelle de chacun élément par une multitude de publications n’est pas nécessaire. Certains de ces ensembles de données sont ouverts et permettent aux chercheurs de télécharger les données. Pour d’autres, il est possible de contourner le problème en combinant les données disponibles grâce à ces différents ensembles de données, ce qui permet déjà d’obtenir un ensemble de données épigraphiques amélioré. Cette combination du jeu donné est possible grâce au jeu données de Trismegistos contenue les IDs de la plupart des grandes bases de données. Nous pouvons ainsi établir des liens croisés entre les données des différents ensembles de données. Cependant, même après avoir combiné les données des ensembles de données, nous nous retrouvons souvent avec des données partielles. En outre, et plus important encore pour notre WebGIS, les données spatiales ne sont fournies qu’au niveau de la ville. Ainsi, pour Carthago, nous disposons de plus de huit mille inscriptions dans la base de données Claus-Slaby, toutes dotées d’un centroïde représentatif (point sur la carte).
Informations spatiales épigraphiques pour Carthage via Clauss-Slaby (https://db.edcs.eu/epigr/imp-rom.html) Note this includes all periods
Il va de soi qu’une telle approche est inutile pour l’étude des villes individuelles. Souvent, les épigraphistes se tournent vers de petites études de cas et passent ensuite beaucoup de temps à déterminer l’emplacement des inscriptions individuelles. Ces efforts sont rarement pris en compte dans les bases de données. Cependant, l’amélioration des données spatiales fait partie de l’amélioration de nos données pour le WebGIS. En parcourant les publications, nous recherchons l’endroit où se trouve l’inscription. De cette manière, nous sommes en mesure d’attribuer les inscriptions au niveau du bâtiment. La carte ci-dessous montre comment nous avons localisé les plus de deux mille inscriptions de l’Antiquité tardive de Carthage à l’intérieur de la ville. Noter que les 163 inscriptions en mer n’ont pas de localisation connue autre que Carthage. Jusqu’à présent, nous n’avons pas résolu le problème du traitement de l’épigraphie non localisée. Souvent, un site de dépôt est choisi pour ces épigraphies. Nous avons décidé que les sites de dépôt sont dans l’eau, en espérant qu’il soit clair qu’il s’agit d’un site de dépôt.
Des informations spatiales améliorées épigraphiques pour l’Antiquité tardive (ATLAS)
Pendant rechercher les publications épigraphiques pour améliorer les données spatiales, nous améliorons également les données sur le matériau, l’objet et le type de texte. Il est clair que la datation des inscriptions est l’un des aspects les plus difficiles. Grâce aux ensembles de données combinés et à la publication de collections épigraphiques, le travail sur l’épigraphie peut être effectué en masse. Cela signifie que l’épigraphie n’est pas introduite dans la base de données inscription par inscription, mais par échantillons plus importants. Nous avons fait Carthage en une seule fois. Bientôt, nous terminerons et téléchargerons les quatre autres études de cas du Maghreb.
Utiliser le WebGIS
Le WebGIS est encore disponible pour tous à voir via : https://geoapps.huma-num.fr/adws/app/5b1c0f10-7386-11ec-b348-11e51a07f6b0/
L’écran d’accueil peut sembler un peu impressionnant au premier abord, mais ce blog vous guidera dans son utilisation. Vous verrez qu’il n’est pas du tout compliqué et que vous vous habituerez rapidement à l’interface !
WebSIG écran d’accueil
Sur le côté droit se trouve le tableau des couches de la carte. Il permet d’activer et de désactiver les couches. Dans la vue d’ensemble, nous ne voyons que les « territoires », ou « cités », des dix villes étudiées. Lorsque on zoome sur l’une des villes, d’autres couches deviennent disponibles. Nous pouvons zoomer en utilisant différentes méthodes. La plus intuitive est le bouton de défilement de notre souris. Cependant, il existe deux options dans le WebGIS lui-même : (1) sur le côté gauche, nous trouvons les + et – pour le zoom, les flèches vous permettent de basculer entre les deux derniers niveaux de zoom. (2) La dernière icône de cette rangée est une fonction de zoom rapide qui crée une boîte carrée. Sélectionnez cette icône, qui devient bleue, et cliquez avec le bouton gauche de la souris sur la carte pour sélectionner la zone sur laquelle vous souhaitez zoomer. Notez que le carré indique le niveau de zoom, c’est-à-dire qu’il montre ce qui se trouve à l’intérieur du carré que vous avez fait glisser. Quand nous zoomons sur Carthage, par exemple, nous constatons que la cité et l’enceinte disparaissent, tandis que les icônes des vestiges archéologiques apparaissent. La couche épigraphique doit être activée manuellement. Sur le tableau de droite, nous voyons une section avec des cartes de base. Ici, nous pouvons activer et désactiver plusieurs cartes de base et jouer avec leur transparence. Jusqu’à présent, nous avons joué avec les couches et le tableau de droite.
Sur la gauche, nous trouvons quatre icônes : 1. Le temple ou mieux « Filtre Carto Vestiges ». 2. Le monument ou mieux « Filtre Carto Inscriptions » 3. La loupe ou « Recherches » 4. Graphiques ou « Statistiques » Chacun de ces éléments vous permet de rechercher et d’interroger la base de données.
Filtre Carto Vestiges
C’est une fonctionne qui offre deux options, apparemment similaires, mais qui permettent d’interroger la base de données avec des perspectives différentes. La première option (« Recherche Vestige par Ville / Type / Sous-type ») permet d’effectuer des recherches au sein de chaque ville par type et même sous-type d’élément archéologique. Ce qui est intéressant dans cette fonction, c’est que aucun des éléments de recherche n’est obligatoire, de sorte qu’il est possible d’effectuer des recherches assez libres, même sans se tenir à une seule ville. Ainsi, nous pouvons avoir une liste de tous les éléments archéologiques par type (civique, religieux, économique, etc.) ou sous-type (églises, habitations, bains, nécropoles, etc.) recueillis dans notre base de données. En effet, les résultats de cette recherche et de toutes les autres options génèrent une liste sur la droite, qui peut être affichée sous forme de tableau et qui facilite l’accès aux fiches techniques de chaque vestige. Éventuellement, ces tableaux peuvent être téléchargés dans différents formats pour travailler avec les données de la manière qui nous convient le mieux.
Exemple de tableau qui peut être consulté après toute recherche.
La deuxième option (« Recherche Vestige par Ville / Sous-type / Siècle ») s’est concentrée sur des requêtes spécifiques par siècle, de sorte que cette variable est obligatoire lors de la recherche. De cette manière, nous pouvons filtrer les éléments archéologiques chronologiquement, ainsi que par ville ou sous-type si nous le souhaitons. C’est un bon moyen d’observer les modèles d’évolution par catégories spécifiques de vestiges et / ou de bâtiments, à la fois dans une ville spécifique et dans l’ensemble des études de cas du projet.
Filtre Carto Inscriptions
La fonction de recherche de l’épigraphie offre quatre possibilités de recherche dans l’épigraphie. Nous pouvons rechercher les documents épigraphiques à l’aide de la fonction « Recherche Inscription », qui nous permet d’affiner nos recherches en utilisant des filtres par ville, par type de texte, par datation ou par description. En combinant les filtres, nous pouvons obtenir des recherches très détaillées.
La « Recherche Langue Inscription » est assez simple. Vous pouvez sélectionner la langue des inscriptions. Notez que la recherche est exacte, donc le latin ne donnera que du latin et laissera de côté le grec / latin et l’hébreu / latin.
« Recherche Chronologique Inscription » vous donne la possibilité de cartographier les inscriptions datées de siècles spécifiques en activant et désactivant les couches. Notez qu’il s’agit d’une recherche large, c’est-à-dire que toutes les inscriptions du siècle mentionné sont affichées. Par exemple, une inscription datée entre le troisième et le cinquième siècle apparaîtra dans les trois siècles. L’Antiquité tardive non spécifique ne s’affichera que si cette couche est activée.
La fonction « Recherche ID Inscription » est un moyen utile d’identifier l’inscription sur laquelle vous travailliez. Avec l’ID de l’inscription dans notre base de données, vous pouvez facilement vous concentrer sur ce texte.
D’autre part, nous profitons de l’occasion pour vous informer que nous travaillons sur d’autres types de recherche, en particulier pour le texte à l’intérieur des inscriptions, sur la base d’une version affinée du texte édité et sur la recherche de références. Nous vous tiendrons au courant !
Recherches
Dans le prolongement de cette ligne d’amélioration constante, on trouve les différentes fonctions de recherche que on retrouve dans l’icône de la loupe (Recherches). Dans certains cas, elles ont été suggérées par nos propres collègues du projet, comme la recherche par mots clés dans les bâtiments (Recherche Edifice par mots clés) et les inscriptions (Recherche Inscription par mot clé). Comme nous avons dit, il s’agit de fonctions que nous sommes encore en train de développer, mais nous espérons les rendre pleinement disponibles très bientôt. Les autres options de recherche fonctionnent comme nous l’avons déjà expliqué, tant dans le domaine épigraphique qu’archéologique.
Statistiques
Le tableau « Statistique » nous offre pour l’instant quelques graphiques pour montrer les données de manière générale et comparer nos dix villes d’étude de cas. Évidemment, comme il s’agit d’une travail en cours, il ne montre que ce qui a déjà été saisi. Néanmoins, c’est un outil utile pour observer les tendances de l’évolution au niveau chronologique ou même pour savoir, d’un coup d’œil rapide, quels types de vestiges caractérisent chacune des villes de notre projet.
Exemple de répartition par type de vestiges archéologiques à Baelo Claudia.
Dans un futur proche, nous ajouterons cette description à l’interface WebGIS et nous pourrions même obtenir une vidéo en français expliquant comment procéder. Nous espérons que vous trouverez cela utile !
La quatrième et avant-dernière réunion ATLAS, Les villes dans l’Antiquité Tardive au sud de la péninsule Ibérique et en Afrique du Nord: entre recherche et valorisation patrimoniale, a eu lieu en Tunisie sous l’organisation de l’Institut National du Patrimoine, de l’Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle, de l’Institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain, de la Casa de Velázquez, de l’Université de Hambourg et de l’UMR 7266 LIENSs (La Rochelle Université/CNRS) les 2 et 3 mai. Certains ont entamé leur voyage le jour de la fête internationale du travail avec une certaine inquiétude, en croisant les doigts pour que les grèves n’entravent pas les déplacements. Heureusement, très peu de vols ont été annulés, ils ont été facilement changés et tous étaient à l’heure pour le premier dîner à l’hôtel Sidi Bou Said. Rien de tel que de retrouver nos collègues sur une terrasse avec une vue imprenable sur la ville de Tunis !
Mardi 2 mai : Conférence à l’Institut National du PatrimoineAprès une bonne nuit de repos et un café au petit déjeuner, il était temps de se rendre à l’INP dans la médina de Tunis. Fortuna n’a pas été avec nous : le voyage en bus a commencé trop tard dans la matinée, ce qui nous a bloqués dans le trafic matinal du centre-ville de Tunis. Avec une heure de retard, nous avons commencé le colloque, avant de découvrir que la connexion internet n’était pas assez stable dans le bâtiment solide, les murs étant tout simplement trop massifs. Malgré ces petits contretemps, nous avons commencé notre conférence avec les mots d’ouverture de Youssef Lachkem (directeur général par intérim de l’INP) et de Daouda Sow (directeur général par intérim de l’AMVPPC). Ils ont été suivis par de brefs mots d’introduction de Laurent Brassous, Sabine Panzram et Moheddine Chaouali, qui ont conclu l’ouverture du quatrième colloque du projet ATLAS.
Laurent, Sabine et Moheddine inaugurent le colloque (*).
Sabine a eu l’honneur d’ouvrir la conférence avec sa présentation pour le groupe de travail « Political Power ». Elle a présenté l’évidence sur le gouvernement local mondain et religieux dans l’Antiquité tardive afin d’observer les changements lents de ces structures dans notre période de recherche. Le groupe « Urban space » a était représenté par Ada Lasheras et Stefan Ardeleanu, et leur présentation s’est concentrée sur les espaces publics et collectifs dans les villes de l’Antiquité tardive. Loin des perspectives plus traditionnelles, qui s’est concentré principalement sur l’évolution des monuments publics de la période classique (en particulier les forums), leur communication a attiré l’attention sur d’autres espaces d’usage collectif et public également présents dans ces siècles.La dernière présentation de la matinée était celle du groupe d’épigraphie. Pieter Houten a présenté leur travail sur l’épigraphie funéraire avant de se lancer dans une discussion sur la datation. Il semble qu’en grattant la surface de la datation épigraphique, le château de cartes s’effondre assez rapidement. Il reste à résoudre les problèmes de datation correcte. Après trois présentations, il était déjà temps de passer à la dernière discussion de la matinée. Les réponses du public ont été positives, avec quelques observations et commentaires constructifs à prendre en compte lorsque nous mettrons tout ce travail par écrit. Tout en poursuivant les discussions, nous avons marché lentement dans la médina jusqu’à notre lieu de déjeuner.
Les trois premières communications ont été présentées par Sabine (groupe « Pouvoir politique »), Stefan & Ada (groupe « Espaces urbains ») et Pieter (groupe « Epigraphie »).
Rafraîchis par un excellent et copieux déjeuner, nous sommes retournés à l’INP pour découvrir que des friandises et du café étaient présentés ici. Les participants se sont rassemblés autour de la table pour déguster des friandises tunisiennes, mais il était temps que la session de l’après-midi commence.Jesús García et David Stone ont été chargés de faire participer le public afin qu’il ne cède pas à la tentation de l’après-dîner. Ils ont présenté, au nom du groupe « territoire », les questions et les défis liés à la définition du territoire pour les villes étudiées. La première question est de savoir comment définir un territoire. L’approche simple qui consiste à attribuer un territoire par des polygones de Thiessen ne fonctionne pas lorsque nous ajoutons les quelques éléments de preuve dont nous disposons, qui soutiennent rarement cette simple division territoriale. En outre, nous devons également tenir compte du territoire maritime de nos villes côtières. Mais, dans toutes les affaires, leur présentation a montré qu’avec une estimation approximative du territoire, nous pouvons commencer à analyser les schémas de peuplement et l’utilisation des sols. La présentation du groupe Économie a été faite par Darío Bernal et David Stone, qui ont souligné l’importance d’analyser les aspects économiques des villes étudiées pour comprendre leur développement historique et le relier aux modèles d’évolution des deux régions et de la Méditerranée occidentale pendant l’Antiquité tardive. Baelo Claudia et Leptiminus ont été les exemples choisis pour montrer les possibilités offertes par de telles études économiques, à travers la production de garum et la distribution d’amphores.
Les présentations de Jesús & David (groupe Territorio) et David & Darío (groupe Economie).
Les sessions de groupe ont été clôturées par le groupe du 8e siècle. La présentation officielle du groupe a été faite par María Teresa Casal, qui a donné un aperçu des matériaux, des techniques de construction et des bâtiments qui peuvent être datés de l’insaisissable VIIIe siècle. Les différences quantitatives et qualitatives entre les données disponibles restent le plus grand défi qui confronte le groupe, en particulier pour établir des comparaisons valables et utiles. Elle a également souligné la nécessité d’élargir la fourchette chronologique afin de comprendre réellement les processus de changement qui ont eu lieu au cours de cette période clé. Cette présentation a été suivie d’une autre communication consacrée aux questions du VIIIe siècle, cette fois par Chokri Touihri, les autres membres étant également invités à présenter leurs propres travaux. Sa présentation s’est concentrée spécifiquement sur les sites tunisiens et les problèmes rencontrés dans la datation des matériaux céramiques de ce siècle, et même du 9ème siècle.
Le groupe Siglo VIII, représenté par Mayte, et Chokri lors de leur présentation sur la matérialité des 8e-9e siècles.
La dernière présentation de la journée était par notre expert de la base de données et GIS, Frédéric Pouget. Il a fait une présentation générale de notre WebSIGpour les personnes qui se sont jointes à notre colloque, suivie d’une mise à jour des derniers changements et améliorations. Nous avons maintenant une fonction de recherche qui vous permet de rechercher la base de données par du texte dans les champs. C’était une demande des membres d’ATLAS lors de notre réunion à La Rochelle. De plus, les options de filtrage ont également été mises à jour (par siècles, types de preuves ou d’inscriptions, par ville, etc.), ce qui permet aux utilisateurs d’effectuer des recherches plus spécifiques.
Frédéric présente les nouvelles fonctionnalités de notre WebSIG.
Après cette journée fructueuse, nous sommes rentrés à l’hôtel pour un autre excellent dîner tunisien et pour nous reposer. Mercredi, nous avons pris le bus tôt pour nous rendre à Oudhna.Mercredi 3 mai : Conférence à Uthina (AVMPPC)Après un trajet en bus relaxant, nous sommes arrivés au nouveau centre d’interprétation d’Uthina (Oudhna). Le bâtiment a été inauguré l’année dernière et offre toutes les informations nécessaires sur le site avant de visiter les vestiges archéologiques fantastiquement préservés. Il dispose en outre d’une salle de conférence et d’un restaurant. Bref, un endroit idéal pour réunir des archéologues, des épigraphistes et des historiens de l’Antiquité afin de discuter de l’Antiquité tardive.Nous avons commencé notre deuxième journée par la présentation d’une de nos propres études de cas, Ammaedara (Haïdra), par l’équipe d’archéologues responsable de la recherche la plus récente. Caroline Michel d’Annoville, Mohamed Ben Nejma et Zénaide Lecat ont présenté l’article qu’ils ont rédigé conjointement avec Elsa Rocca, membre d’ATLAS. Ils nous ont donné un aperçu des derniers travaux archéologiques réalisés, y compris les études géophysiques et les fouilles. L’étude géophysique a fourni de nouvelles données pour une meilleure compréhension de la zone située entre le théâtre et le grand bâtiment « à auges », dans le secteur nord-est de la ville. Les fouilles archéologiques se sont concentrées sur la zone de l’éventuel forum, où plusieurs structures productives de chronologie antique tardive ont été trouvées et sont actuellement étudiées.David, qui était la star du colloque, a présenté son troisième et dernier document sur Leptiminus, une autre étude de cas de notre projet. Voici encore, les recherches archéologiques réalisées ces dernières années nous ont montré certains des résultats correspondant aux phases de l’Antiquité tardive. Au cours de cette période, la ville semble se développer à travers un urbanisme polynucléaire, surtout dans les points proches de la zone portuaire, et réduire son extension, une dynamique observée dans d’autres villes nord-africaines comme Lepcis Magna ou Tipasa.
L’équipe d’Ammaedara et David dans le débat après leurs présentations.
Stefan a eu l’honneur de présenter le travail sur Simitthus d’une collaboration allemande-tunisienne (comprenant Moheddine Chaouali, Heike Möller et Philipp von Rummel). Il a revu le status quaestionis et présenté quelques nouveaux résultats dont une basilique avec un éventuel baptistère et un mausolée ou même un martyrium ?Après le traité de plusieurs de nos études de cas du l’Afrique du Nord, il était les temps de laisser la place à des présentations qui offre une approche comparative. Tout d’abord, un autre membre d’ATLAS : Jesús. Cette fois, il nous emmène sur le site algérien de Tipasa et nous présente le travail qu’Alejandro Quevedo et lui réalisent dans le cadre d’un projet de collaboration entre Algériens et Espagnols. En plus d’exposer certains des problèmes auxquels le site est confronté, en raison de l’empiètement urbain et de la mer qui s’approprie de plus en plus de terres, il a également souligné l’énorme potentiel de recherche du site, y compris dans une perspective comparative avec d’autres parties de la Méditerranée.
Stefan et Jesús après leurs présentations respectives.
Avec la session du matin terminée, nous avons dû attendre 15 minutes pour que le déjeuner soit présenté, et sans surprise, tous les participants se sont rapidement dirigés vers le site. Au bout d’une demi-heure, l’organisation a dû rassembler les universitaires sur le site, où ils discutaient de céramiques, de plans de construction et de phases. Le déjeuner fut à nouveau un festin de cuisine tunisienne. En raison des nombreuses demandes pour avoir un peu plus de temps sur le site, le programme a été légèrement modifié et nous avons obtenu une heure supplémentaire pour découvrir et discuter d’Uthina.
Quelques images de notre visite rapide sur le site.
Le programme de l’après-midi a commencé avec Sanaa Hassab, qui nous a emmenés au Maroc et nous a parlé de la réorganisation de la province de Mauretania Tingitana en diocèse d’Hispania et de ses effets sur le système urbain local. Ensuite, l’anthropologue Kahina Mazarai nous a surpris en déclarant qu’elle nous avait étudiés, en étudiant et en discutant du Maghreb dans l’Antiquité. Elle a souligné que la dynamique entre les différents instituts nationaux est problématique, ainsi que l’utilisation de l’Afrique du Nord romaine, qui définit la région avec une terminologie romaine, et donc coloniale. Il est clair qu’il y a eu beaucoup de discussions et de réflexions après sa présentation.
Les présentations de Sanaa et de Kahina ont suscité un débat intéressant.
L’AMVPPC a ouvert la session sur la valorisation du patrimoine. Mohamed Ben Fathallah et Wahid Ben Ghozi ont présenté l’utilisation des dernières technologies pour améliorer notre compréhension et notre interaction. Moiz Toubal nous a ensuite donné un aperçu des pratiques de valorisation appliquées par l’AMVPPC à Bulla-Regia, Dougga et Uthica.
Présentations de Mohamed Ben Fathallah, Wahid Ben Ghozi et Moiz Toubal respectivement, tous de l’AMVPPC.
Avec la dernière présentation de notre conférence, nous sommes revenus à notre propre travail. Laurent a présenté, au nom de Titien et Jean-François, l’avancement de la modélisation 3D de l’ouvrage. En plus de nous donner un aperçu de l’avancement de cette partie importante du projet, il nous a également présenté quelques défis à relever pour les reconstructions des différents bâtiments choisis et les plans de l’exposition itinérante prévue pour l’année prochaine.
Laurent a clôturé le colloque en présentant la future exposition.
Jeudi 4 mai : Visite de Thuburbo Maius et TestourLe dernier jour de notre séjour en Tunisie était placé sous le signe de la détente. Et avec un groupe d’historiens et d’archéologues de l’Antiquité, cela signifie visiter un site archéologique. Pour le troisième jour consécutif, nous avons dû nous lever tôt pour prendre le bus. Tout d’abord, Thuburbo Maius ! Sur le site, nous avons été accueillis par Hamden ben Romdhane, l’archéologue en chef de l’INP pour Thuburbo Maius. Il nous a fait visiter le site. Comme la plupart du groupe était composé de personnes étudiant l’Hispanie, les exclamations d’émerveillement ont été nombreuses. L’archéologie et l’épigraphie des sites du Maghreb sont impressionnantes. Il y a une abondance de murs debout et d’épigraphie qui ne demandent qu’à être étudiés. Hamden nous a montré les différents quartiers de la ville et nous a expliqué leur signification et leur histoire, de la période impériale à l’Antiquité tardive. Au bout de trois heures, nous aurions pu continuer à en apprendre davantage sur cette ville, mais le programme nous obligeait à poursuivre.Photo de groupe dans le capitole de Thuburbo Maius.L’étape suivante était Testour, une ville qui réunit le Maghreb et l’Hispanie. La ville a été fondée entre 1609 et 1614 par les « Moriscos » expulsés par Philippe III d’Espagne. Nous avons commencé par le centre d’information où l’on nous a présenté brièvement l’histoire de la ville. Nous avons ensuite dégusté le meilleur déjeuner qui soit, composé d’une variété de plats locaux. Rechargés, nous étions prêts pour la visite suivante. Cette fois, nous avons été guidés par Mohi Al-Din Al-Shawali de l’AMVPPC. Nous avons commencé par la place principale, avec une présentation du plan de la ville et des éléments andalous visibles dans l’architecture. De là, nous avons parcouru les rues sinueuses de la vieille ville jusqu’à la Grande Mosquée, où nous avons été autorisés à pénétrer dans l’avant-cour. Nous avons ensuite visité la maison d’Habiba Msika. Cette grande maison a été construite par un de ses fans obsédés, qui l’a tuée. Son histoire tragique nous a laissés silencieux pendant un moment. À l’arrière de la maison se trouve une petite bibliothèque, qui contient notamment le livre Ciudades hispano-musulmanas de Leopoldo Torres Balbás. Deux fans voulaient absolument prendre une photo avec le livre 😉 Nous avons terminé la visite sur la place principale où nous avons pu prendre quelques rafraîchissements avant de reprendre le bus pour Tunis pour notre dernier dîner commun.
Quelques photos de notre visite à Testour.
Nous nous souvenons d’un atelier extraordinaire où nous avons pu échanger des idées, voir les progrès des groupes de travail et obtenir de nouvelles perspectives. Mais l’atelier ATLAS n’était pas la seule raison de notre visite en Tunisie. Nos directeurs ont rencontré les directeurs de l’INP pour discuter de notre collaboration. Les directeurs ont profité de l’occasion pour rencontrer le président de l’INP et discuter de la collaboration. De plus, Iconem, notre partenaire pour les reconstructions, a visité Mactar pour faire la photogrammétrie nécessaire du site. Notre prochain et dernier atelier aura lieu dans un an à Madrid !(*)Las imágenes utilizadas incluyen fotografías tomadas por el equipo ATLAS y por los fotógrafos delINPy laAMVPPC.
Le projet ATLAS se définit, comme vous le savez, par une recherche comparative et interdisciplinaire. Comparative entre plusieurs régions et villes étudiées, et interdisciplinaire en raison de l’intégration de différentes sources et types de preuves. Nous avons déjà eu l’occasion de vous présenter cette méthodologie il y a quelques mois. Cette fois-ci, nous y revenons avec un billet consacré à l’analyse d’un type de bâtiment spécifique, la basilique. Notre étude n’est pas exclusivement architecturale, car ces édifices contiennent de nombreux autres témoignages dont l’analyse nous permet de les comprendre de manière globale, en tant que reflet des aspects sociaux et religieux de l’Antiquité tardive.
Mais commençons par le commencement : qu’est-ce qu’une basilique ? À l’époque romaine, les basiliques étaient des bâtiments publics, généralement situés sur le forum des villes et utilisés pour de multiples fonctions, en particulier pour l’administration de la justice ou comme lieu de réunion pour discuter des affaires de la communauté civique. C’est très probablement l’origine des basiliques chrétiennes, ou églises, qui sont celles qui nous intéressent aujourd’hui. Les changements sociaux, politiques et religieux qui ont eu lieu durant l’Antiquité tardive ont entraîné la désaffectation des basiliques civiles, mais leur tradition architecturale et fonctionnelle s’est maintenue, avec certaines innovations, dans les bâtiments qui abritaient alors les réunions de la communauté (chrétienne).
Comparaison des plans architecturaux de la basilique de Maxence et de la basilique Sainte-Marie-Majeure (projet original), toutes deux à Rome (G. Dehio et G. von Bezold, Wikimedia Commons).
Dans le cadre de notre projet, nous avons rencontré de nombreuses basiliques chrétiennes, certaines mieux conservées que d’autres, certaines avec plus de données épigraphiques, d’autres avec plus de données archéologiques. Pour l’étude interdisciplinaire et comparative que nous proposons, nous avons besoin d’exemples similaires pour lesquels nous disposons de bonnes données, tant en termes quantitatifs que qualitatifs. Pour cette raison, nous nous concentrerons principalement sur les basiliques qui, en plus d’avoir fait l’objet d’études archéologiques spécifiques, disposent d’un bon volume d’inscriptions accessibles par le biais de bases de données ou d’ouvrages épigraphiques de référence. Concrètement, nous allons analyser la basilique de Melléus à Haïdra (Ammaedara), celle de Hildeguns à Makthar (Mactaris) et celle de Sainte Eulalie à Mérida (Emerita). Toutes ces basiliques remplissent les conditions susmentionnées et possèdent en outre des dizaines de tombes et d’épitaphes à l’intérieur ou autour d’elles, c’est-à-dire qu’il s’agit de basiliques funéraires. Cette particularité nous permet d’inscrire notre étude dans une perspective sociale, soit à travers les restes humains, soit à travers les inscriptions funéraires. Ainsi, en plus de s’interroger sur l’emplacement de la basilique dans la topographie de la ville (à l’intérieur ou à l’extérieur des murs, près ou loin des anciens centres de pouvoir) ou sur l’orientation du bâtiment lui-même (peut-être liée à des changements religieux), nous pouvons, au niveau micro-spatial, nous interroger sur la position des tombes à l’intérieur ou à côté de la basilique et examiner des questions de nature démographique, telles que l’âge, le sexe ou la position sociale des personnes inhumées. Mais en même temps, nous pouvons aussi observer leur évolution dans le temps, en tenant compte des différences chronologiques dans les épigraphes et de l’évolution architecturale des bâtiments eux-mêmes.
Cependant, comme nous le verrons, ces questions sont parfois plus faciles à poser qu’à résoudre. L’étude de ces édifices nous confronte à plusieurs défis, dont l’un des plus évidents est de savoir si la basilique est encore utilisée ou non. À cet égard, le fait que la basilique de Santa Eulalia ait été fouillée est tout à fait inhabituel. Il s’agit d’une église qui fonctionne encore aujourd’hui, et il n’est donc pas évident d’obtenir l’autorisation de fouiller l’intérieur, où se trouvent probablement les tombes des saints de la région. Malheureusement, les basiliques qui ne sont plus en usage présentent elles aussi des inconvénients. Ces bâtiments ont souvent été utilisés comme « carrières » à des époques ultérieures, c’est-à-dire que leurs matériaux ont été réutilisés pour construire de nouveaux bâtiments, ce qui a souvent entraîné la destruction ou du moins l’altération de l’enregistrement stratigraphique.
Plan de la basilique de Melléus à Haïdra et épitaphe de Melléus et de Cyprien qui s’y trouvent (Images de Duval 1975).
Malgré cela, il est intéressant de noter que les données épigraphiques de la basilique de Melléus à Haïdra est mieux conservé que celui de Sainte-Eulalie à Mérida, et ce pour les mêmes raisons. Comme l’église de Sainte-Eulalie est restée en usage et a entretenu la mémoire du martyr, sa pertinence religieuse s’est maintenue et l’intérêt pour l’inhumation à l’intérieur de celle-ci s’est également maintenu. Ainsi, pour placer ces nouvelles tombes, les précédentes ont été affectées et même déplacées. Par conséquent, une seule épitaphe a été retrouvée in situ : la triple inscription de Grégoire, Perpétua et Heleuterius. La basilique de Melléus, abandonnée, est passée inaperçue face à l’ampleur des autres constructions monumentales de Haïdra. Heureusement, son dossier archéologique a été préservé jusqu’aux premières fouilles du début du 20e siècle.
Triple épitaphe trouvée in situ dans la basilique de Santa Eulalia à Mérida (CILAE 1287).
Malgré les problèmes de localisation, nous pouvons étudier l’épigraphie selon une multitude de critères. Par exemple, on peut extraire beaucoup d’informations en regardant simplement le support ou l’objet sur lequel l’inscription a été faite. Les inscriptions funéraires peuvent être gravées, entre autres, sur des dalles de sarcophages, des petites plaques recouvrant une niche ou des stèles. Cela nous renseigne déjà sur les pratiques funéraires. De même, nous pouvons analyser la matérialité : quel type de pierre a été utilisé, une pierre locale ou un morceau de marbre importé ? Une fois l’objet déterminé, nous pouvons nous tourner vers le texte, qui non seulement nous fournit beaucoup d’informations, mais peut aussi soulever encore plus de questions. Nous avons déjà abordé la question des inscriptions de type locus de la Basilique de la Citadelle de Haïdra, qui restent une énigme quant à ce qu’elles désignent. Mais avant de lire le texte, on peut aussi s’informer à partir d’autres éléments. Dans la transition entre la période impériale et l’Antiquité tardive, nous trouvons souvent une iconographie chrétienne à côté du texte. Nous pouvons penser à des symboles clairs comme la croix, le staurogramme ou un christogramme, mais une iconographie moins claire comme les colombes et les poissons était également souvent utilisée.
Après avoir analysé tous les autres éléments de l’inscription, il est temps d’examiner le texte lui-même. Les épigraphes funéraires utilisent souvent de nombreuses formules, c’est-à-dire qu’elles tendent à suivre un modèle commun avec des expressions standardisées. Ainsi, nous trouvons différentes formules funéraires, comme D(is) M(anibus) S(acrum), qui signifie « Consacré aux dieux Mânes » et qui est en fait une formule initiale standard. Cette formule est généralement associée aux inscriptions païennes, mais comme il s’agit d’une expression pratiquement indissociable des inscriptions funéraires depuis des siècles, son utilisation a également été conservée dans les inscriptions chrétiennes pendant un certain temps. C’est ce que montrent plusieurs inscriptions chrétiennes de la basilique de Hildeguns à Makthar, qui commencent toujours par l’expression DMS. Par exemple, la tombe du clerc Rogatus, enterré dans cette même basilique, était recouverte d’une dalle de calcaire portant l’inscription suivante :
D(is) M(anibus) S(acrum) (cruz griega) Rogatus cleri- cus fidelis bixit in pace annis bi- ginti q(u)inq(u)e men- ses q(u)atuor (h)ora- s septe
L’inscription est clairement chrétienne, comme en témoignent la croix grecque et le fait qu’il s’agit d’une inscription cléricale. Le texte contient d’autres indications de sa nature chrétienne. Fidelis, fidèle, apparaît souvent dans les inscriptions funéraires chrétiennes, ce qui indique probablement que Rogatus a été baptisé. Il en va de même pour la formule in pace. D’autre part, il semble que Rogatus, ou ses proches, ait également surveillé de près son âge : il avait 25 ans, quatre mois et sept heures. On a avancé que cette indication très précise est en rapport avec la brièveté de sa vie : il valait la peine de noter les heures qu’il a vécues, puisqu’il n’a vécu que peu de temps. En ce sens, l’âge de la mort est le plus souvent mentionné dans les inscriptions chrétiennes, car il marque le passage de la vie terrestre à la vie céleste. C’est pourquoi on trouve aussi parfois la formule plus minus, qui sert à indiquer une estimation de l’âge lorsque celui-ci est incertain.
Il est clair que des informations telles que le nom, la fonction et l’âge peuvent nous donner une idée des personnes enterrées dans les églises. Nous pouvons également poser des questions sur l’âge, le sexe, la répartition des sexes, la fonction et la chronologie. Cette dernière est possible lorsque nous disposons de l’ère ou de l’indictio (un type de registre chronologique typique de l’Antiquité tardive) ou en utilisant des méthodes indirectes de reconstitution de la datation, basées sur la paléographie (la façon dont elle est écrite) ou le contexte archéologique. Ce type de datation permet d’observer des changements de formules dans le temps, ou des changements dans les coutumes funéraires pendant la période d’utilisation des églises. Il faut cependant tenir compte d’un point important : l’épigraphie est très partiale. Tout le monde n’avait pas les moyens de s’offrir une inscription, ni même le droit d’être enterré dans les murs de la basilique. Il faut donc être prudent dans les conclusions que l’on peut tirer sur la population des villes étudiées. Néanmoins, en tenant compte des limites de l’archéologie et de l’épigraphie, nous pouvons observer de nouveaux modèles et comprendre un peu mieux l’utilisation des basiliques dans l’Antiquité tardive en Hispanie et en Afrique. Dans un futur proche, nous espérons publier un article sur ce sujet, mais pour l’instant il s’agit d’un travail en cours. Nous vous encourageons à suivre nos réseaux sociaux si vous voulez voir nos visages heureux lorsque la publication sortira !
Derrière chaque groupe de recherche se cachent des assistants assidus, dont la plupart sont encore étudiants. Dans le cadre de notre projet, trois étudiants-assistants allemands travaillent avec nous. Le blog d’aujourd’hui est consacré à leur travail, donnant à chacun l’occasion de se présenter et d’expliquer ses fonctions au sein de notre projet.
La première à joindre le projet ATLAS était Jill Lilian Fischer, dès le début du projet pendant son troisième semestre de BA à l’Université de Hambourg. Actuellement, elle est une étudiante de premier semestre de sa maîtrise en Histoire. L’une de ses premières tâches (qui se poursuit) a été de traduire les blogs en français. Humble comme toujours, elle précise qu’elle n’est pas de langue maternelle. En outre, elle a fait un travail considérable de conservation des bibliographies et de saisie des références dans notre base de données Zotero. Depuis cette année, la tâche principale est devenue la numérisation des cartes et des données à l’aide de QGIS. En tant que véritable fan de cartes de toutes sortes et de toutes formes (historiques et fantastiques), elle était plus qu’heureuse d’apprendre QGIS et d’explorer ses possibilités pour créer de nouvelles cartes.
Comme il y avait beaucoup de travail à faire, Tjaard Jantzen, étudiant en histoire et en mathématiques pour l’enseignement scolaire, a rejoint le projet ATLAS en octobre 2021. Il est actuellement au premier semestre de son maître d’enseignement. Depuis il a rejoint ATLAS, il passe la plupart de son temps à remplir des feuilles de calcul Excel pour numériser et trier les données épigraphiques, qui peuvent ensuite être transférées dans la base de données. Il est également chargé d’emprunter et d’obtenir les livres qui contiennent des données pertinentes. En outre, une partie de son travail consiste à rechercher des citations dans les sources littéraires anciennes qui se rapportent aux études de cas du projet. Comme Lilian et Sebastian, il a suivi un cours sur la création de cartes dans QGIS au printemps 2022 et prend plaisir à créer et numériser des cartes pour le projet ATLAS depuis lors.
Plus récemment, Sebastian Meyer a rejoint l’équipe des assistants étudiants en avril 2022. Étudiant en histoire et en mathématiques pour l’enseignement au lycée, il est maintenant un premier semestre dans le « Master of Education ». Peu de temps après avoir rejoint le projet ATLAS, il a participé à un cours avec les assistants étudiants d’ATLAS Lilian et Tjaard pour apprendre à numériser des cartes avec QGIS. Outre le travail bibliographique, principalement avec la base de données Zotero, sa principale tâche depuis lors a été de numériser des cartes pour le projet.
Assistants étudiants Lilian et Sebastian travaillent dans le bureau d’ATLAS à Hambourg.
Apprendre comment numériser et créer une carte
Lorsque nous avons commencé à travailler avec des cartes, nous avons été déçus. L’œuvre glorieuse à laquelle nous étions censés consacrer notre temps était une simple feuille de calcul Excel qui, bien sûr, ne ressemblait pas du tout à un atlas ou à une carte. Ce que nous faisions était un travail soit fatigant (beaucoup de copier-coller), soit peu spectaculaire (passer au peigne fin des tonnes de littérature juste pour découvrir qu’une certaine inscription était étonnamment gravée dans la pierre). Au début, nous ne savions pas pourquoi nous faisions ça. Bien sûr, il est agréable de connaître les coordonnées exactes d’une ville antique ou l’emplacement d’une inscription. Mais le projet ne portait-il pas sur les cartes et les trucs cool de ce genre ?
Feuille de calcul Excel
C’est alors que Pieter a nous présenté QGIS (voir le cours en ligne). Et bientôt, nous allions apprendre comment une feuille de calcul excel se transformait à une magnifique carte non seulement précise mais aussi personnalisable.
Importation de données Excel
Il existe deux chemins d’implémenter les positions des villes que nous souhaitons avoir sur nos cartes en tant que couches de points dans notre programme QGIS. Dans le premier cas, nous créons une couche de points et définissons manuellement des points pour représenter les villes. Le problème est que ces points restent imprécis car nous ne pouvons pas assurer que les villes sont exactement là où nous pensons elles sont (même avec une carte géoréférencée comme base, ce qui sera discuté plus tard).
Ainsi, au cours de leurs premières tâches avec QGIS, les trois étudiants assistants ont rapidement compris pourquoi les feuilles de calcul Excel, sacrées pour Pieter, jouent un rôle crucial dans le projet ATLAS. Grâce aux coordonnées qui ont été introduites dans les fichiers Excel, QGIS fournit la fonction permettant d’ajouter une « couche de texte délimité ». En spécifiant les colonnes où se trouvent les coordonnées X et Y de nos villes, nous avons ainsi la merveilleuse opportunité d’implémenter les villes dans QGIS de manière fidèle à leur emplacement. En plus de la précision, cela offre un autre avantage décisif : toutes les autres informations du tableau ont déjà été ajoutées à la couche et peuvent être révisées et complétées de manière flexible via Excel. Cela rend la création de cartes spécifiques beaucoup plus flexible pour les utilisateurs de QGIS.
Importation de nos données Excel
Par exemple, l’une de tâche de Sebastian à la fin de dernière année était de créer une carte thematique de Gaule. Utilise les informations sur les villes de Gallia, Sebastian a créé des cartes qui nous montrent les villes mentionnés dans la Notitia Galliarum (4e siècle à 6e siècle) et par Grégoire de Tours (6e siècle) et, en plus, les villes d’emboutissage (4e à 6e siècle).
Toutes ces informations avaient été implémentées par le biais d’une nouvelle colonne dans la feuille de calcul Excel. Après avoir codé avec un « 1 » dans la ligne de la ville gauloise lorsque le critère s’applique, on peut facilement transférer l’information désirée comme sous-couche dans notre fichier QGIS via la fonction filtre.
Codage et fonctions de filtre dans Excel. C’est moins compliqué que prévu ! (Données de Jürgen Strothmann (Hrsg.), Civitates, regna und Eliten. Die regna des Frühmittelalters als Teile eines „unsichtbaren Römischen Reiches)
Les feuilles de calcul Excel sont le moyen le plus simple d’alimenter notre carte avec des lieux précisément localisés. Cependant, les villes seules ne font pas une carte : nous avons encore besoin de rivières, de routes et de frontières, surtout dans un contexte ancien. La deuxième étape importante que nous avons franchie a donc été d’apprendre à numériser des cartes imprimées afin d’utiliser leur contenu qui n’est pas nécessairement lié à un seul endroit comme le sont les villes.
Géoréférencer une carte
En suivant notre tutoriel, nous avons utilisé une carte imprimée pour créer un nouvel ensemble de données sur les frontières provinciales. La première étape est toujours la même : si nous voulons utiliser le contenu d’une carte imprimée (par exemple, les lignes de démarcation de la Gaule du 4ème siècle), nous devons faire correspondre les coordonnées de la carte imprimée avec notre carte QGIS. Idéalement, nous relions l’emplacement d’une ville ou d’un point de repère important au point correspondant dans QGIS afin que QGIS soit en mesure de relier la carte scannée à ses propres couches cartographiques. Cela peut sembler un peu étrange – les cartes imprimées ne sont souvent pas vraiment mises à l’échelle ou compressées pour mieux s’intégrer dans une publication. Il existe même des exemples où cette façon de géoréférencer une carte ne fonctionne pas. De nombreuses cartes sont trop inexactes ou les lieux ne sont que vaguement au bon endroit. QGIS est, en fin de compte, un programme relativement jeune et certainement pas connu de tous, il n’est donc pas surprenant que la plupart des cartes ne soient pas exactement géoréférencées.
Une carte géoréférencée (Panzram (eds.) 2018 Entre civitas y madina) dans QGIS. Cela ne fonctionne pas vraiment comme vous pouvez le voir au niveau des emplacements des villes : Les points orange étiquetés symbolisent les véritables emplacements des villes, tandis que la carte géoréférencée est décalée en raison de l’imprécision de ses lieux…
Après avoir géoréférencé une carte dans QGIS, nous pouvons numériser son contenu comme nous souhaitons, en utilisant des couches de points pour les lieux, des couches de lignes pour les routes et les frontières et des couches de polygones pour les mers. Au final, nous disposons des couches pour créer une carte qui est soit une version géoréférencée d’une carte autrefois vaguement dessinée, soit une carte qui contient des données provenant de sources multiples. La carte, cependant, n’est toujours pas une vraie carte telle qu’on l’imagine dans un atlas traditionnel. Elle est plus comparable à un Google-maps : Vous pouvez zoomer et dézoomer et elle n’est pas nécessairement aussi esthétique comme une carte imprimée. Cela nous amène à notre dernier point : Créer une carte qui soit prête à être publiée.
La beauté des cartes
Quand le travail avançait, chaque étudiant assistant s’est vu attribuer sa propre région pour laquelle il devait produire des cartes dans un avenir proche. Comme vous savez tous, ATLAS se concentre sur trois régions. Alors que Sébastien a complété la feuille de calcul pour la Gaule, Tjaard et Lilian ont passé au peigne fin de nombreuses publications pour trouver des inscriptions situées en Afrique du Nord et en Espagne. Au final, Lilian a choisi l’Afrique du Nord comme sa « spécialité cartographique » et Tjaard était responsable de l’Espagne antique.
Chacuns des trois a maintenant été confronté à la tâche de finaliser une carte afin qu’elle soit prête à être publiée. Dans les prochains mois, nous publierons des cartes issues de nos travaux via la page Maps-to-go.
Heureusement, QGIS dispose d’un outil permettant de créer une mise en page d’impression de votre couche cartographique. Il est relativement facile à manipuler et permet de créer une image (Jpeg, Png, tiff et bien d’autres formats) de votre carte qui peut être lue par importe quel ordinateur sans installer QGIS et, bien sûr, qui peut être imprimée et donc publiée. Avec le gestionnaire de mise en page, il est également possible de créer différentes cartes, toutes basées sur la carte QGIS. Les composants de la version imprimée de la carte dépendent des couches que l’on décide d’activer. Ainsi, chaque carte contient exactement ce que on peut souhaiter.
Mais, comme toujours, il y a un hic. Ne serait-il pas plus simple d’utiliser les étiquettes créées par QGIS ? C’est effectivement possible, mais le résultat n’est pas tout à fait satisfaisant, comme vous pouvez le voir sur l’image.
L’activation des étiquettes peut conduire à des cartes déplaisantes et assez chaotiques.
Dans ATLAS, nous nous efforçons également d’utiliser un design harmonieux pour nos cartes : des lignes de démarcation jaunes (le jaune est la couleur d’ATLAS !), un fond qui ressemble un peu à une carte peinte et des symboles de ville simples mais faciles à reconnaître.
En gardant cela à l’esprit, les étudiants assistants ont dû apporter un dernier réglage à la carte. Au lieu de se contenter d’activer les étiquettes, ils créent de nouveaux champs de texte pour tout ce qui a besoin d’un nom, ce qui permet de déplacer, de faire pivoter et de mettre à l’échelle les étiquettes à volonté. Les seuls problèmes auxquels ils doivent encore faire face sont le fait que toutes les régions ne sont pas aussi faciles à représenter. Par exemple, la création de la carte de la Gaule est satisfaisante à sa manière : La France a une forme idéale pour remplir le plan de la carte tout en laissant suffisamment d’espace pour ajouter une légende. Les villes romaines sont réparties uniformément dans les provinces et il y a suffisamment d’espace pour que chaque ville soit étiquetée de manière attrayante.
Gallia n’est-elle pas un bel endroit à voir sur une carte ?
Concevoir une carte agréable de l’Afrique du Nord est moins simple parce qu’elle contient beaucoup de villes à l’est qui sont souvent proches les unes des autres. Mais il y a toujours une solution. Heureusement, le gestionnaire de mise en page de QGIS dispose d’un outil permettant d’ajouter une deuxième carte ou plusieurs. Ainsi, vous pouvez générer une carte avec de plus petites cartes détaillées pour montrer les zones densément peuplées.
Créer chaque étiquette à la main demande un peu de temps, mais cela vaut la peine !
Enfin, la carte imprimable est entre nos mains. La feuille de calcul excel autrefois ennuyeuse est alimentée en une couche visuelle attrayante qui contient toutes les informations nécessaires et peut être personnalisée individuellement.
Le travail des étudiants assistants est – bien que parfois ennuyeux ou fatigant – satisfaisant et même créatif. Dès qu’il y a besoin d’une carte avec des éléments spéciaux, les trois sont capables de créer une carte parfaitement adaptée. L’avenir du projet nous réserve encore de nombreuses possibilités de cartes qui mettront à contribution nos étudiants assistants. Derrière les cartes conçues, les groupes de recherche travaillent à ajouter de nouvelles précisions et à interpréter et analyser l’atlas autour de nos études de cas. Au final, les cartes sont un outil utile et attrayant pour visualiser certains résultats de recherche et accompagner nos articles universitaires. Si vous ne avez pas encore fait, n’hésitez pas à regarder nos dernières cartes et assurez-vous de revenir de temps en temps car nous essayons de mettre à jour nos cartes aussi souvent que possible !
Work-in-Progress des principales régions d’ATLAS réunies sur une carte réalisée par nos étudiants assistants, à l’aide d’une feuille de calcul Excel et de multiples couches géoréférencées
La première année complète s’est terminée, et comme l’année dernière, nous avons passé un bon moment. Normalement, on devrait commencer une nouvelle année à un rythme facile, particulièrement après ces conférences d’automne, qui nous rappellent toujours que nous devrions nous ménager. Mais pas au ATLAS ! Nous avons commencé l’année 2022 avec un colloque de projet à Hambourg qui nous a permis d’échanger des idées avec les experts invités par nos différents groupes de recherche.
Photo de la réunion de projet à Hambourg
C’est donc en février, plutôt qu’en janvier, que nous avons eu le temps de nous reposer et de nous concentrer exclusivement sur notre recherche sur les études de cas. En effet, nous avons finalement terminé l’étude de Mérida, l’une des villes pour lesquelles nous disposons du plus grand nombre d’informations, afin de relever un autre grand défi : collecter, analyser et synthétiser l’énorme quantité de données disponibles sur Carthage dans l’Antiquité tardive. Et dès le départ, nous avons pu constater que cette ville offre de grandes possibilités, tant pour la recherche archéologique (link) que pour la recherche épigraphique !
Les Thermes d’Antonin (à gauche) et l’inscription mentionnant les empereurs (à droite)
En mars nous avons eu une surprise merveilleuse : Qui aurait cru que nous pourrions profiter de la fascinante Carthage in situ) ? Les directeurs devant se rendre en Tunisie pour finaliser les détails de la collaboration avec l’Institut National du Patrimoine (INP), il a été décidé que c’était une bonne occasion d’organiser un voyage de travail. Pour les postdocs, il était le premier voyage à Tunis et nous étions les premiers à arriver, ce qui nous a permis de visiter l’ancienne Carthage et de bien connaître la ville. Mais surtout, au cours de ces journées, nous avons pu rencontrer nos collègues, discuter des recherches que nous menons à ATLAS et établir de nouvelles collaborations. En fait, ces discussions ont même conduit à un changement dans la sélection des études de cas, puisque nous avons décidé de travailler sur Mactaris.
Présentation du projet à l’INP et rencontre avec Mdme Ennabli au Musée de Carthage.
En mai, les postdocs ont fait un léger détour du projet. Ada a resté un peu plus proche à ATLAS, et a participé à l’excavation à Baelo Claudia, organisée dans le cadre du projet Circ-E. En même temps, Pieter est allé à Oxford pour participer à l’atelier de projet de LatinNow (après deux années, il a enfin pu revoir ses collègues en personne !). Ces escapades montrent en fait l’autre facette de la vie universitaire : nous sommes toujours impliqués dans d’autres projets et pensons à en lancer de nouveaux.
Mais bien sûr, tous les mois ne sont pas excitants. Le reste des mois est consacré à développer nos recherches au manière plus intensive. Grâce à cela, nous avons pu terminer l’étude de Mérida au début de l’année, avant les vacances d’été nous avons terminé Carthage et à la fin de l’année nous avons pu terminer Mactar. En outre, nous avons une autre constante, à savoir les réunions des groupes de recherche, même si celles-ci ont tendance à se concentrer sur les dates des réunions de projet. En effet, peu avant les vacances d’été, la plupart des groupes se sont réunis pour organiser le travail à faire après l’été et pour préparer la prochaine réunion à La Rochelle.
Capture d’écran de certaines des réunions de groupe d’ATLAS
En septembre, les feuilles ont recommencé à se colorer, ce qui signifie que beaucoup de choses se sont passées depuis le dernier automne des congrès. Nous avons tenu parole et nous nous sommes abstenus de planifier de nombreux congrès jusqu’à ce moment-là, pour nous rendre compte que nous sommes tombés dans le même piège : au lieu de répartir les congrès sur l’année, nous les avons concentrés à nouveau en automne. Par ailleurs, au début de l’année académique, nous avons accueilli Titien Bartette, un nouveau membre d’ATLAS, chargé de travailler sur les restitutions en 3D des monuments et villes choisis pour être présentés dans notre exposition itinérante.
Notre troisième réunion d’ATLAS était prévue en novembre, le mois d’octobre a été principalement consacré à la préparation des présentations. Les groupes de recherche ont été particulièrement actifs dans ce mois, mettant au point les derniers détails. L’atelier s’est déroulé au début du mois de novembre, et ce fut deux jours intenses de présentations et d’échanges d’idées fructueux. En outre, à la fin du mois, plusieurs membres du projet se sont retrouvés à Hambourg pour participer à la conférence Shifting Cities, organisée par le centre RomanIslam.
Réunion ATLAS à La Rochelle (à gauche) et membres à Shifting Cities (à droite)
Tout en essayant de reprendre notre souffle en décembre, Sabine et Pieter ont dû se rendre à la dernière conférence de l’année : Africa Romana à Sbeitla. Ils y ont présenté un article sur le culte impérial dans la période Julio-Claudienne, écrit avec notre membre d’ATLAS Stefan Ardeleanu. Visiter Africa Romana est une expérience que nous pouvons recommander. Outre que l’échange d’idées et les discussions fructueuses après les exposés, la conférence offre un large éventail d’activités. Le premier jour a commencé par un intermezzo musical par un joueur de oud. Le dernier jour comprenait une visite d’Ammaedara sous la direction de François Baratte, qui a dirigé les fouilles pendant des années. Nous n’aurions pas pu rêver d’une meilleure façon de voir cette étude de cas.
François Baratte et Sabine à Ammaedara
En vérité, rétrospectivement, nous pouvons dire que cette année a été très productive. Nous avons beaucoup appris sur nos sites d’étude (nous avons même appris à connaître certains d’entre eux de première main) et les groupes de recherche nous ont permis de progresser dans la méthodologie et les propositions de notre projet. Malgré tout, nous avons aussi quelques résolutions de nouvelle année : l’année prochaine, nous allons tout organiser beaucoup mieux. Fini les plannings serrés, fini les automnes de conférences, les groupes de recherche ne travailleront pas jusqu’à la dernière minute… Nous verrons comment nous nous débrouillerons. Pour l’instant, la première échéance est le 13 janvier, date à laquelle les groupes de recherche doivent soumettre les résumés de leurs chapitres respectifs pour la publication finale. Heureusement, la prochaine réunion est déjà inscrite dans nos calendriers pour le printemps, bien loin de l’automne. Du 1er au 5e mai, nous nous retrouverons pour le quatrième atelier international du projet ATLAS, cette fois en Tunisie ! Nos collègues tunisiens prévoient déjà des visites sur place, et nous avons hâte d’être en 2023 !
Chaque année, les membres du projet se réunissent dans l’un de centre de recherche. Après Madrid et Hambourg, il était temps d’y aller à La Rochelle. Pour les directeurs et postdocs, c’était un retour heureux dans une cité différente, avec des gens et restaurants : notre dernière visite pour lancer le projet et le WebSIG était mid-pandémie. Nos ateliers sont hybrides, permettent aux membres de les planifier dans leurs calendriers occupés. Heureusement, plusieurs membres ont participé en personne pour présenter le travail de groupe. Comme nous avons commencé le mercredi matin, les participants sont arrivés le mardi. Cette arrivée tôt de la plupart des participants a conduit à un dîner de projet non officiel accidentel où nous avons pu apprécier de nous retrouver et de partager de bonnes pizzas.
Les directeurs, Laurent Brassous et Sabine Panzram, lors de l’ouverture de l’atelier.
Mercredi 9e novembre
Le premier jour d’atelier a commencé tôt avec la bienvenue par nos directeurs Sabine Panzram et Laurent Brassous (qui a organisé tout l’atelier). Leur introduction a offre un aperçu du travail accompli jusqu’à présent et, surtout, du travail qui reste à faire. Le projet aboutira à la publication d’un companion où nous avons rassemblé les recherches que nous avons menées au fil des ans. La date limite pour les manuscrits de chaque groupe de recherche est le 1er décembre. Notre prochaine réunion étant prévue début mai 2023 à Tunis et il semble que ce soit le meilleur endroit pour présenter nos premières ébauches pour le compagnon. La réunion finale aura lieu en avril 2024 à la Casa de Velázquez à Madrid. Après ces annonces importantes sur le ménage, il était temps de commencer les présentations et les discussions.
Le premier groupe de recherche pour présenter était la groupe Terminologie et Pouvoir politique. Il a expliqué que les deux groupes précédents, Terminologie et Pouvoir politique, étaient composés de presque les mêmes personnes et faisaient des recherches sur les mêmes sujets. Ils ont donc décidé de fusionner les groupes à un seul. Ils se concentreront sur les idées qui sous-tendent la définition de la ville, et ses relations avec les pouvoirs impériaux et religieux dans l’Antiquité tardive. La première présentation de ce groupe a été faite par Álex Corona (Universidad de Valladolid) sur le rôle des évêques au-delà de la religion. Il soutient qu’au fil du temps, les évêques ont eu tendance à assumer des rôles plus profanes et ont ainsi contrôlé la juridiction et l’administration des villes. Stéphanie Guédon (Université de Limoges) poursuit avec l’évolution des affiliations sociales et culturelles dans la région de Sufetula. Elle montre que l’affiliation à une communauté urbaine trouvée dans l’épigraphie funéraire impériale se transforme en une affiliation chrétienne.
Stéphanie Guédon a fait l’une des présentations du groupe « Terminologie et pouvoir politique ».
Pour le groupe Territoire Fred Hirt (Université de Liverpool) et Pieter Houten (Universität Hamburg) ont présenté les territoires de deux villes minières parmi nos études de cas : Simitthus et Carthago Nova. Les données disponibles pour ces deux études de cas étant très différentes, la présentation a été conçue comme deux sections distinctes. Alors que Simitthus a connu un renouveau de l’exploitation des carrières dans l’Antiquité tardive, l’exploitation minière de Carthago Nova a pris fin dès le deuxième siècle et n’est jamais revenue. Cependant, grâce à une étude récente de l’arrière-pays de Carthago Nova, nous pouvons reconstituer la dynamique de cette région. Malgré le peu de travaux effectués sur le territoire de Simitthus, il est possible de reconstruire une partie de la dynamique grâce aux données épigraphiques.
Alfred Hirt et Pieter Houten nous ont offert une analyse du territoire de Simitthus et de Carthago Nova.
Ada Lasheras (EHEHI – Casa de Velázquez) a présenté les travaux sur le VIIIe siècle. Cette fois, la groupe a réalisé une étude approfondie des données disponibles sur ce siècle dans chacune des villes de l’étude de cas ATLAS. Malgré ce que l’on pourrait penser a priori, la présentation du groupe a montré une quantité remarquable d’informations, principalement de nature archéologique. Il est cependant tout aussi vrai qu’il existe des différences très marquées selon les régions et les villes spécifiques, montrant non seulement des évolutions urbaines différentes mais aussi la nécessité de poursuivre les recherches et les fouilles, en particulier dans la zone nord-africaine.
Ada Lasheras présente les travaux du groupe « VIIIe siècle ».
Après cette matinée inspirante avec des discussions fondamentales sur l’urbanisme dans l’Antiquité tardive, nous nous sommes dirigés vers le port de La Rochelle pour le déjeuner. Les personnes placées aux fenêtres ont eu droit à des vues magnifiques pour accompagner les fruits de mer frais dans les assiettes. Les conversations du dîner ont varié des discussions scientifiques aux futilités. Tous rafraîchis et rechargés, nous avons pu poursuivre l’atelier.
Panorama du port de La Rochelle
Le groupe d’épigraphie s’est vu confier la tâche de lutter contre l’apéritif d’après dîner. Ils ont joué leur meilleure carte en demandant à Javier Arce (Université de Lille) de faire un exposé magistral sur l’inscription Comentiolus de Carthago Nova. Il est toujours intéressant de voir comment un seul texte peut ouvrir des débats sur la présence de troupes, la position de Carthago Nova comme capitale (ou non) et la réorganisation des territoires. Pieter Houten (Universität Hamburg) a ensuite présenté les travaux du groupe d’épigraphie sur les inscriptions de bâtiments. Ils proposent d’élargir la définition des inscriptions de bâtiments pour y inclure celles qui commémorent la sacralisation d’une église. Pour aller plus loin, ils proposent de placer la caritas dans la lignée de l’eurgétisme.
Les présentations du groupe épigraphie ont été faites par Javier Arce et Pieter Houten.
Laurent Brassous a présenté les travaux du groupe de recherche le plus important, Espaces urbains, sur l’habitat dans l’Antiquité tardive, pour lequel nous disposons de nombreuses informations. Il a commencé par un bref aperçu de la bibliographie sur l’habitat. Même si l’on constate un regain d’intérêt, les recherches ont tendance à se concentrer sur des zones spécifiques. L’Afrique du Nord semble être ignoré jusqu’à présent. ATLAS peut y jouer un rôle important pour mettre le logement sur la carte.
La présentation du groupe Espaces urbains dépendait de Laurent Brassous.
Après une courte pause-café, nous nous tournons vers les présentations des invités, ce qui permet de comparer notre travail à celui effectué en Gaule. Marc Heijmans (Centre Camille Jullian) nous donne un aperçu du développement urbain dans le sud de la Gaule. Il montre les différents éléments urbains que l’on peut trouver dans les villes, comme les périmètres fortifiés. La présentation suivante de Didier Bayard (INRAP) était principalement axée sur les murs urbains, puisqu’il a concentré son exposé sur la récente publication : Villes et fortifications de l’Antiquité tardive dans le nord de la Gaule. Les présentations conjointes ont donné un bon aperçu du développement urbain de la Gaule dans l’Antiquité tardive.
Marc Heijmans (ci-dessus) et Didier Bayard nous ont donné une vue intéressante à partir de la Gaule.
Après cette longue première journée, il était temps de conclure la journée par un dîner en ville. Comme nous disposions d’un peu de temps entre la fin des présentations et le début du dîner, certains ont décidé de faire une sieste rapide, d’autres ont flâné dans la ville pour admirer les façades illuminées du port et quelques-uns ont décidé de déguster des bières locales sur la terrasse du restaurant. Le dîner à Prao, composé d’ingrédients locaux frais, était magnifique. Les conversations à table se sont déplacées entre des discussions continues sur l’Antiquité tardive et les triviaux des accords mets et vins. Pour certains, la soirée n’a pas pu se terminer plus tôt et ils se sont retrouvés dans un pub irlandais pour un digestif.
L’agréable dîner et la nourriture après le premier jour de l’atelier
Mardi novembre 10e
Jeudi matin, nous avons eu les dernières sessions sur la méthodologie de nos différents objectifs de projet. Nous avons commencé par le WebSIG présenté par nos post-docs Ada Lasheras (Casa de Velázquez) et Pieter Houten (Universität Hamburg). Ils ont montré l’interface du webSIG et expliqué leur flux de travail. Plus important encore, ils ont attiré l’attention sur la partie ouverte du webSIG, où les gens peuvent voir le travail effectué. Cela permet aux experts de vérifier notre travail et de nous signaler les entrées incomplètes, manquées ou même erronées. La discussion sur les fonctionnalités du webSIG a été très utile et conduira à des changements afin que nous ayons plus de possibilités de recherche.
Nos postdocs, Pieter Houten et Ada Lasheras, expliquent le fonctionnement du WebSIG et en même temps les progrès réalisés.
Quand on s’appelle ATLAS, il faut aussi s’engager dans d’autres projets d’atlas. Marc Heijmans a présenté les résultats de l’Atlas topographique des villes de gaule méridionale. Les tomes massifs d’Arles et de Fréjus qu’il a apportés pour démontrer le travail accompli, ont créé des étincelles de joie dans de nombreux yeux. Nous sommes comme des pies avec des choses brillantes quand nous voyons de beaux livres. La série d’atlas est bien faite et fournit des informations détaillées et des cartes sur la ville sur laquelle elle porte. Même si notre atlas sera un WebSIG en ligne, certains éléments pourraient être adoptés dans le compagnon qui sera publié à la fin du projet.
Marc Heijmans lors de sa présentation de l’Atlas topographique des villes de gaule méridionale
Notre nouveau collègue Titien Bartette (LIENSs) a présenté la méthodologie et l’avancement de la reconstruction 3D pournotre exposition itinérante. Malheureusement Jean-François Bernard (CRAA) n’a pas pu être présent. Titien a présenté l’étude de cas de Baelo Claudia et comment il a travaillé pour créer une reconstruction 3D de l’église sur le site de Silla del Papa. C’est formidable de voir comment les informations fournies dans le webSIG combinées à l’expertise de Titien mènent à une reconstruction 3D de l’église. Chaque petite d’information est utilisée pour arriver à une reconstruction aussi proche que possible de la réalité historique. Chaque décision prise est fondée sur l’archéologie du site.
Titien Bartette explique les méthodologies derrière les reconstructions 3D
Après les présentations méthodologiques de la matinée, c’est l’heure de la discussion générale. Une remarque s’imposait, nous ne devons pas perdre de vue la balle au bond : nous faisons de la recherche comparative et devons donc garder à l’esprit aussi bien l’Hispanie que l’Afrique lorsque nous travaillons sur nos thèmes. De plus, et cela a été discuté assez longuement, nous avons dix villes d’étude de cas. Elles sont au centre de notre webSIG, car ce sont les seules sur lesquelles nous avons travaillé, mais cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas autorisés à regarder au-delà. Dans certains cas, il peut être intéressant de regarder les villes voisines pour avoir une image plus claire. Mais, dans tous les cas, l’idée générale est que nous sommes sur la bonne voie et que nous devons continuer à travailler dans ce sens en gardant à l’esprit le résultat final, tant au niveau de la publication que de l’exposition itinérante.
Certains membres malheureux ont dû partir immédiatement après la fin du programme pour prendre le train pour Paris. Ils n’ont donc pas pu profiter du programme de l’après-midi. Après avoir dégusté un excellent repas au restaurant de l’Aquarium, Laurent avait organisé une visite guidée de la ville, qui nous a donné un bon aperçu de l’histoire de La Rochelle, une grande enclave portuaire qui a souvent dû défendre son autonomie. Ensuite, nous avons eu le temps de faire quelques achats et de flâner en admirant les magnifiques vues du port éclairé par la brume au coucher du soleil. Enfin, nous avons profité d’un dîner animé tous ensemble au Bar André, où certains ont osé goûter à un large assortiment de fruits de mer, spécialité de la maison, et d’autres se sont laissés tenter par le dessert, réputé depuis lors : le rumbabá !
Les membres d’ATLAS pendant la visite guidée et La Rochelle au soir.
L’un des objectifs du projet ATLAS est la production d’uneexposition itinéranteproposée à la bibliothèque de l’université de Hambourg, au musée archéologique nationale de Madrid (MAN), au musée du Conjunto Arqueológico de Baelo Claudia (Cadix) à la Casa Árabe Córdoba et à l’Institut National du Patrimoine (Tunis). Dépassant le cadre strict de la recherche scientifique, ce volet du projet tient plus de la valorisation et de la restitution au public par des moyens innovants faisant usage des nouvelles technologies tridimensionnelles. Cela-dit, les processus mis en œuvre pour de telles productions nécessitent un dialogue constant entre les spécialistes du patrimoine bâti ancien et les prestataires responsables de la production des contenus 3D et de la conception de l’exposition immersive et interactive. Le lancement de cette nouvelle étape eu officiellement lieu en cette rentrée et c’est l’entreprise françaiseICONEM, spécialisée dans la numérisation de sites et monuments du patrimoine culturel et dans la production d’expériences numériques immersives à destination du grand public, qui aura à charge de traduire ces données archéologiques en 3D.
C’est dans ce cadre qu’intervient Titien Bartette, docteur en archéologie de l’université d’Aix-Marseille, spécialiste en architecture et en ornementation lapidaire antiques et expert dans les technologies 3D appliquées au patrimoine culturel, qui a rejoint l’équipe du projet ATLAS en septembre. Son rôle sera précisément d’assurer ce dialogue, la transmission des données archéologiques et leur traduction en des termes tridimensionnels, se positionnant à la charnière de ces deux mondes, celui des sciences de l’antiquité et celui des technologies de pointe en 3D.
À propos du projet de modélisation 3D
En amont du développement de l’exposition et des expériences utilisateurs, le projet implique une phase importante de production tridimensionnelle que sont les captations et la modélisation. Ces deux jeux de données numériques sont par la suite fondus pour permettre un repositionnement et une visualisation des ensembles restitués directement sur le terrain actuel. Le projet se focalisera sur 4 villes, Baelo Claudia, Mérida, Carthage et Makthar, et mettra en exergue un certain nombre de monuments ou ensembles emblématiques des sites ou de l’actualité de la recherche.
Baelo Claudia : superposition des modèles 3D restitués avec le modèle photogrammétrique du site – Titien Bartette / ICONEM
Cette notion multi scalaire représente un challenge du point de vue de la gestion des données et de la technologie 3D, puisque les captations sur sites impliquent des procédures et méthodes adaptés, mais les solutions mises en œuvre pour la modélisation diffèrent également selon le niveau de détail attendu. En effet, on raisonne et on procède différemment à l’échelle d’une ville, d’un quartier ou d’un monument. Par ailleurs, nous nous confrontons aux obstacles que sont l’hétérogénéité des ensembles architecturaux, celle de l’accessibilité à la donnée source et celles du discours scientifique tenu et du récit visé dans cette exercice innovant de vulgarisation. Pour surmonter ces obstacles, nous avons mis en place un protocole méticuleux de production adapté aux différents cas de figure.
De la donnée aux modèles 3D
La chaine opératoire prévoit les phase préparatoires des restitutions que sont la collecte de la donnée graphique et la production de celle qui serait manquante, puis leur homogénéisation. En parallèle, les hypothèses sont confrontées et éventuellement testées sur les modèles 3D. De ce point de vue, l’expérience devient également terrain d’expérimentation sur l’apport du modèle sur la réflexion archéologique et architecturale. Enfin, nous constituons des collections de références pour les questions de textures et rendus réalistes par la recherche d’éléments de comparaisons pertinents. Cela concerne essentiellement les matériaux, les types de roches et leur grain particulier, mais aussi certains décors, des attributs et ce jusqu’aux environnements propres aux sites.
Comme dit précédemment, la production 3D à proprement parler concerne, à ce stade, deux volets distincts : celui de la numérisation des sites et celui de la restitution 3D. La numérisation se fait par drones et/ou au sol selon l’objet visé. Généralement, c’est le couplement de ces deux approches qui permet de garantir un niveau de détail satisfaisant pour une couverture globale. Le travail de modélisation 3D est donc la traduction en volume de la documentation graphique architecturale traditionnelle, à l’échelle et détaillée. Pour les ensembles non documentés, il y a donc une production préalable ad hoc, plans, élévations, sections, axonométries ou évocations selon les cas.
Baelo Claudia : enrichissement de données graphiques avec de nouvelles proposition de restitution. L’exemple du monument aux deux escaliers – Titien Bartette, d’après Ney C., Paillet J.-L. et Sillières P.
La masse de donnée tridimensionnelle produite dans ce cadre est considérable, elle nécessite donc un traitement d’optimisation adéquat pour en garantir la bonne gestion et son interopérabilité. En pratique, l’optimisation consiste en une suite d’opération rendant le modèle conforme à un usage multiple sous différentes applications et sur différents supports, animations, web, réalité augmentée, réalité virtuelle, etc. Elle permet d’appliquer un jeu de textures réalistes riches pour un moindre coût en terme de data et de poids du fichier. C’est là l’ultime étape de production des modèles 3D, l’application et le travail de textures soignées, restituant fidèlement les matériaux, leur aspect et leur comportement (couleur, réflectivité, rugosité, etc.).
Textures des blocs de grand appareil (occlusion ambiante, normales et couleur) – Titien Bartette / ICONEM
Et la suite ?
À ce stade, le dossier de Baelo Claudia est d’ores et déjà en phase de production et doit être achevé prochainement. Celui-ci s’articule autour de la transformation d’un quartier au fil des siècles, mettant en lumière les processus de remploi et de réoccupation d’espaces à l’antiquité tardive. Nous verrons comment les monuments publics du Haut-Empire ont pu se muer au fil du temps. Baelo Claudia avait préalablement été intégralement numérisé par ICONEM en 2017, dans le cadre du projetFaire renaître la cité de Baelo Claudiacélébrant le centenaire des fouilles qui y sont conduites. Les travaux actuels viendront donc enrichir un ensemble de données graphiques 3D déjà existant.
En parallèle, les premières étapes ont d’ores et déjà été engagées sur le dossier de Mérida, qui devrait être aboutit d’ici la fin de l’année. Cette fois-ci, nous nous focaliserons sur un ou deux monuments emblématiques de l’antiquité tardive et sur leur insertion dans la trame urbaine. Au fil de ces modélisation, les questions de productions graphiques commencerons à se poser, c’est-à-dire la scénarisation, la production des livrables et leurs déploiements. D’ici là, leworkshop des 9 et 10 novembre à l’Université de La Rochellesera l’occasion de présenter plus en détail la méthodologie mise en œuvre et l’état d’avancement au travers de certains exemples.
C’est le moment de l’année de nouveau ! Après la pause estivale, la saison des conférences est de retour, et elle est de retour en force. Lorsque « l’été académique » s’est terminé en août et que nous avons ouvert nos calendriers, nous avons réalisé qu’un automne avec un programme complet nous attendait.
Les premiers pas en septembre
La première conférence de la nouvelle année académique était le Congressus Internationalis Epigraphiae Graecae et Latinae, ou en bref CIEGL. Cette conférence a lieu une fois tous les cinq ans et réunit des épigraphistes du monde entier pour discuter des dernières contributions et des recherches à venir dans le domaine de l’épigraphie. Du 29 août au 2 septembre, les épigraphistes se sont réunis dans Bordeaux beau et chaud. Plusieurs membres d’ATLAS étaient présents à la conférence. Notre directrice Sabine Panzram a organisé tout un panel intitulé « L#épigraphie du « Cercle du détroit de Gibraltar » » dans lequel le directeur scientifique de la Casa de Velázquez pour les périodes antique et médiévale, Gwladys Bernard, a également participé. Dans la session « les traditions épigraphiques après Dioclétien » notre membre d’ATLAS Morgane Uberti a présenté son travail. Pieter n’a pas présenté de communication en tant que telle, mais a fait une présentation avec le nouveau WebGIS de l’équipe de LatinNow à laquelle il appartient également : www.gis.latinnow.eu.
Membres du projet ATLAS au CIEGL
Cette première conférence a été suivie par le IV Coloquio de Arqueología e Historia Antigua de Los Bañales, titulé « Pecunia communis : ressources économiques et durabilité des petites villes hispano-romaines », qui a eu lieu du 22 au 24 septembre à Ejea de los Caballeros et Uncastillo (Zaragoza). Plusieurs membres d’ATLAS ont également participé à cet événement, comme nous l’avons tweeté quelques jours devants. Darío Bernal Casasola a consacré sa présentation aux villes garum en Hispanie, en se concentrant particulièrement sur l’une de nos études de cas, Baelo Claudia. Alfred Hirt, quant à lui, a présenté une analyse détaillée de la production métallurgique dans la péninsule ibérique à l’époque romaine, en soulignant l’importance des ressources minérales. Enfin, notre postdoc, Ada Lasheras González, a présenté le projet intéressant Circ-E, auquel elle participe et qui est consacré à l’étude de la logistique et des principes de l’économie circulaire dans les villes hispano-romaines. Notre directrice, Sabine Panzram, nous a rejoints le dernier jour du colloque lors de la visite du site de Los Bañales.
Les participants du colloque de Los Bañales
Les conférences à venir
En octobre, l’atelier annuel TOLETUM aura lieu. Pour plus d’informations, suivez ce lien. Même si aucun membre de l’équipe ATLAS ne fera de présentation, TOLETUM nous tient à cœur, non seulement parce que Sabine Panzram est la fondatrice et la co-organisatrice, mais aussi parce que nous avons tous participé à l’un de ces ateliers ces dernières années. TOLETUM XIII Valles fluviales de Hispania en perspectiva diacrónica traitera de différents aspects des vallées fluviales dans l’antiquité, du troisième siècle avant Jésus-Christ au neuvième siècle de notre ère.
Le célèbre Warburghaus à Hambourg
En novembre, le Warburghaus accueillera une autre conférence coorganisée par Sabine Panzram (incroyable est le nombre de conférences qu’elle organise) : « Shifting Cities in the Iberian Peninsula, III BC – IX AD ». Lors de cette conférence, quelques membres d’ATLAS présenteront leurs travaux. Cela commence jeudi avec la coprésentation de nos membres de Hambourg Sabine Panzram et Pieter Houten sur la transformation possible des civitates dans l’Antiquité tardive. Vendredi, notre collègue de la Casa de Velázquez, Ada Lasheras González, ainsi que Joan Negre et Francesc Rodríguez Martorell, présenteront les changements observés dans les villes de Ṭarrakūna et Ṭurṭūša aux premiers siècles d’al-Andalus. Elle sera suivie par notre membre María Teresa Casal-García sur notre étude de cas Qurtuba. Le samedi nous continuons avec Sonia Gutiérrez Lloret sur l’urbanisme du sud-est de la Péninsule. Dans l’ensemble, une conférence prometteuse.
En décembre, la saison des conférences s’achève avec Africa Romana XXII. Bien que l’accent mis sur la période Julio-Claudienne soit un peu loin de l’objectif d’ATLAS, plusieurs de nos membres y présenteront des articles. Tout d’abord, nous aurons Rubén Olmo-López qui présentera son travail sur les magistrats. Samedi, Sabine Panzram, Stefan Ardeleanu et Pieter Houten présenteront une communication commune sur le culte impérial en Afrique du Nord.
Le capitole de Sbeitla (Wikipedia)
Au milieu de ces conférences, nos groupes de recherche se sont réunis pour préparer ce qui est peut-être la réunion la plus importante pour ATLAS :
Le workshop d’ATLAS à La Rochelle
Les 9 et 10 novembre, nous aurons le troisième workshop d’ATLAS à l’Université de La Rochelle. Nous espérons avoir terminé le programme dans quelques jours et le publier sur notre site web, comme d’habitude. Nous pouvons vous donner un avant-goût de l’idée qui sous-tend ce workshop. Chaque groupe de recherche disposera d’un créneau d’une heure pour présenter son travail pour ATLAS. Le groupe peut opter pour deux présentations de 20 minutes suivies de deux discussions de 10 minutes ou pour une présentation plus longue suivie d’une discussion plus longue. Nous savons déjà que certains groupes ont opté pour l’une ou l’autre solution, le programme sera donc varié à cet égard. En plus de la mise en place, nous avons invité Marc Heijmans du CNRS, le directeur d’un autre projet concernent un atlas : Atlas topographiques des villes de Gaule méridionale. Il présentera ses travaux sur les villes du sud de la Gaule dans l’Antiquité tardive. Nous aurons également l’occasion d’accueillir Didier Bayard, de l’INRAP, qui présentera une synthèse sur les villes du nord de la Gaule dans l’Antiquité tardive.
Nous nous réjouissons de toutes ces occasions de diffuser nos travaux et d’échanger avec nos collègues. Surtout, nous attendons avec impatience le workshop d’ATLAS, où nous aurons la chance de rencontrer les membres de notre projet et d’échanger avec un accent particulier sur l’urbanisme dans l’Antiquité tardive.
Le « ATLAS » dans le nom de notre projet a amené des personnes à demander si c’est une référence aux montagnes d’Atlas. Cette interprétation correspond bien à notre projet comme nos études sont en effet au tous les deux sites de ces montagnes. Il n’est pas toutefois le première sens du nom, bien qu’une bonne. Le nom réfère à « l’atlas » des cités de l’Antiquité tardive que nous créons et utilisons pour l’analyse de l’urbanisme entre le 3e et 8e siècle. Nous écrivons « atlas » aux guillemets pour raison. Vous ne devez pas vous attendre un atlas au style du Der neue Pauly Historischer Atlas der antiken Welt ou le Barrington Atlas. Notre projet ne crée pas un atlas imprimé, mais plutôt un outil en ligne pour les analyses géographique (notre WebGIS) qui aura le centre aux dix études de cas. Et si les temps et le financement permettent, nous pouvons élargir le champ de l’enquête…
Travailler avec le « Barrington Atlas » (ouvré) et le « Historischer Atlas der antiken Welt. »
Trouvé notre WebGIS en ligne
Notre WebGIS nous permet de publier nos résultats, tout comme un Atlas imprimé. Cependant, dans le processus, le WebGIS nous permet d’interroger et d’analyser notre ensemble de données. Comme vous avez pu le lire dans les blogs précédents ([1 sur Baelo]; [2 sur Emerita]). Le WebGIS fonctionne sur un serveur Huma-Num et est créé et maintenu par deux gestionnaires de bases de données de l’Université de La Rochelle. Dans le passée, nous avons travaillé avec Frédéric Pouget et Alain Layec pour créer un moyen de relier le WebGIS à notre bibliothèque Zotéro. Maintenant nous pouvons facilement ajouter les références bibliographiques à nos données à partir de Zotero.
Le prochain pas, qui était fini la dernière semaine, était l’import des datas épigraphiques directement à partir d’un CSV dans la base donné. Comme nous l’avons dit à Twitter, auparavant nous entrions (et nous le faisons toujours pour les données archéologiques) manuellement chaque inscription dans la base de données. Comme ces données peuvent être obtenues en csv à partir de la base de données Trismegistos (grâce à la licence de l’Université de Hambourg), et améliorées via d’autres bases de données et les corpus épigraphiques, il est plus facile de travailler en csv (cet amour que certains membres de notre équipe ont pour les feuilles Excel est encore en discussion).
Écran de démarrage de l’ATLAS WebGIS
Pour ceux qui sont intéressés à regarder le travail en cours, nous avons mis à disposition le WebGIS dans une version visible uniquement, que vous pouvez trouver via ce lien. Une courte explication de ses fonctionnalités se trouve ci-dessous. Vous constaterez que Baelo Claudia, Emerita Augusta et Carthage sont terminés. Si vous rencontrez des erreurs ou des omissions, n’hésitez pas à nous contacter !
Petit guide de l’utilisateur du WebGIS
Si vous visitez le WebGIS, vous allez voir l’écran de démarrage avec nos aréals de recherche et les études de cas. Vous pouvez faire un zoom sur l’un de nos études de cas et d’après le level de zoom plus bas que 1 : 1,000,000 (Dans le coin inférieur gauche, vous voyez l’échelle) les points individuels correspondant avec les évidence épigraphiques et archéologiques deviennent visibles. Par exemple, le terretoire d’Emerita :
Le territoire d’Emerita Augusta avec l’archéologie et épigraphie
Sur le côté droit, nous pouvons sélectionner les éléments à afficher en cliquant sur l’icône « Carte » (la main tenant un globe). Ici, nous pouvons sélectionner et désélectionner les éléments à afficher. Par exemple, pour ne voir que les églises situées sur le territoire d’Emerita, nous désélectionnons l’épigraphie (cliquez sur l’œil à gauche de « Inscriptions »). Et comme option rapide pour obtenir les églises, nous désélectionnons tous les « Édifices », puis sélectionnons seulement « l’Église ». Maintenant vous devriez avoir l’image suivante :
Territoire d’Emerita Augusta avec les églises.
ATLAS Cartographie
En plus de notre WebGIS, nous créons des cartes pour certains projets secondaires et intérêts des membres de notre équipe. Comme nos directeurs dirigent plus d’un projet et que nos post-doctorants ont plus d’une compétence, nous sommes en mesure de produire des cartes pour notre région couvrant des sujets dépassant le cadre de notre projet. L’année dernière, nous avons créé plusieurs cartes pour des présentations et des publications. Cependant, comme la création de cartes représente un travail considérable et que nous devons garder l’œil sur la recherche fondamentale, nous avons décidé de donner une formation QGIS aux collaborateurs étudiants à Hambourg. Grâce à la partie allemande du projet, nous avons quelques étudiants qui nous aident dans certaines parties du projet. Par exemple, tous nos blogs français sont des traductions faites par Lilian Fischer. Ces derniers mois, Lilian Fischer, Tjaard Jantzen et Sebastian Meyer ont effectué plusieurs tâches pour le projet, telles que : recherche bibliographique, conservation et saisie de données.
Après s’être familiarisés avec la collecte de données pour créer des cartes, ils étaient temps de passer à l’étape suivante : Apprendre à faire des cartes avec QGIS. Au cours des dernières semaines, ils ont suivi la formation de base de QGIS in Classics. Ce cours d’auto-apprentissage a été créé en 2020 sous le nom TOLETUM Autumnschool. Les étudiants, accompagnés de Lina Schimmelpfennig (assistante étudiante du RomanIslam Center), ont parcouru les modules et ont eu une réunion hebdomadaire avec Pieter (l’un des développeurs du cours) pour discuter des problèmes et des progrès. Les résultats de ce cours peuvent être vus dans notre nouvelle section du site web.
Les étudiants lors d’une réunion en ligne pour le cours QGIS
Maps-to-go
Dans ATLAS, nous nous sommes engagés dès le début à appliquer une politique d’accès libre à tous les résultats de notre projet. C’est pourquoi nous avons également décidé de mettre à la disposition de la communauté les cartes que nous avons créées pendant cette période. Vous pouvez les trouver dans la nouvelle section de notre site web : Maps-to-go.
Dans cette section, vous trouverez des cartes créées par l’équipe ATLAS et basées sur des recherches effectuées par les membres de notre équipe ou des experts liés au projet ATLAS. La couche de base de nos cartes peut sembler familière : nous utilisons une couche WMTS dans le style de l’Atlas numérique de l’Empire romain. Vous êtes libre d’utiliser les cartes sous CC-BY-NC, ce qui signifie que vous pouvez les utiliser (et les modifier) en faisant référence au projet ATLAS. Cela signifie que vous pouvez utiliser les cartes comme base pour votre propre travail, à condition de faire référence à nous. Au cours des deux prochaines années du projet, nous continuerons à mettre en ligne de nouvelles cartes basées sur nos recherches. Restez connectés à notre compte Twitter pour connaître les dernières nouvelles cartographiques !
Prochain automne, novembre 9e et 10e, nous allons avoir la troisième réunion de ATLAS à La Rochelle. À six mois de la fin de l’année, les groupes de recherche ont commencé à réfléchir aux sujets et à préparer les recherches pour les présentations de groupe.
Nous espérons avoir une réunion aussi fructueuse que celles de Madrid et de Hambourg. Avec la réunion à Madrid nous avons officiellement lancer le projet. C´était là-bas ou nous avons nous connaître et, aussi, ou nous avons formé les groupes de recherche.
La seconde réunion à Hambourg, était le premier temps que les groupes ont présenté ses travails aux membres de projet, suscité un débat riche qui a nous encouragé de continuer l´analyse d´urbanisme à l´Antiquité tardive des perspectives différentes et complémentaires (ici vous pouvez lire le report en détail).
Les réunions digitales continuent
Les réunions en groupe sont inévitables pour présenter les recherches ou des idées entre nos groupes de recherche. Comme notre projet a des membres de pays multitudes, la plupart des membres viennent de la France, de l´Allemagne, de l´Espagne et de Tunis, nous ne pouvons pas toujours nous rencontrer à la vie réelle. Donc, les groupes se réunis en digitale, une chose pour laquelle nous nous sommes tous améliorés au cours des deux dernières années. Dans les dernières semaines, certains groupes étaient déjà se rencontré et a décidé leur approche de recherche. Autres groupes se rencontrent ce mois pour le premier temps depuis janvier. Nous avons tout remarqué que le réouvert de la société a amené une concentration élevée aux activités de recherche. Des invitations pour des conférences, des workshops et courses, aussi bien que des excavations archéologiques, ils peuvent enfin avoir lieu. En plus, nous aussi étions invité à participer aux nouvelles conférences, et les excavations ont rempli notre agenda. Néanmoins, le fait que nous nous rencontrions par voie numérique permet de trouver plus facilement un espace pour les réunions entre (ou même pendant) nos multiples obligations.
Planifier la recherche pour les mois suivantes
Divers groupes qui se rencontraient plus tôt de cette année ont fait des plans détaille pour la recherche. Le groupe d´épigraphie s´est réuni pour la première fois en mars et a planifié l´étude des inscriptions de bâtiments. Il s’agit d’inscriptions qui commémorent la construction ou la restauration d’un bâtiment et qui mentionnent souvent le bienfaiteur. Dans le monde ancien, il était courant pour l´élite de payer la construction et les frais d´entretien des bâtiments publiques. Cela s´appelait l´euergetisme. Traditionnellement, il est accepté que cette habitude a disparu dans l´Antiquité tardive et que la richesse de l´élite urbaine a diminué. Cependant, le schéma pourrait changer si nous considérons les évêques et leurs dédicaces d’église dans les villes étudiées dans le cadre du projet. Pour faire ça, le groupe a planifié de collecter toutes les inscriptions des bâtiments avant le 8e juin. À ce jour, ils se réunissent un plusieurs temps pour discuter les inscriptions et pour voir si tous et collecter et archiver correctement. Si tel est le cas, chaque membre aura tout l’été pour commencer à réfléchir à l’interprétation des motifs. Ils se réunissent à nouveau en septembre pour échanger des idées et commencer à préparer la présentation. En octobre, ils prévoient que la présentation sera prête pour la réunion de La Rochelle.
Capture d’écran avec certains des membres du groupe Epigraphie.
Deux autres groupes se sont réunis aussi en mars pour commencer à définir les lignes de travail pour les mois suivants : Le groupe de VIIIe siècle et le groupe de « Shape of Urban Space. » Le groupe de VIIIe siècle, dédié aux recherches du dernier siècle traité par ATLAS, a décidé de réaliser une analyse spécifique pour toutes les études de cas de ce groupe. Compte tenu de la disparité et de la rareté des archives matérielles et textuelles, comme l’a montré la présentation de Hambourg, le groupe entend à cette occasion rassembler toutes les données disponibles sur le VIIIe siècle pour chacune des villes. L’objectif est de présenter un état de l’art actualisé qui tienne compte non seulement de l’enregistrement archéologique mais aussi des sources textuelles et épigraphiques, afin de répondre à des questions telles que : quels indicateurs archéologiques pouvons-nous trouver pour visualiser le VIIIe siècle dans les villes choisies pour le projet ; quelle catégorie administrative avaient-elles avant et après la conquête islamique ; comment ces villes sont-elles définies dans les sources écrites (medina, alquería, etc.) ; ou qu’advient-il des noms de lieux de ces villes, sont-ils maintenus, changent-ils ou disparaissent-ils ? Lors de sa dernière réunion à la mi-mai, le groupe a convenu de la répartition des études de cas en fonction des axes de recherche et des connaissances de chacun des membres. L’objectif est de disposer de ces données pour juillet, date à laquelle une autre réunion est prévue pour partager le travail effectué et commencer à définir les points d’intérêt pour la réunion de novembre. Le groupe prévoit de se réunir à nouveau en septembre pour finaliser la présentation de La Rochelle.
Le groupe « Shape of Urban Spaces », quant à lui, a commencé par un brainstorming sur les thèmes possibles à développer. Comme il s’agit d’un groupe avec un large éventail de thèmes et un grand nombre de membres, il n’est pas toujours facile de décider d’une question de recherche spécifique. Ainsi, lors de la réunion de mars, il a été décidé d’analyser plus en profondeur certains des thèmes qui avaient déjà été traités dans leur présentation lors de la dernière réunion à Hambourg (fortifications, urbanisme polynucléaire, banlieue, habitat, espaces funéraires, etc.) Après un vote, il est apparu que deux sujets intéressent le plus les membres du groupe : l’urbanisme polynucléaire et le logement. Lors de sa dernière réunion, le groupe a envisagé la possibilité d’analyser ces deux questions, en accordant une attention particulière à l’organisation urbaine des villes, qui présentent souvent des noyaux d’occupation dispersés et apparemment non reliés entre eux (les fameuses città ad isole), et à la localisation des logements dans cet urbanisme très particulier. Le groupe souhaite également examiner l’évolution de ces espaces domestiques durant l’Antiquité tardive, leurs aspects morphologiques et constructifs, afin de mener une analyse diachronique et comparative entre les études de cas du sud de l’Hispanie et de l’Afrique du Nord.
Capture d’écran de la dernière réunion du groupe « The Shape of Urban Spaces »
Le groupe territorial s’est réuni le 24 mai dans l’après-midi pour commencer sa session de brainstorming. Mais avant de commencer, deux nouveaux membres ont dû être accueillis dans le groupe : Fred Hirt et Christoph Eger. Après une brève discussion sur le sujet, il était clair que la définition du territoire devait être rétablie. Le groupe se concentre sur les territoires immédiats des villes étudiées. En mettant l’accent sur la façon dont ils sont liés aux villes. Après le brainstorming, il a été décidé de se tourner vers les territoires de Carthago Nova (Carthagène) et Simitthus (Chemtou) pour la réunion de La Rochelle. Ces villes ont en commun que leurs territoires ont une importance économique pour les mines et les carrières. Chaque membre se tournera vers ses centres d’intérêt et son expertise pour les territoires, de cette façon ils pourront couvrir l’épigraphie, les pratiques minières, les découvertes archéologiques et l’archéologie du paysage.
Dans les mois à venir, les rencontres numériques se poursuivent. Le mois de juin verra quatre nouvelles réunions : le groupe Epigraphie le 8 juin, suivi du groupe Terminologie / Pouvoir politique et Ville le 13 juin, puis le groupe Economie le 16 juin et enfin le groupe Territoire le 22 juin. Le groupe Espaces urbains se réunira également à nouveau au milieu de ce mois. En juillet, avant les vacances d’été, le groupe du 8ème siècle se réunira pour partager son travail et commencer à préparer la présentation pour notre prochaine réunion.
Rendez-vous à La Rochelle !
Comme prévu, nous nous réunirons à La Rochelle en novembre. L’équipe principale a déjà eu un aperçu de cette ville étonnante sur la côte atlantique. Nous savons que l’Université de La Rochelle aura tout organisé dans les moindres détails. Deux jours de discussion et d’échange de connaissances nous attendent ! De plus, la ville elle-même offre de nombreuses possibilités de se reposer et de faire une grande promenade le long du port. Nous sommes impatients de nous retrouver et de profiter au maximum de ces deux jours de discussion et d’échange de connaissances ! Ne manquez pas la présentation de nos résultats en novembre !
Photo du port de La Rochelle lors de notre dernière visite en mai 2021.
Pour des spécialistes d’Antiquité tardive, comme nous sommes, il est magnifique d’avoir l’occasion de dédier quelque mois pour l´étude spécifique de Carthage. La cité nous offre des vestiges innumérables de cette période et ça avec une monumentalité exceptionnelle. Il est toutefois vrai que trouver son chemin dans cette cité immense et localiser l’épigraphique et les évidences archéologique n´est pas toujours facile. Aussi, lorsque nous avons découvert que nous allions enfin pouvoir organiser un voyage à Tunis pour nous faire une meilleure idée de la Carthage antique, nous étions fous de joie ! Non seulement nous allions pouvoir analyser la ville à travers la littérature, mais nous allions aussi pouvoir réaliser une véritable autopsie, in situ.
Quand même, équilibrer les calendriers et les temps de vols d’une équipe répartie en toute Europe, n’était pas une tâche facile. Ada et Pieter étaient les premiers pour arriver à Tunisie le lundi après-midi. Notre collègue et membre de projet ATLAS Chokri Touihri était un hôte fantastique, et est venu nous chercher à l’aéroport. La voyage de l’aéroport à l’hôtel dans le centre du Tunis dans la rue Av. Habib Bourguiba a été une véritable révélation. Une route à trois voies peut facilement devenir à cinq voies et lorsque vous ratez votre sortie, vous faites marche arrière La seule chose Chokri pourrait dit était : « Bienvenue à Afrique ! » Après le check-in à notre hôtel, Chokri nous avons mené à La Goulette pour le diner. Le plat de jour était une dorade grillée, attrapent de la Golfe de Tunis qui brise les vagues à quelques mètres du restaurant, accompagné d’un « brick », une pastée avec des œufs et de tuna.
Mardi, début de la découverte de Tunis
Mardi matin, Sabine a commencé sa journée vers Tunis, pendant Ada et Pieter a commencé à découvrir la cité. Sur le chemin pour aller à la station de TGM, le tram à Carthage, nous avons été arrêter de quelques Tunisiens. Ils nous identifié comme étant des Allemands (nous vous laissons le soin de décider lequel) et puisque commencer à nous accueillir et, en plus, ils nous ont donné des conseils pour notre visitation ! Le trajet en tram, c’était encore une expérience que nous n’oublierons pas de sitôt. Il a commencé tout facile, mais quand nous avons été près de Carthage, le tram s’est soudainement retrouvé si encombré que les portes ne pouvaient plus se fermer. Sortir d’un tel wagon bondé ne semblait pas une tâche facile, mais nous avons profité de l’espace ouvert par d’autres passagers qui essayaient également de sortir et avons réussi à descendre à la station Dermech.
Nous avons commencé notre visitation à la Musée Romain et Paléochrétien, dans laquelle la basilique « Basilique Dermech » ou « Byzantine » ou « Carthagenna » est localisée. Comme nous avons déjà découvert, la multiplicité des nomes pour le même site est un practice commun à Carthage et bien que la toponyme Dermech fût déjà utilisé ailleurs, il semble que ça ne nous prévient pas de l´utiliser un autre fois. En fait, à notre grand étonnement, il existe plusieurs basiliques appelées Dermech. La Carthagène, ou Byzantine, est l’une d’entre elles, et elle possède également un petit musée où sont exposées certaines de ses pièces les plus significatives, ainsi que d’autres provenant de la Maison des auriges grecs toute proche. La basilique n’est conservée qu’au niveau de la fondation et, à cette époque de l’année, elle était en pleine floraison, mais il suffisait d’en faire le tour pour commencer à se faire une idée des dimensions impressionnantes des bâtiments conservés dans cette ville. C’est également le cas de la basilique de Bir Messaouda, située à quelques mètres de celle de Carthagène, dont seuls quelques murs sont visibles. Malgré cela, la taille du site indique clairement que les dimensions de cette basilique étaient tout aussi importantes (environ 50 m de long !).
Photos du Musée Romain et Paléochrétien. A gauche, une partie des pavements de la Maison des auriges grecs ; à droite, les vestiges de la basilique de Carthagène.
D’ici, nous avons continué notre route au région archéologique des Thermes d’Antonin. Dans ce région il y a plusieurs vestiges intéressants pour notre projet, telles que la Basilique Dermech I (oui, ce nome encore une fois), reconnu aussi comme la Basilica of Douïmes. En outre, nous avons également visité la chapelle dite d’Astérius et, pour le plus grand plaisir de quelqu’un, l’habitation de la fin de l’Antiquité connue sous le nom de Maison du Triconque. Il était impossible de suivre Ada, qui a réussi à enregistrer toutes les découvertes, y compris une balance portable, sur toutes les photos.
La chapelle dite d’Astérius à gauche ; à droite, Ada excitée dans la Maison du Triconque.
Bien sûr, nous n’avons pas manquer de visiter les Thermes d’Antonin non plus, même s’ils ne sont pas de notre période des études. La vérité est que l´immensité de ces bâtiments et son état de conversation magnifique nous avons laissé sans voix. Ainsi, après un café en contemplant ce paysage monumental surplombant la mer, nous nous sommes promenés dans les coins de ces thermes, admirant leur architecture mais aussi la fantastique épigraphie préservée. Là, Pieter s’est vraiment régalé car l’épigraphie était présente partout. Sa joie fut de voir la forme de la lettre K dans l’inscription monumentale (AE 1949, 27 et 28) et de réaliser qu’elle n’était pas seulement à Marc Aurèle et Lucius Verus, mais qu’elle avait aussi une deuxième inscription à Théodose et Arcadius !
Les impressionnantes Thermes d’Antonin, à gauche, et l’inscription chère à Pieter (AE 1949, 27 et 28), à droite.
Le site archéologique des Villes romaines était la dernière visite de la matinée, où nous avons rencontré plusieurs maisons aristocratiques bien conservées avec une chronologie de l’Antiquité tardive : la Maison du Cryptoportique, la Maison de la Rotonde, la Maison de la Volière, ou la Maison de Bassilica, entre autres. C’est ici que l’on trouve la Mosaïque des chevaux que nous avons décrite dans un tweet. En passant par les fantastiques jardins péristyles et les luxueuses salles de représentation, nous avons pu nous faire une idée du privilège qu’il devait y avoir à vivre dans de tels lieux. Loin de l’agitation du forum et des zones commerciales et portuaires, mais avec tout de même une excellente vue sur la mer et le golfe de Tunis.
Photo de la pièce circulaire qui donne son nom à la Maison de la rotonde.
Après cette visite, Pieter et Ada se sont dirigés vers la Musée de Carthage (non sans un détour), car nous avions une réunion prévue avec les illustres chercheurs Lilian Ennabli et Sihem Aloui. Mme Ennabli est la personne qu’il faut connaître pour étudier la Carthage chrétienne. Elle a écrit plusieurs livres sur ce sujet, mais aussi les principaux corpus épigraphiques sur l’épigraphie chrétienne. Mais, avant la réunion, Pieter et Ada voulaient entrer dans le musée pour manger quelque chose, alors au guichet ils se sont assurés qu’ils pourraient rentrer avec le même ticket, au cas où ils devraient sortir pour chercher Mme Ennabli. L’homme au guichet leur a fait confirmer au moins deux fois qu’ils avaient vraiment un rendez-vous avec Mme Ennabli, les regardant comme s’ils étaient fous, et a même appelé son collègue pour commenter l’étrange circonstance que deux « touristes » aient apparemment un rendez-vous avec Mme Ennabli. Finalement, après ce petit flou, il n’y a pas eu de problème et Pieter et Ada ont déjeuné dans les jardins du musée avec Sabine et Chokri, qui sont arrivés peu après.
La réunion elle-même a été très utile. Lilian Ennabli a été très aimable et nous a indiqué certains des aspects les plus pertinents de ce qu’elle appelle la Carthage chrétienne. En outre, nous avons rencontré Sahim Aloui, un chercheur qui travaille actuellement sur les inscriptions de Damous-el-Karita, et Moz Achour, conservateur du musée. Avec ces spécialistes de la Carthage antique tardive, nous avons discuté des possibilités de reconstruction en 3D des basiliques et de l’endroit où trouver la bibliographie nécessaire. En outre, nous avons pu leur montrer notre WebGIS et le travail effectué jusqu’à présent, ce qui a été très bien accueilli et a suscité beaucoup d’intérêt.
Les membres du projet ATLAS (de gauche à droite : Ada, Pieter, Chokri et Sabine) avec Lilian Ennabli et Sihem Aloui, devant le Musée de Carthage.
À la fin de la rencontre, notre hôte Chokri nous a emmenés voir d’autres sites archéologiques, encore plus impressionnants. Nous avons visité l’amphithéâtre, où Perpétue et Félicité, les premiers martyrs chrétiens documentés de l’Afrique romaine, ont été exécutés. De là, nous nous sommes rendus aux citernes de La Malga, un immense ensemble de citernes géantes, conçues pour recueillir l’eau des aqueducs afin d’approvisionner la ville. Enfin, nous avons profité d’une promenade tranquille dans les belles rues de Sidi-Bou-Saïd et d’une tasse de thé à la menthe avec des amandes, avec une vue magnifique sur le golfe de Tunis.
Vues du Golfe de Tunis depuis Sidi-Bou-Saïd.
Mercredi, visite de l’INP et de la Médina
Le lendemain, l’équipe centrale d’ATLAS était au complet, Laurent étant arrivé le mardi soir. Nous avons commencé la journée par une visite matinale de la Médina de Tunis, en nous promenant dans plusieurs de ses rues sinueuses et en visitant certains de ses coins merveilleux. L’un d’entre eux était, à notre grande surprise, le propre bureau de Chokri, dans un magnifique bâtiment historique avec une décoration magnifique de stucs et de carreaux décorés. Pouvez-vous imaginer travailler dans un endroit de tel ? Certaines d’entre nous l’aimeraient certainement…
De là, nous nous sommes dirigés vers le siège de l’Institut national du patrimoine (INP) de Tunisie, dont le bâtiment est tout aussi fantastique. Nous y avons été accueillis par Mohedinne Chaouali, également membre de notre projet, qui nous attendait pour une réunion avec le directeur général de l’INP. Sabine et Laurent ont présenté le projet et expliqué ce que nous prévoyions de faire au cours des deux prochaines années. La réunion a été un succès car nous pouvons compter sur la coopération de l’INP dans nos futures entreprises.
Intérieur d’un des splendides palais conservés dans la Médina de Tunis.
Après la réunion, nous nous sommes rendus dans une salle de conférence car, comme nous l’avions annoncé sur notre page Facebook et sur Twitter, les directeurs étaient invités à donner une conférence sur le projet. Cependant, installer et connecter l’ordinateur et le projecteur dans cette salle n’a pas été une tâche facile. Travailler dans des bâtiments historiques a un charme indéniable, mais il peut parfois être difficile de résoudre des problèmes techniques. Mais grâce à l’attention de nos invités, nous avons finalement réussi à tout faire fonctionner et Sabine et Laurent ont pu présenter le projet ATLAS à un public vraiment intéressé, ce qui a donné lieu à une discussion animée après la conférence.
Sabine et Laurent qui présentant le projet ATLAS à l’Institut National du Patrimoine (photo : Médiation Artistique Koko).
Après les discussions, qui se sont poursuivies pendant un bon moment sur la place devant l’INP, nous nous sommes dirigés avec nos hôtes de l’INP vers la Médina pour le déjeuner. En déambulant dans les rues étroites et en parlant toujours d’ATLAS, un de nos collègues tunisiens a salué un autre membre de l’INP qui se dirigeait vers nous. Ce n’est que lorsque nous avons prêté attention au groupe que nous avons remarqué qu’Antonia Bosanquet du Roman-Islam Center et notre propre membre ATLAS Anne Leone se dirigeaient vers nous. Quelles sont les chances d’une telle rencontre dans les rues sinueuses de Tunis ? Après une brève discussion, nous avons décidé de nous retrouver plus tard dans la journée pour dîner. Car nous devions continuer car nous devions être à l’heure pour, eh bien… le déjeuner.
Selfie de la rencontre fortuite ATLAS – RomanIslam dans les rues de la Médina.
Le restaurant où nous avons déjeuné est un ancien funduq, ou auberge, splendidement conservé et rénové. Il est intéressant de voir comment les rues étroites de la Médina cachent des cours si spacieuses avec des patios si verts. Notre table avait sol y sombra, ce qui a été facilement résolu par des chapeaux de paille. Nous avons trouvé que cela avait l’air un peu idiot et, il faut bien l’admettre, les Hambourgeois étaient plutôt contents d’avoir un peu de soleil. La nourriture sur place était excellente et nous remercions l’INP de nous avoir emmenés !
Après ce bon déjeuner, il était temps de retourner au travail. L’INP a eu la gentillesse de mettre à notre disposition deux voitures avec chauffeurs pour nous permettre de visiter les différents quartiers de la ville. De plus, nous étions accompagnés d’un guide pour nous faire découvrir les sites de Carthage. Nous avons commencé par la Basilique dite sainte Monique, ou basilique Saint Cyprien. Il ne reste pas grand-chose de cette basilique, et nous avions besoin d’un guide qui nous explique où regarder pour avoir une idée des dimensions. Ensuite, nous avons visité les Villas romaines, qu’Ada et Pieter avaient déjà visitées. Cependant, nous avons pu clarifier certaines questions que nous avions. La piscine d’une des villas, dont nous nous demandions pourquoi elle se trouvait dans une villa, semblait être une « reconstruction » de la fin du 20e siècle… Ensuite, nous avons visité le Damous-el-Karita, cette basilique est encore plus impressionnante que les basiliques que nous avons visitées mardi ! Déjà depuis la route principale, vous pouvez apprécier l’immense taille de la basilique, qui mesure jusqu’à 1,5 ha. Les rangées de colonnes reconstituées vous donnent une bonne indication de la taille de la nef et des allées du bâtiment principal. La basilique massive fait partie d’un complexe ecclésiastique incroyablement grand, comprenant un baptistère, une salle d’assemblée et un grand martyrium circulaire souterrain.
A gauche, le groupe visitant l’intérieur du martyrium de Damous-el-Karita. A droite, Laurent prenant une photo de la basilique.
Jeudi, une visite des sites de l’intérieur de la Tunisie
Nous avons commencé très tôt ce jour-là. Nous avons pris le petit déjeuner à une heure indue, 6 heures du matin. Même le boulanger dormait car le pain n’était livré qu’à 6h45. Heureusement, le Carlton offre un large choix au-delà du pain et du croissant et nous avons pu manger avant l’arrivée du pain frais. À sept heures précises, les deux voitures avec chauffeurs, si gentiment fournies par l’INP, étaient prêtes à nous emmener à Makthar et Zama Regia. Nous partons dans des directions différentes : Chokri, Sabine et Ada directement vers Makthar, tandis que Laurent et Pieter ont fait un détour par Bou Salem pour récupérer Moheddine. En fin de matinée, nous sommes arrivés à Makthar pour une visite guidée par Moheddine. Le site est très impressionnant, tant il y a d’archéologie et d’épigraphie à voir et à rechercher. Moheddine nous a emmené avec lui tous les vestiges de l’Antiquité tardive pour nous présenter tout ce que Makthar a à offrir. Le site est en effet très intéressant et nous étudions les possibilités d’ajouter Makthar. Vous en saurez peut-être plus dans nos prochains blogs. A mi-chemin de notre visite, Moheddine nous a réservé une petite surprise : on nous a offert un deuxième petit-déjeuner avec une pizza. Après ce petit déjeuner digne d’un Hobbit et la visite du reste du site, il était temps pour notre prochaine destination.
A gauche, le groupe visitant l’intérieur du martyrium de Damous-el-Karita. A droite, Laurent prenant une photo de la basilique.
Après un peu moins d’une heure de rute, nous sommes arrivés à Zama Regia, où l’on nous a offert tout un festin à manger, y compris du couscous fait maison ! Nous y avons rencontré les archéologues et les étudiants qui forment l’équipe qui travaille sur ce site, où ils disposent également d’installations pour rester et effectuer les tâches de recherche nécessaires après les fouilles elles-mêmes. Ils ont été nos guides dans la visite de ce vaste site, dont la longue occupation et la profonde stratigraphie nous ont laissés sans voix. Mais aussi le paysage de la région, avec de vastes plateaux, si différents du paysage côtier, nous a fascinés. Après 20 ans de fouilles, ils ont pu mettre au jour une partie de la zone monumentale de la ville romaine, notamment un immense temple à l’architecture complexe, le périmètre de la vaste forteresse byzantine et un secteur de l’établissement du haut Moyen Âge. Mais, sans aucun doute, le site a beaucoup plus à offrir. Nous serons attentifs aux futures découvertes !
Vue panoramique de la zone monumentale de Zama Regia.
De retour à Tunis, nous avons à nouveau fait confiance à nos deux chauffeurs de l’INP qui nous ont si gentiment conduits depuis mercredi après-midi et tout le jeudi. Nous les avons observés avec admiration et un soupçon de crainte alors qu’ils naviguaient dans les rues animées de Tunis et sur les routes locales entre Mactar et Zama. Comme nous avions deux voitures, nous devions toujours prendre des chemins séparés : Chokri, Sabine et Ada ont pris la route directe pour Tunis, tandis que Moheddine, Laurent et Pieter sont passés par Bou Salem pour déposer Moheddine. Comme le trajet via Bou Salem comportait un léger détour, nous avons remarqué que Sabine et Ada étaient tout à fait satisfaites de prendre la route directe et d’éviter un voyage supplémentaire. Laurent et Pieter ont continué leur chemin vers Bou Salem, certes avec un peu de jalousie envers la route directe, mais ils ont fait bon usage du temps en discutant de beaucoup de choses pendant le trajet, parmi lesquelles les différences entre les académies en Tunisie, en France, en Allemagne et aux Pays-Bas.
Laurent et Pieter avec un des chauffeurs, sur le chemin du retour.
Vendredi, le jour du retour
La veille, nous avons dit au revoir à nos collègues tunisiens car nous devions prendre nos vols de retour à des heures différentes le vendredi matin. La vérité est que nous avions des sentiments mitigés, certains d’entre nous seraient bien restés une semaine de plus… La Tunisie nous a fascinés, surtout ceux d’entre nous qui ne la connaissaient pas, et nous sommes impatients d’y retourner. Ce matin-là, Sabine, Laurent, Pieter et Ada ont pris leur dernier petit déjeuner au Carlton, commentant la grande chance que cela a été de pouvoir organiser ce voyage et de connaître tous ces sites et vestiges de l’Antiquité tardive aux mains des véritables spécialistes qui, si gentiment, nous ont accompagnés dans notre visite. Nous sommes rentrés dans nos bureaux respectifs avec quelque chose de Fernweh, mais avec une énergie renouvelée et, sans aucun doute, de plus grandes connaissances pour poursuivre nos recherches sur la Carthage de l’Antiquité tardive.
Pont romain et pont Lustitania sur le fleuve Guadiana
L’étude du site du Golfe de Cadix a posé plusieurs défis et, bien sûr, celle d’Emerita Augusta n’en a pas été moins difficile. D’abord, nous avons tombé sur une quantité énorme de data, tant l’épigraphique et archéologique, dont notre WebGIS rend compte ! En plus, Mérida est encore une cité vivante, ou les bâtiments modernes sont superposés aux anciens, ce qui rend beaucoup plus difficile la localisation des vestiges archéologiques par le biais de la visionneuse satellite. Nous n’avons pas toujours les coordinats non plus pour les retrouver exactement. Heureusement, la visitation nous avons fait le dernier septembre nous permets de nous familiariser avec son urbanisme. Il était aussi possible d’apprendre les interventions archéologiques de l’Antiquité tardive en Mérida les plus récentes.
Capture WebSIG Ville de Mérida
Parallèlement, nous avons également travaillé en étroite collaboration avec notre spécialiste Frédéric Pouget pour introduire une nouvelle amélioration dans WebGIS. Commenous avons vous rencontrer dans notre premier post de ce blog, nous utilisons Zotero, un programme libre, dans lequel nous avons créé une bibliothèque partagée avec tous les membres du projet, pour réussir à faire les références bibliographiques du projet. Dans la dernière semaine nous avons travaillé ensemble avec les spécialistes des database de La Rochelle pour connecter notre bibliothèque Zotero, qui est toujours plus grande, avec le WebGIS. Et enfin, après de nombreux essais et erreurs, nous avons réussi à introduire ce nouvel outil qui nous permet de sélectionner simplement les références bibliographiques à partir de la liste que nous avons déjà enregistrée dans Zotero. De cette façon, nous ne faisons plus le travail d’enregistrement bibliographique en double (dans Zotero et dans WebGIS) et nous évitons les erreurs commises en saisissant manuellement les références dans WebGIS. Il reste encore quelques petites choses à résoudre, mais c’est définitivement un grand pas en avant !
Mais revenons aux rives du Guadiana. Étant donné qu’Emerita est une étude de cas si vaste, nous ne pouvons pas donner une vue d’ensemble de la ville dans ce blog. Cela deviendrait très probablement un livre. Nous allons donc nous concentrer sur trois aspects différents de la ville. Tout d’abord, nous nous intéresserons à la basilique de Santa Eulalia, parce que c’est un lieu où l’archéologie (Ada) et l’épigraphie (Pieter) se rencontrent. Ensuite, nous nous pencherons sur le territoire d’Emerita pour voir ce que Pieter a fait de son amour pour les territoires. Et enfin nous tournons les maisons dans les zones urbaines et périurbaines de Mérida, le travail qu’Ada a eu pour collecter, analyser et entrer tout cela dans la base de données.
L’une des bâtiments les plus importants de Mérida de l’Antiquité tardive est la basilique de Santa Eulalia, construite au milieu du Ve siècle. Elle se trouve au nord de l’ancienne muraille de la ville, juste à l’extérieur dans une nécropole initiée au 4ème siècle. En soi, il n’est pas étrange de trouver les premières églises dans les nécropoles. Souvent, elles sont construite près ou sur les tombes des saints. La Santa Eulalia est l’une des basiliques funéraires, ce qui signifie que ce site a commencé comme un cimetière chrétien construit autour du mausolée qui abritait très probablement les restes de la martyre locale, Eulalia.
Photographie de l’intérieur de St. Eulalia (P. Mateos – IAM)
Nous pouvons clairement observer cette occupation funéraire non seulement à travers les vestiges archéologiques (l’image ci-dessus parle de ça), mais aussi à travers le grand nombre d’épitaphes trouvées à l’intérieur de l’église. L’une d’entre elles est la triple inscription mentionnée dansl’un de nos tweets. La raison pour laquelle on est enterré à l’intérieur, ou du moins à proximité, de l’église est la croyance selon lequel le fait d’être à proximité d’un saint ou d’un martyr favorise votre position en tant que chrétien. Au jour de la résurrection, le lien avec le saint vous ferait entrer dans les rangs appropriés.
Près de Santa Eulalia, nous trouvons un autre bâtiment intéressant : le Xenodochium. Selon la Vitas sanctorum patrum Emeretensium, l’évêque Masona fit construire un xénodochium en 580 pour « les pèlerins et les pauvres malades » (VSPE V. III 4), qui a été identifié avec le bâtiment à l’est de Sainte Eulalie, daté archéologiquement de la seconde moitié du VIe siècle. Sa disposition est en effet très différente de ce que nous connaisons d’une église et sa localisation en dehors de la ville correspond à l’idée d’un lieu pour les étrangers (indiqué par le xéno dans le nom, du grec ξένος). Les pèlerins pouvaient-ils se rafraîchir avant d’entrer dans la ville et peut-être même séjourner au xénodochium ? Lorsque l’on se tourne vers l’épigraphie, on est un peu perdu. De nombreuses inscriptions funéraires ont été trouvées dans la zone autour du xénodochium. En soi, il n’est pas étrange de trouver de l’épigraphie funéraire dans une zone extra-muros, c’est là que nous attendons la nécropole. Et il est également assez courant que l’expansion urbaine soit construite sur des nécropoles. Néanmoins, l’épigraphie funéraire trouvée près du xénodochium date de la même période que la construction du bâtiment. Cela soulève des questions sur l’utilisation de ce bâtiment. S’il s’agit d’une auberge ou d’un hôpital, pourquoi y a-t-il des tombes autour ? Quelle est la relation entre le bâtiment et les tombes ?
Plante Xenodochium (Mateos 1995, fig. 2. et une inscription grecque de la région faisant référence à l’époque hispanique DLX… (CILAE 1173).
Le territoire d’Emerita Augusta n’est pas un sujet facile. Le premier problème que nous rencontrons est d’établir le territoire d’Emerita (de l’Antiquité tardive). Le territoire que nous avons actuellement dans notre base de données est dérivé du travail de Cordero Ruiz (2010). Nos données pour le territoire sont partiellement dérivées de la thèse de doctorat de Cordero Ruiz (2013) et du doctorat de Franco Moreno (2008). Ces deux derniers nous donnent un vaste catalogue d’entrées avec des données archéologiques et quelques inscriptions pour le territoire. Comme nous pouvons l’observer dans nos entrées, ces informations sont concentrées dans le secteur sud-ouest, ce qui nous a amené à nous demander s’il s’agissait d’un biais créé par une étude inégale du territoire ou si cela répondait à une réalité historique. Les concentrations épigraphiques semblent indiquer que nous avons bien affaire à une réelle répartition des vestiges. Cette répartition n’est pas très surprenante, elle suit les rives du Guadiana. Les parties septentrionales du territoire sont assez accidentées puisque nous sommes dans la partie occidentale des Montes de Toledo. Il est intéressant de noter que la plupart des églises du territoire se trouvent à moins de 20 kilomètres, soit quatre heures de marche. Au sud-ouest, nous trouvons deux églises assez éloignées, à environ 60 kilomètres, soit deux jours de marche d’Emerita. De tels résultats méritent plus d’attention ! Le groupe du territoire pourrait les comparer à d’autres études de cas portant sur des territoires aussi vastes.
Image du territoire d’Emerita dans WebSIG
L’analyse des maisons d’Emerita de l’Antiquité tardive n’est pas non plus une tâche facile, notamment en raison de l’immense quantité de données disponibles. Heureusement, nous disposons d’études récentes et exhaustives sur ce sujet, notamment la thèse de doctorat de Corrales Álvarez publiée en 2016. Si nous examinons la chronologie de ces maisons, nous pouvons rapidement observer que la plupart d’entre elles datent des 3e-4e siècles et que, à partir du 5e siècle, le nombre total de bâtiments domestiques diminue clairement. Mais il est tout aussi vrai qu’un grand nombre de ces bâtiments domestiques du Bas-Empire ne sont que partiellement connus, grâce à la découverte de mosaïques ou de certains murs. Malgré cela, nous disposons d’un corpus assez important d’habitations bien conservées des 3e-4e siècles qui nous permettent d’observer les différences socio-économiques et les différences de localisation dans la ville. D’une part, nous trouvons des domus avec de riches mosaïques et décorations murales qui semblent être situées principalement à l’intérieur des murs de la ville. D’autre part, on a également trouvé des bâtiments domestiques plus modestes, qui disposaient également d’espaces pour les activités productives et agricoles, situés à l’extérieur des murs. Cependant, on observe un net changement à partir du Ve siècle. Le nombre de domus, ou maisons dans la tradition romaine, encore en usage diminue et de nouveaux espaces domestiques prolifèrent à l’intérieur des murs. Ces nouvelles habitations occupent souvent des bâtiments anciens et présentent de longues séquences d’utilisation, allant du Ve au VIIIe siècle. Il s’agit sans aucun doute d’un phénomène intéressant que nous devons mettre en contraste avec la dynamique des autres études de cas. S’agit-il d’un phénomène exclusivement hispanique, ou observe-t-on des modèles similaires en Afrique du Nord ? Peut-on identifier ces modèles dans un type spécifique de ville, comme celles qui avaient le statut de capitale, ou s’agit-il d’un phénomène généralisé ?
Image de l’évolution de la maison Morería et photographie (Alba 2008, fig. 8).
Dans tous les cas, il est clair que l’étude de Mérida nous a permis de faire de grands progrès dans notre connaissance des villes hispaniques de l’Antiquité tardive, tout en soulevant de nouvelles questions pour l’analyse comparative avec les autres études de cas. C’est donc avec toutes ces préoccupations en tête que le moment est venu de se tourner vers l’Afrique. Et quel meilleur endroit pour commencer à apprendre les dynamiques urbaines de la rive sud de la Méditerranée que l’une de ses plus grandes métropoles : Carthage.
Du lundi 24 janvier au mercredi 26, nous avons tenu la deuxième réunion avec le titre « Ciudad y Antigüedad tardía: avances y perspectivas ». Nous nous rencontrions dans la salle de lecture de la Kulturwissenschaftliche Bibliothek Warburg ou, en court, le Warburghaus. À cause de son arrangement ovale, la salle crée la vraie ambiance pour des exchanges et discussions entre les parlants et l’audience, mais aussi entre les personnes qui font l’audience.
La réunion a été tenu dans une forme hybride, car tous membre n´ont pas pu venir à Hambourg. Ce chemin, nous avons eu des visiteurs connectés de loin, loin que Brazil, qui a pu rejoindre les débats.
Photo du Warburghaus avec les affiches des ateliers ATLAS
Le titre expresse le but de la réunion : discuté les progrès et les perspectives des sept groupes de recherche. Nous avons divisé le colloque en une session par groupe, dans laquelle un orateur extérieur au projet était invité à faire une présentation sur le sujet du groupe. Cette présentation a été suivie d´un exposé sur les travaux en cours du groupe recherche.
Après ces deux présentations, nous avons eu 30 minutes de discussions. Comme toujours, les discussions auraient pu durer beaucoup plus longtemps, toutes comme certaines présentations.
Heureusement, les sessions ont été suivies de café ou de déjeuner, dans lesquelles nous avons pu continuer les discussions.
Lundi, 24 janvier
Les deux directeurs ont ouvert la réunion dans la manière standard de ATLAS et ainsi indicé à quoi les discussions se ressembleraient : Sabine a commencé en espagnole, Laurent a utilisé le français. Dans le projet, la plupart des membres parle du moins une de ces langues et comprend l’autre. Comme cela, nous était capable de discuter en français et simultanément en espagnole.
Sabine et Laurent lors de l’ouverture de l’atelier.
Dans le cadre de notre ouverture, nous avons invité Hervé Inglebert de l’Université Paris Nanterre. Il a donné une conférence magistrale sur la position du projet ATLAS au sein des grands débats. Il a commencé son analyse historiographique avec les premiers auteurs qui débattent de l’Antiquité tardive, de Riegel et Strzgowski (1901) jusqu’à notre époque. Il soulève ainsi les grands problèmes que nous pouvons rencontrer dans notre projet. Comment traitons-nous notre Antiquité tardive ? Qu’en est-il de l’étendue géographique ? Sa conclusion était rassurante : Le projet ATLAS est très bien positionné dans les études de l’Antiquité tardive.
Snapshot de la discussion qui a suivi la présentation d’Hervé Inglebert.
Le premier groupe de recherche était Pouvoir politique et la ville ; ils ont invité Javier Martínez Jiménez de l´université de Cambridge. D’abord, il a montré les changements dans le modèle de peuplement urbain dans l’Espagne wisigothique, y compris la question : Qu’est-ce qu’une ville ? Donc, il a tourné son attention vers le politique derrière ces fondations urbains. Il a fait remarquer que l’une des explantations possibles pour ces fondations pourrait être la control de certaines aréaux. Toutefois, avec les nouvelles fondations, le roi pouvait créer des nouvelles élites et, aussi, ligoter des personnes à lui-même.
Pour cette groupe, Javier Arve et Rubén Olmo ont tourné vers les gouverneurs provinciaux et, en plus, vers les cités dans Hispania. Ils ont trouvé que l’évidence épigraphique et texturale est très rare et, en conséquence, ne permet pas d´indiquer beaucoup sur la relation entre la cité et le gouverneur. Ce que l’on peut observer, c’est que les gouverneurs étaient surtout actifs dans les capitales : Tarraco, Emerita Augusta et Corduba. La question est posée de savoir si une vue depuis l’Afrique nous donnerait une autre image.
Javier Arce et Rubén Olmo lors de la présentation du groupe Poder político y ciudad.
Nous avons finir le premier jour, ou plus précisément l’après-midi, de notre réunion comme nous faisons toujours dans le Warburghaus : Avec une réception. Les petites bouchées et les boissons permettent aux convives de faire connaissance et d’entamer des discussions informelles. Nous devons mentionner la toujours amicale et serviable Frau Drößler, le pouvoir silencieux derrière toute la nourriture et les boissons au Warburghaus. Sans son aide, nous n’aurions pas de pauses aussi agréables dans les Warburghaus.
Mardi, 25 janvier
Nous avons commencé par une marche rapide à travers la ville sous l’excellente direction du guide local Dominik Kloss. Nous avons commencé notre visite à partir de l’hôtel et sur notre chemin vers le centre-ville, nous avons passé le centre romain-islamique, et plus important, le bureau ATLAS (alias le bureau de Pieter). Dominik a nous expliqué le développement de Hambourg depuis ses origines en tant que centre de commerce au confluent de l’Elbe et de l’Alster jusqu’à la construction du bâtiment de l’université en 1911 et la fondation de l’université en 1919.
Photo de notre visite guidée dans le centre de Hambourg.
Après, nous avons commencé notre session du mardi matin avec la Forme des espaces urbains. Le groupe a invité Gisella Cantino Wataghin de l’Università del Piemonte orientale. Elle a présenté un document sur le rôle des villes, en particulier des petites villes, dans l’Italie du Nord de l’Antiquité tardive. Son point de vue sur l’évolution des systèmes de peuplement, des structures internes et des fortifications des villes correspondait parfaitement à la présentation du groupe.
Notre post-docs de ATLAS Ada Lasheras et Stefan Ardeleanu sont s’occupés de la présentation de notre plus grand groupe de recherche. Le groupe de recherche a clairement coordonné son travail et a fourni un parfait traité côte à côte des changements que nous pouvons observer dans la ville de l’Antiquité tardive. Ils se sont concentrés sur la réorganisation de la ville et les nouvelles hiérarchies résultant de ces changements.
Ada Lasheras et Stefan Ardeleanu lors de la présentation du groupe Forma de los espacios urbanos.
Après la visite guidée et la session de groupe, nous avons clôturé cette matinée relativement facile. Il était grand temps de procéder à des échanges informels au restaurant autour d’un bon plat de pâtes.
Les sessions de l’après-midi ont commencé avec Julia Sarabia-Bautista, de l’Université d’Alicante, en tant que key-note pour le groupe Territoire. Elle a présenté une vision à long terme de l’occupation des territoires autour des villes de la région d’Alicante. Elle a montré que les zones périurbaines trouvent souvent de multiples zones d’occupation mais surtout à court terme, épuisant éventuellement les ressources et déménageant ensuite. Alors que les zones périphériques ont une occupation plus continue, ce qui soulève la question de savoir si ces zones sont plus autarciques et durables.
Photo de la présentation de Julia Sarabia-Bautista.
Jesús García Sánchez a présenté un point de vue similaire sur le territoire d’Emerita avec nouveaux matériaux découverts grâce à des enquêtes et des données patrimoniales. Notre post-doc Pieter Houten a ajouté l’Afrique en se tournant vers Carthage et en examinant l’approche des données héritées avec la base de l’article de Sycamore et Buchanan. Comme ATLAS utilise des matériaux déjà publiés, les questions de données héritées sont pertinentes. Le débat, qui a résulté sur la manière de définir les catégories, a été utile pour l’analyse des différents territoires.
Pieter Houten et Jesús García lors de la présentation du groupe Territorio.
Après un café accompagné d’un gâteau hambourgeois local, Frau Drößler s’occupe toujours bien de nous, il était temps de passer à la dernière session de la journée : Économie.
De l’Université de Liverpool, nous avons invité Alfred Hirt à présenter l’exploitation minière en Afrique et dans la péninsule ibérique à la fin de l’Antiquité. Il a parlé de la diminution des opérations minières et a cherché des raisons pour expliquer ce déclin. L’argument souvent utilisé selon lequel les mines étaient épuisées n’est pas vrai, l’exploitation minière a continué par la suite. Fred a plaidé pour une combinaison de facteurs conduisant à des rendements décroissants, pour dire simplement qu’il était devenu trop coûteux d’exploiter les mines. Une partie du problème réside dans l’immobilisation de la main-d’œuvre. Ainsi, les mineurs spécialisés ne pouvaient pas se déplacer vers de nouvelles régions minières pour y lancer des opérations. L’un des points de discussion a été introduit en ligne par la numismate Ruth Pliego et portait sur l’origine de l’or destiné à être frappé dans le nord-ouest dans l’Antiquité tardive.
Ada Lasheras présentant l’orateur principal Alfred Hirt.
Le groupe économie s’est concentré sur trois sujets économiques : Darío Bernal a présenté les opérations de pêche dans le détroit de Gibraltar et l’imbrication de l’Hispanie et de l’Afrique. Il a ensuite pris le relais de Jaime Vizcaíno pour examiner la situation économique de Carthago Nova et la réutilisation d’anciens espaces publics pour des ateliers. Touatia Amraoui a examiné les activités de pêche à Leptiminus, ainsi que la production (fours) d’amphores pour le vin et l’huile d’olive. Toutefois, les sites de production de vin et d’huile d’olive dans l’arrière-pays (hinterland) n’ont pas encore été trouvés. De même, à Carthage, les fours ont été localisés, mais ils ne sont pas liés à la production rurale.
Snapshot de la discussion après la présentation du groupe Economie.
Nous avons fini la journée par un charmant dîner local chez Broderson, qui ne peut être laissé de côté dans une réunion à Hambourg. Le Labskaus effraie ceux qui ne savent pas à quel point ce plat local est étonnant. Chaque fois, nous parvenons à convertir quelques âmes chanceuses.
Mercredi, 26 janvier
Dernier jour, dernier siècle. L’orateur externe pour VIIIe siècle de Carolina Doménech Belda, de l’Universidad de Alicante, a présenté une communication sur les monnaies et les sceaux de l’époque de la conquête arabo-berbère en Afrique du Nord et dans la péninsule ibérique. Parmi les découvertes les plus récentes figurent les sceaux, qui sont liés au paiement du tribut et ont été trouvés en particulier dans le sud de l’Hispanie et dans le Narbonensis. Elle a également présenté l’évolution de ce que l’on appelle les « pièces de conquête », une monnaie d’or qui présente des changements linguistiques mais aussi dans la légende. Les premières pièces islamiques montraient des représentations des rois avec une légende bilingue en latin et en arabe. Peu à peu, le latin a disparu et les pièces sont devenues aniconiques et ne comportaient plus que la légende arabe. Il est intéressant de noter que les pièces en argent et en cuivre ne montrent pas cette évolution, mais commencent immédiatement en arabe.
Carolina Doménech pendant sa présentation.
Sonia Gutiérrez a eu l’honneur de présenter « Los tiempos de la conquista (siglos VII-VIII) : problemas de registro » pour le groupe Siglo VIII. Elle a abordé ce que nous pouvons savoir sur ces siècles « sombres » grâce à l’archéologie. Les plus problématiques sont les questions de datation et le manque de preuves (accru par la méthodologie des anciennes fouilles dans les sites concernés). Souvent, les matériaux sont datés de la période avant ou après la conquête, ce qui conduit à l’idée d’une période sans preuves.
Sabine Panzram présentant Sonia Gutiérrez lors de la session Siglo VIII.
La première session du matin s’est poursuivie dans la salle du café, avec de véritables Franzbrötchen hambourgeois.
Pour la deuxième session du dernier jour, nous avons invité l’oratrice principale Isabel Velázquez (Universidad Complutense de Madrid) pour Epigraphie. Elle a présenté un aperçu de l’épigraphie de la période wisigothique. En pluss, elle a évoqué les problèmes de datation de l’épigraphie, cependant, avec l’ère hispanique, l’épigraphie wisigothique donnes une bonne base pour fonder la datation sur la paléographie. Le groupe épigraphie a été présenté par Javier Arce et Pieter Houten. Le groupe s’est penché sur les inscriptions honorifiques dans l’Antiquité tardive. Le déclin de la culture épigraphique pour ce type de texte est très fort et semble soutenir l’idée d’une disparition de l’habitude épigraphique à la fin du IVe siècle. Cependant, l’épigraphie funéraire se poursuit bien au-delà de cette période et il faut donc considérer d’autres types de textes avant de tirer des conclusions.
Pieter Houten et Javier Arce lors de la présentation du groupe Epigrafía.
Pour le déjeuner, nous avons marché jusqu’au restaurant italien voisin, notre nouveau restaurant préféré, où nous avons mangé des antipasti et des pâtes à volonté.
Le dernier groupe pour notre réunion était Terminologie. Ils ont invité Álex Corona Encinas pour discuter des aspects juridiques des institutions municipales dans l’Antiquité tardive. Il a présenté la réalité que nous pouvons créer à partir du droit romain pendant le règne de Justinien, en se concentrant particulièrement sur la façon dont le pouvoir central a essayé de limiter les privilèges et le pouvoir de l’aristocratie locale.
Le groupe terminologique a donné ses trois perspectives dans trois présentations ultérieures. Nous avons pu voir la réalité urbaine en Afrique du Nord et la continuation des gentes en tant que communautés urbaines autonomes, présentées par Stéphanie Guédon. Rubén Olmo a pris le relais et a donné un aperçu de l’évolution de la terminologie dans les textes classiques, où il semble y avoir un glissement vers un usage plus général de municipium si l’on compare Pline l’Ancien et Ammien Marcellin. Sabine Panzram a examiné la réalité du système de peuplement urbain lorsque nous nous tournons vers la terminologie changeante, par exemple de urbs à civitas et de vicus à castellum ou castrum. En outre, elle a souligné qu’à l’époque wisigothique, l’élite urbaine est devenue plus dépendante du roi, perdant ainsi son assise politique au sein de la communauté.
Stéphanie Guédon, Rubén Olmo y Sabine Panzram lors de la présentation du groupe Terminología.
Pour finir nos sessions, nous avons invité Jean-François Bernard (Université de Pau et des Pays de l’Adour) à présenter l’un des futurs projets d’ATLAS : les reconstructions 3D. Il nous a montré comment la reconstruction de villes anciennes s’inscrit dans une longue tradition remontant à l’Antiquité et transmise par les artistes comme Raphaël. Ces images faites à la main sont un moyen splendide de visualiser les villes anciennes. Les reconstructions modernes en 3D ont une base solide en archéologie mais ouvrer des débats sur la façon de comment rendre les incertitudes. Lors de la discussion sur les reconstructions 3D, Christoph Eger a eu l’occasion de montrer les reconstructions 3D que le LVR Xanten a pu obtenir grâce à son travail.
Jean-François Bernard lors de sa présentation sur les reconstructions 3D.
La journée a était clôturée par Sabine Panzram et Laurent Brassous, qui ont remercié tous les participants présents dans les Warburghaus et en ligne pour leurs présentations et discussions. Ils ont qualifié à titre la réunion de succès. En plus de ces remerciements, nous avons profité de l’occasion pour terminer avec une tradition : la discussion générale menée par Javier Arce sur les mérites (et les problèmes) du travail de groupe. Il a conclu qu’il serait préférable de se réunir sur une base plus régulière. Nous attendons avec impatience la prochaine réunion à La Rochelle en novembre 2022 !
La journée s’est terminée par le dîner d’adieu au Neumanns. Encore une fois, un bon endroit pour que les participants puissent profiter d’un bon repas et avoir un peu plus de temps pour discuter avant de rentrer à la maison.
Dessin de conclusion de notre colloque, réalisé par Sonia Gutiérrez.
Malgré un été calme et tranquille, nous avons poursuivi nos travaux sur le projet ATLAS, avec un rythme moins soutenu. Pour accélérer un peu le rythme de nos recherches sur Mérida, notre étude de cas actuelle, nous avons décidé de visiter la ville que Schulten a désigné comme « la Rome d’Hispanie ». Cette visite nous a offert plusieurs opportunités. Tout d’abord, nous renseigner sur les dernières interventions archéologiques portant sur la fin de l’Antiquité Mérida et ensuite, entrer en contact avec les membres du projet et les experts de cette ville.
Cependant, on n’entre pas si facilement à Mérida. L’équipe de Hambourg, Sabine et Pieter, devait se rendre à Madrid, avec un vol très matinal. De là, Ada nous a rejoint et nous nous sommes rendus en train jusqu’à Mérida. Nous avons appris qu’il ne fallait pas toujours faire confiance aux panneaux numériques à Ciudad Real, où nous devions aller. En effet, d’après nos informations et les annonces à l’écran, nous devions nous rendre sur la voie 3 pour prendre le train pour Mérida. Cependant, le personnel de la gare nous a dit d’aller sur la voie 4. Alors que nous attendions sur la voie 4, le système de sonorisation nous a dit que le train pour Mérida arriverait dans quelques minutes sur la voie 3 et nous avons encore douté. : « Et si l’homme du guichet s’était trompé? Faudra-t-il passer la nuit à Ciudad Real ? ». Heureusement, l’homme avait raison et nous avons pu prendre notre train sur la voie 4 et rejoindre Mérida. Nous pénétrions vraiment dans l’intérieur de l’Espagne. Au fur et à mesure que nous avancions, la température grimpait… alors qu’il était tard dans l’après-midi ! Mais lorsque nous sommes arrivés à Mérida, nous avons pu profiter d’une vue magnifique sur le dit Temple de Diane.
La première vue du temple de Diane
Mardi, première journée complète à Mérida
Nous avons eu de bons présages mardi, ce matin-là les oiseaux ont survolé le bon chemin. Par chance, pour le petit-déjeuner, nous avons choisi un restaurant qui se trouvait à côté de l’Institut Archéologique de Mérida (IAM). Son directeur et membre du projet ATLAS, Pedro Mateos, nous a trouvé en train de prendre le petit déjeuner alors qu’il s’apprêtait à entrer dans son bureau. Après avoir abordé divers sujets de nos recherches autour d’un café au lait, il nous a proposé une visite des sites et monuments les plus importants. Nous avons commencé par l’un de ceux qu’il connaissait très bien : la Basilique de Santa Eulalia. C’est un lieu qu’il a lui-même fouillé entre les années 1980 et 1990. Plusieurs discussions intéressantes à ce sujet ont immédiatement suivi. L’une des principales questions était de savoir comment combiner et interpréter les différentes les sources disponibles : l’archéologie, l’épigraphie et la Vie des Saints Pères. Dans certains cas, ces trois sources semblent s’accorder, mais qu’en est-il de celles qui ne le sont pas ? Nous devrons y revenir dans les prochaines années.
Santa Eulalia (à gauche) et l’équipe sous la direction de Pedro à la Morería (à droite)
Avec ce guide exceptionnel, nous avons également pu visiter les dernières fouilles d’un bâtiment du Ve siècle situé dans l’ancien forum de la colonie. L’archéologue Rocío Ayerbe nous a enseigné en détail et expliqué les interprétations les plus récentes de cette fouille complexe. Parfois, nous souhaitons que la ville soit un grand champ vert, mais les bâtiments n’auraient pas été conservés aussi bien qu’ils le sont maintenant … Avec Rocío et Pedro, nous avons également visité l’un des monuments souvent négligés du forum de la colonie, un bâtiment de l’Antiquité tardive situé à côté du temple et dont seules les fondations sont conservées. Comme il est d’usage dans de nombreuses autres villes, la place du forum a été réoccupée et de nouveaux bâtiments ont été construits. Rocío a dû partir alors et nous avons continué à travers la ville avec Pedro, qui nous a emmenés visiter les fouilles de Morería, sous le bâtiment de la Junta de Extremadura et à côté des murs d’Emerita. Ce site archéologique conserve une route importante et plusieurs maisons. Bien sûr, nous observons la réoccupation et la réorganisation du quartier durant l’Antiquité tardive, lorsqu’une grande domus de la haute époque impériale a été divisée en plusieurs maisons plus petites et que des zones de production métallurgique ont été installées à son emplacement. Ensuite, nous avons visité le temple du culte impérial, où une inscription intéressante a été trouvée pour le plus grand plaisir des épigraphistes du groupe.
Cette visite exhaustive de notre collègue a éveillé encore plus notre intérêt pour la Mérida de l’Antiquité tardive, et après avoir saluer Pedro, nous nous sommes dirigés vers le Musée national d’art romain (MNAR). La fortune nous a de nouveau souri et nous avons pu profiter d’une explication complète du musée par sa directrice, Trinidad Nogales, qui venait de terminer les détails d’une exposition qui s’ouvrait le lendemain à Santa Cruz de Tenerife. Ainsi,comme nous vous le disions sur Twitter, nous avons pu nous arrêter pour faire une autopsie d’une des nombreuses inscriptions intéressantes que conserve le musée, comme celle qui mentionne la restauration du cirque entre 337 et 340. Nous avons également pu découvrir la fantastique bibliothèque du musée, dans laquelle nous espérons pouvoir revenir et consulter très prochainement son importante collection. Pour l’instant, Trinidad nous a offert un petit échantillon avec le cadeau de plusieurs livres qui seront sans aucun doute d’une grande aide dans notre projet.
Bibliothèque du MNAR (à gauche) et Trinidad comme guide (à droite)
En sortant du musée, Pedro nous avait préparé une rencontre surprise avec le Consorcio Ciudad Monumental de Mérida, dans le restaurant A de Arco considéré comme le meilleur rde la ville (opinion soutenue par les professionnels de la gastronomie) et situé à côté de ce qu’on appelle traditionnellement l’Arc de Trajan. C’est ainsi que nous avons rencontré Félix Palmer avec qui nous avons discuté des objectifs et des propositions de notre projet et qui a eu la gentillesse de s’assurer que nous puissions visiter les différents monuments que gère le Consortium. Nous avons terminé la réunion assez tard. Nous avons décidé de diner dans le même restaurant et quelle découverte ! Nous avons pu profiter d’un repas fantastique et de délicieux desserts, notamment le gâteau au chocolat !
Journée d’Estrémadure
Mercredi, après avoir trouvé plusieurs cafés fermés, nous sommes retournés au restaurant où nous avions déjà pris le petit déjeuner la veille. À noter pour l’avenir : il est important de vérifier les dates des festivités régionales et locales avant d’organiser un voyage… Il s’est avéré que c’était le jour de l’Estrémadure et, bien sûr, de nombreux magasins étaient fermés. Heureusement, les musées et monuments étaient ouverts et ce matin-là, nous avons commencé par visiter la Collection Wisigothique du MNAR. Bien qu’il s’agisse d’une petite exposition, les pièces sont très intéressantes et rendent particulièrement compte de la monumentalité de la ville à l’époque wisigothique. Il Dommage que, malgré nos demandes et nos recherches en divers endroits, nous n’ayons pas pu mettre la main sur le catalogue publié de l’exposition … Nous serons attentifs à la parution de la nouvelle édition !
Notre tournée s’est poursuivie avec la visite de l’Alcazaba et nous avons avancé un peu plus dans l’histoire de Mérida. Si cette partie de la Mérida de l’Antiquité tardive échappe à la période d’étude de notre projet, elle conserve également des éléments d’intérêt datés du IIIe au VIIIe siècle. Ici, nous avons pu examiner les murs de la ville, construits à l’époque du haut empire et renforcés à l’époque wisigothique. Plus tard, une partie de ses matériaux a été utilisée pour ériger l’Alcazaba au IXème siècle. L’une des constructions que utilise le plus de spolia de la période wisigothique est la tour centrale avec un aljibe (ou citerne), un système ingénieux pour garantir la disponibilité de l’eau en cas de siège. La tour a des escaliers qui descendent à un niveau inférieur au niveau du Guadalquivir (en arabe al-Wādī al-kabīr), plus précisément à la base du mur de l’Alcazaba , qui a lui-même été construit sur la digue romaine (vous pouvez voir un image explicative ci-dessous).
Dessin de l’Aljibe (Consorcio Ciudad Monumental de Mérida)
Entrée avec les colonnes wisigothiques (à gauche) et l’aljibe (à droite)
Bien sûr, ce qui a attiré notre attention, c’est l’utilisation de chapiteaux wisigoths dans la construction de la citerne et nous avons été particulièrement intrigués par le placement de ces éléments architecturaux dans des endroits assez éloignés. Quelle est la raison d’utiliser ces colonnes si bien décorées dans des zones qui n’étaient pas visibles de tous ? D’autres, en revanche, s’inquiétaient de l’asymétrie dans l’agencement de ces spolia. Cependant, l’Alcazaba abrite bien plus que quelques spolia de notre période d’étude. Mais comme c’est souvent le cas, la période de l’Antiquité tardive a tendance à être oubliée et, en fait, il s’y conserve une vaste domus qu’il convient d’étudier un peu plus en détail. Nous avons hâte de mieux connaître ce quartier de Mérida !
Dans l’après-midi, Jesús García, l’ami de Pieter et chercheur de l’IAM, a gentiment proposé de nous emmener sur certains des sites du territoire de Mérida. Après un voyage chaotique à travers des routes alternatives et de simples chemins de traverse, nous sommes arrivés à la basilique paléochrétienne connue sous le nom de Casa Herrera. Cependant, La Fortune ne nous a pas souri cette fois : Casa Herrera était en fait Casa Cerrada. Le site est bien protégé par une clôture périphérique, de sorte que nous ne pouvions apercevoir que de loin les colonnes en élévation. Mais ce n’est pas grave, Jésus connaît ce territoire comme sa poche et il nous a fait emprunter d’autres chemins alternatifs jusqu’à ce que nous atteignions les canaux d’entretien de l’aqueduc de Los Milagros. De là, la chemin est déjà devenue plus calme à travers des routes pavées – oh, les merveilles de la modernité ! – jusqu’au réservoir de Proserpina, qui alimentait ledit aqueduc. Avec le coucher du soleil, nous nous sommes assis sur ses plages (même si tout le monde n’était pas d’accord pour dire qu’elles pouvaient être considérées comme de vraies plages) et avons apprécié un dîner fantastique avec vue sur le réservoir.
Dernier jour à Mérida
Notre dernier jour a commencé par corriger une erreur, nous sommes allés prendre une photo des inscriptions conservées à l’entrée de la Basilique de Santa Eulalia :
Marti · sacrum Vettilla · Paculi
Iam non Marti, sed Iesu Christo D.O.M. eiusque sponsae Eulaliae Vir. Mart. denuo consecratum
Ce sont des inscriptions vraiment intéressantes. La partie supérieure date du IIe siècle et correspond à une dédicace au dieu Mars par Vettilla de Paculus. L’inférieur est une re-consécration écrite plus tard que l’on peut traduire par : « Maintenant, ce n’est pas à Mars, mais à Jésus-Christ, Dieu tout-puissant et miséricordieux, et à sa femme Eulalia, vierge martyre, qui a été reconsacrée. »
Après avoir pris quelques photographies pertinentes, nous avons continué notre chemin vers le Xenodochium,dont nous avons déjà parlé en juillet. C’est ici que nous avons pu observer les reconstitutions de certaines colonnes du musée wisigothique dans leur contexte et nous avons commencé à bien mieux le comprendre. Encore une fois, il est clair que l’Antiquité tardive a beaucoup à offrir mais n’a pas reçu l’attention qu’elle mérite. Nous allons essayer de faire tout notre possible pour faire briller un peu plus la Mérida tardive.
Notre tour de ville s’est poursuivi par la visite de quelques maisons de l’élite de la cité antique. Le premier arrêt était la Maison de l’Amphithéâtre, que nous croyions être une domus de la haute époque impériale, mais il s’est avéré qu’elle était utilisée tout au long du IIIème siècle, elle entre donc dans notre période d’étude. À côté de la domus, il y avait aussi quelques mausolées, parmi lesquels l’un des plus célèbres : le Mausolée des Rivières. Sur sa façade a été retrouvée l’inscription avec les représentations des deux fleuves de la ville : Anas (Guadalquivir) et Barraeca (Albarregas). De là, nous sommes allés visiter une autre domus construite à la haute période impériale, la Casa del Mitreo. Mais cette fois, nous avions déjà appris que la maison aurait pu continuer à être utilisée pendant notre période. Pourtant, ce ne serait pas Mérida si nous n’avions pas été surpris par tout ce qui a été préservé. Ici, nous nous trouvons devant ladite Mosaïque de la cosmologie, datée du IVe siècle. Et pour ceux d’entre vous qui nous suivent sur Twitter, vous savez que celui-ci mérite un #MosaicMonday.
Mosaïque de la cosmologie
Après avoir visité cette dernière maison, il était temps de manger et, pour la troisième fois consécutive, nous sommes revenus profiter de notre endroit préféré. Pendant le déjeuner, nous avons discuté du plan pour l’après-midi, qui comprenait le retour à l’hôtel pour continuer avec d’autres tâches moins divertissantes de notre travail. Soyons honnêtes, visiter des sites archéologiques et des musées est intéressant et amusant, même si cela représente un travail pour nous. Après avoir terminé les tâches en attente, nous avons continué notre visite archéologique de Mérida avec une visite au théâtre et à l’amphithéâtre. Ces deux bâtiments ont été fouillés au début du 20e siècle, avec un intérêt évident pour les phases d’occupation plus anciennes. Souvent les strates de l’Antiquité tardive n’étaient considérées que comme un obstacle qu’il fallait éliminer pour atteindre les niveaux plus anciens. En conséquence, on sait peu de choses sur les phases de l’Antiquité tardive de ces bâtiments, bien qu’il existe des preuves intéressantes de l’utilisation tardive de l’amphithéâtre, comme nous l’avons trouvé dans l’un des livres qu’ils nous ont donnés le premier jour.
Pour boucler la boucle de notre voyage, nous avons décidé de prendre notre dernier dîner à côté de la première et fantastique vue sur Mérida : sous les colonnes du Temple de Diane. Nous avons eu la chance de trouver une place juste en face du temple et nous avons passé un agréable après-midi en nous souvenant de tout ce que nous avions vu et fait. Au cours des prochaines semaines, nous continuerons à étudier la bibliographie de Mérida, mais maintenant avec des images claires des sites et de l’épigraphie en tête.
Comme nous l’avons mentionné dans le précédent billet, le projet ANR-DFG ATLAS a planifié en mai dernier un atelier de formation pour notre WebSIG à La Rochelle. Grâce à un strict respect de toutes les mesures sanitaires en vigueur, cette rencontre a pu avoir lieu en presentiel du 17 au 21 mai à l’Université de La Rochelle. Laurent Brassous a généreusement accueilli Sabine Panzram, Pieter Houten et Ada Lasheras à la gare. Sans aucun doute, cet atelier a été un succès et nous a permis de donner une impulsion importante non seulement au WebGIS, mais aussi au développement du projet en général.
L’atelier a débuté le mardi 18 avec une présentation détaillée du fonctionnement du WebSIG Atlas par Frédéric Pouget. Au cours de cette présentation, celui-ci nous a également montré les tenants et aboutissants de la base de données WebSIG. Il est intéressant de noter que des étudiants de Frédéric Pouget ont développé notre base de données dans le cadre d’un cours universitaire. Et ils ont fait un excellent travail ! Les explications de Frédéric ont été fondamentales pour notre compréhension du large éventail de possibilités offertes par ces outils numériques, mais aussi pour l’intégration optimale des données historiques et archéologiques. Mais qu’est-ce qu’un WebSIG ?
Capture d’écran de l’interface web du SIG – comme vous pouvez le voir, nous avons commencé avec Baelo Claudia
L’acronyme SIG signifie « Système d’information géographique », qui désigne un ensemble d’applications numériques permettant le stockage, l’intégration et l’analyse de données à référence géographique (voir ici pour un cours en ligne, organisé par Toletum). Leur application dans les études archéologiques et historiques a connu une croissance exponentielle au cours des dernières décennies, au point de devenir des outils essentiels pour gérer et visualiser de grands volumes de données sur le plan géographique, ce qui facilite une analyse plus complexe des données. Dans le cas spécifique de notre projet, ce SIG est présenté dans une interface web, hébergée sur le serveur de la TGI Huma-Num, une infrastructure de recherche en sciences humaines développée par le CNRS, le Campus Condorcet et l’Université d’Aix-Marseille.
Une partie de l’équipe au travail pendant l’atelier WebSIG. De gauche à droite : Ada Lasheras, Pieter Houten, Frédéric Pouget et Laurent Brassous.
Mais, bien sûr, cet atelier de formation n’était pas que théorique, nous avons aussi mis en pratique ce WebSIG ! Du mardi 18 au vendredi 21, nous avons incorporé toutes les informations recueillies sur Baelo Claudia qui, comme vous le savez, est l’étude de cas avec laquelle nous avons décidé de commencer en avril dernier. L’atelier nous a permis de partager et de débattre avec les membres de l’équipe Atlas de La Rochelle, Laurence Tranoy et Stéphanie Guédon, des idées pour améliorer la base de données à ses débuts. Ainsi, parallèlement au débat sur les noms et l’organisation des différents éléments ou sur la manière de présenter les informations, nous avons pu mettre en place de nouvelles améliorations dans la base de données et dans WebSIG lui-même.
Comme vous pouvez imaginer, le cours et les discussions à l’université de La Rochelle ont été un défi linguistique pour les personnes moins familières avec le français. Pour Ada et Pieter, il s’agissait d’une immersion profonde dans le français. La formation WebSIG a constitué un cours de français, car tout était expliqué en français, mais par un Frédéric très patient, parlant lentement et répétant gentiment lorsque cela était nécessaire. Lorsque nous nous sommes complètement égarés, Laurent a eu la gentillesse de fournir une traduction en espagnol. Comme c’est la langue que nous avons tous en commun, nous avons décidé d’utiliser cette langue pour nos discussions. En plus, nous avons également utilisé l’allemand et l’anglais pour compliquer un peu plus les choses. Dans la pratique, nous n’avons aucun problème à représenter le caractère multilingue de notre projet. Néanmoins, l’une de nos discussions porte sur la manière de représenter la nature trilingue de notre projet dans le WebSIG. Cela demande réflexion et discussion, nous y reviendrons dans un autre blog. Suivez-nous sur cette page, ou encore mieux via Twitter : @ATLAS_cities
Le 16 avril, le projet ATLAS, sélectionné par l’ANR et la DFG, a commencé. La première réunion s’est déroulée en petit groupe et, comme c’est devenu la norme aujourd’hui, en visio-conférence. Trois membres de l’équipe ont participé depuis chez eux : Sabine Panzram de Hambourg, Laurent Brassous de La Rochelle et Pieter Houten d’Utrecht. Ada Lasheras nous a rejoint depuis son nouveau lieu de travail : La Casa de Velázquez à Madrid. Les trois personnes en télétravail étaient un peu envieuses de cette dernière, car nous avions planifié de nous rencontrer pour la première fois à la Casa de Velázquez. Nous avions espéré démarrer le projet par une réunion incluant toute l’équipe de près de trente chercheurs. Cependant, comme nous sommes une équipe internationale, venant essentiellement de France, d’Allemagne, d’Espagne et de Tunisie, et nous devrons attendre l’amélioration des conditions sanitaires avant de pouvoir nous réunir tous au même endroit.
Ada (à gauche) au travail dans la Casa de Velázquez à Madrid et Pieter (à droite) chez lui à Utrecht.La composition très internationale de l’équipe représente un autre défi : quelle langue doit-on parler ? Pour être aussi inclusif que possible, nous sommes un projet multilingue, dont les langues principales sont l’espagnol, le français et l’anglais. Nous espérons ainsi pouvoir communiquer avec le plus grand nombre de personnes que possible dans notre domaine de recherche. Notre site internet et les blogs seront dans ces langues. Quant à la façon dont la communication multilingue fonctionne au sein de l’équipe, nous pourrions y consacrer un autre blog…
Revenons à la réunion à distance, après une présentation du sujet de recherche nous avons discuté des premiers pas de notre projet. Nous avons commencé avec un avant-goût de l’interface « WebGIS », intuitive et prometteuse. Comme le titre de notre projet le montre déjà, nous étudierons l’urbanisme des villes de l’Antiquité tardive du sud de la péninsule ibérique (surtout dans l’ancienne province de Bétique) et de l’Afrique du Nord (essentiellement l’Afrique Proconsulaire). Plus précisément, nous étudierons dix villes comme étude de cas, cinq villes dans chaque région. Le WebGIS nous permet de collecter et d’analyser les données archéologique, littéraire et épigraphique de chacune de nos études de cas des villes (voir la carte suivante). Au cours des trois prochaines années, nous travaillerons sur ces études de cas, l’une après l’autre.
Durant la réunion, nous avons décidé de commencer avec l’étude de cas de Baelo Claudia. Si vous avez connaissance d’une publication récente sur Bolonia durant l’Antiquité tardive, nous ne devons pas la manquer, faites-le nous savoir !
Les régions d’étude et les sites-pilotes (état des lieux au IVe s. p.C)
L’un de nos objectifs est de rassembler les publications les plus pertinentes pour chaque étude de cas et, ainsi que pour les recherches sur l’urbanisme de l’Antiquité tardive en général. Nous utilisons le gestionnaire de citations « Zotero » pour centraliser la bibliographie, avec toujours le principe de l’open access en tête. Après le projet, nous publierons la bibliographie dans Zotero avec toutes références pertinentes en ligne. En utilisant ce programme open source, nous souhaitons vous fournir tous les matériaux nécessaires pour des recherches sur « nos » villes de l’Antiquité tardive.
Les premiers pas sont faits ; nos recherches prennent lentement forme en ligne. Comme nous gardons le moral et l’espoir de combiner les réunions en distanciel avec des réunions en présentiel, nous espérons nous retrouver bientôt à La Rochelle pour nous entraîner à l’usage du WebGIS. Nous espérons que la situation s’améliore bientôt et nous permette de nous retrouver physiquement dans notre siège de la côte atlantique à La Rochelle.
Nous espérons que vous avez apprécié le premier billet de ce blog sur notre projet. Le mois prochain, nous vous présenterons l’équipe en détail. Notre objectif est d’écrire un blog court chaque mois. Si vous pensez que nous devrions adresser quelque chose sur notre recherche, n’hésitez pas à nous contacter ! Restez à l’écoute pour les dernières nouvelles, pour plus d’informations sur le projet, les questions auxquelles nous sommes confrontées, ls événements que nous organisons et les défis et les joies apportés par notre projet !